dimanche 30 avril 2023

Les colonnes vont shaker (2023)

2023-04-01. La représentation nationale a beau partager l’idéal d’un Québec souverain dans le domaine de ses compétences, certains élus en arrivent à illustrer une attitude de colonisé culturel inconscient. Les mots anglais ou franglais employés révèlent un état d’esprit. Quand le ministre Christian Dubé affirme que «les colonnes du temple vont ‘shaker'» (Journal de Québec, 30 mars), il entérine la domination de l’anglais sur le français. On notera avec raison qu’il n’y a pas de contradictions évidentes entre l’à-plat-ventrisme inconscient face à l’anglais et la volonté de réformer le système de la santé. Mais si un homme politique ne réussit pas à corriger sa langue maternelle, à la modifier, à la moderniser, on pourra douter de son sérieux. S’il se contente du verbe franglais «shaker», au lieu de «trembler», «osciller» ou «branler», c’est déjà amoindrir le projet annoncé et prêter flanc à la critique.

Prix régulier ? (2023)

2023-04-01. Mesdames ou Messieurs de la Galerie du meuble. L’important placard publicitaire que vous publiez dans le Soleil (1er avril, p. 7) contient un anglicisme classique connu et employé depuis longtemps par les Québécois et, en parallèle, dénoncé continuellement : «15 % sur tout à prix régulier». Un relevé des anglicismes note la présence de l’expression dans le Droit (Ottawa) en 1954. Gérard Dagenais en fait une critique en 1967 : «L’adjectif anglais ‘regular’ […] a aussi le sens d’ordinaire, courant, habituel, usuel que n’a pas l’adjectif français. […] Il ne faut pas dire ‘nous vendons aujourd’hui la bouteille […] dix cents de moins que le prix ‘#régulier’, mais […] dix cents de moins que le prix courant» (Dictionnaire des difficultés…). On trouve un avis semblable dans le Multi dictionnaire (7e édition, 2021) et l’Asulf consacre une fiche au mot (https://asulf.org/regulier/). Aussi peut-on ajouter : à meubles modernes, langue soignée.

Des punching bags (2023)

2023-04-02. Quel beau titre! «Les élus ne veulent plus être des punching bags» (Le Soleil numérique, 2 avril). L’expression a, comme équivalent français, «sac de sable». Le journal et le journaliste ont une excuse : le maire démissionnaire de Sainte-Catherine-de-Hatley a utilisé l’expression, laquelle fait image brutale et terre-à-terre. Voudrait-on la remplacer par «sac de sable»? Ce serait aussi pitoyable. Alors, comment rendre l’idée appliquée à la vie politique et aux affrontements qui la marquent? Cibles, adversaires à abattre, opposants à combattre, souffre-douleurs, ennemis, rivaux, traîtres… Les expressions ne manquent pas. Mais, contrairement aux «sacs-de-sable» ou à leur équivalent anglo-saxon, les personnes peuvent interagir et se défendre. Un sac de sable ne fait qu’encaisser les coups. Par ailleurs, les rivaux et leurs «voisins» sont mieux désignés.

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...