vendredi 1 septembre 2023

Programmation et programme

2023-08-01. Les dictionnaires d’usage font une distinction entre les notions de «programme» et de «programmation». La première est, entre autres choses, un ensemble des activités à venir; la seconde en est le processus d’élaboration du calendrier. L’Infolette de l’Institut canadien de Québec d’août 2023 invite les citoyens et citoyennes à découvrir «la programmation estivale de la Bibliothèque de Québec…». Il aurait été dans l’ordre des choses et plus logique, par exemple, qu’on les remercie pour leur apport à la préparation du programme et pour leur participation à la programmation, c’est-à-dire au processus lui-même. Il est vrai toutefois que les dictionnaires correctifs et les linguistes sont plutôt avares de commentaires sur le sujet.

 

Intégration des mots étrangers

2023-08-02. L’intégration des mots étrangers selon l’écrivain Jacques Perret : «Les Français comme moi […] ne laissent pas les mots venus de l’étranger s’invétérer dans la xénophonie; ils vont les attendre au débarcadère pour les dédouaner, les faire marcher au pas et chanter juste. Ils se prévalent de redingote pour affirmer biftec, sandouiche et feribote. Le préjugé de l’authentique est une invention de la cuistrologie aux gages de l’immobilisme. Prenez un mot charmant comme paletot qui vient du XIVe siècle et des Pays-Bas où paltrock signifiait une robe de palais. Les attardés qui en sont encore à basketball et rewrighting n’auraient pas lâché paltrock, ils auraient enfilé le paltrock, tel que, pour le transmettre à leurs héritiers, sans retouche. Les zélateurs du vocable exotique intégral se donnent pour pionniers, ce sont des perroquets, ils se croient dans le progrès, ils piétinent dans la superstition » (Jacques Perret, Rôle de plaisance; 1957).

 

Partager

 2023-07-03. Justin  Trudeau et Sophie nous partagent (sic) qu’ils se séparent! L’un et l’autre déclarent : Sophie et moi (ou Justin et moi) aimerions partager qu(e) […] nous avons pris la décision de…» (Le J. de Qc, 3 août, p. 3; Le Devoir, ibid., 1e p.). Ils auraient pu écrire plus directement : «… aimerions partager que nous nous séparons»! Les deux Québécois ont oublié que le verbe «partager» est un anglicisme au sens de «communiquer». Tel est l’avis de la Banque de dépannage linguistique de l’Office de la langue française, du correcteur en chef du Journal de Québec (Les Mots dits; 2016, p. 24) et des spécialistes de l’Asulf (https://asulf.org/partager/). L’entame de la fiche de l’Association est «Sous l’influence de l’anglais (to share), le verbe « partager » est utilisé de plus en plus fréquemment dans un sens qu’il n’a pas en français». Le couple Trudeau-Grégoire en est le héraut et il l’estampille du sceau de l’État fédéral.

Un hub ?

2023-08-04. Plutôt que de faire un effort pour trouver un mot français, la bibliothèque de Québec se contente du mot anglais à la mode «hub». Un communiqué diffusé le 28 juillet annonce que la bibliothèque Gabrielle-Roy, de nouveau ouverte au public début de 2024, abritera un «hub» créatif, c’est-à-dire un espace d’innovation, d’échanges et de création. En somme, un incubateur. Les équivalents français du mot sont «centre» et «centre d’activité». Le Multi dictionnaire (2021) propose l‘équivalent «pôle d’échanges… Un dictionnaire franglais-français (En vrai français dans le texte / Alfred Gilder) enregistre le mot en 1999 et propose l’équivalent «centre d’activité». À première vue, «centre créatif» aurait très bien fait l’affaire. Voilà l’occasion d’utiliser une boutade de Patrice Dallaire, «pourquoi utiliser un mot français quand le mot anglais existe?» (Réveillez-vous… bordel! 2022). Et d’espérer que la Bibliothèque fera amende honorable un jour ou l’autre.

 

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...