vendredi 1 mars 2024

Tournures: Tourner les coins ronds (2024)

2024.02.01. Il est aisé de critiquer des mots anglais inutiles importés par les Québécois. Il est par contre plus difficile de détecter les tournures inspirées de l’anglais et qui prennent la place d’expressions françaises. Michel David écrit, à propos du ministre Fitzgibbon : «… personne ne lui a [...] reproché de tourner les coins ronds » (Le Devoir, 1er février, p. A3). Tous ont entendu ou utilisé l’expression. Mais on ne la trouve pas dans les recueils de tournures. Elle est une copie de l’expression «to cut corners». Pierre Cardinal (Le VocabulAide) note qu’elle viendrait en partie de l’anglais. Michel Parmentier l’inclut dans son Dictionnaire des expressions […] calquées sur l’anglais (2006). Les équivalents français sont nombreux : «Brûler les étapes» , «essayer de faire vite» , «prendre des raccourcis», «bâcler un travail», «aller vite en besogne», etc. Il ne faudrait pas que la tournure calquée masque les multiples solutions de rechange.

 

Dans l'A.D.N. du parti... (2024)

 2024.02.02. Tout cela serait dans mon ADN ! Tout cela serait dans l’ADN des Québécois! Pour sa part, madame Brigitte Legault, directrice générale de la Coalition Avenir Québec, affirme que le respect des normes d’intégrité les plus élevées est dans l’ADN du parti (Le Devoir, 1er février, p. A3). Les citoyens électeurs apprécient cette sensibilité. D’un point de vue linguistique, l’Académie française publie un billet sous le titre « C’est dans l’A.D.N. de l’équipe ». Un conseil suit : « …on évitera d’emprunter trop systématiquement au vocabulaire de la biologie quand des locutions déjà validées par l’usage sont à notre disposition ». Et un exemple : « Le dépassement de soi fait partie de l’A.D.N. de notre équipe » qu'on améliore en écrivant «…. est une caractéristique majeure de notre équipe» (Dire, ne pas dire…; l’intégrale; 2020). Somme toute, madame Legault aurait pu ne pas céder à la mode du temps, mais y céder une fois n’est pas coutume.

Surplus d'inventaire ? (2024)

2024.02.03. Il y a un an à quelques jours près, on avait félicité Linen Chest. La compagnie avait employé l’expression «… surplus de stock à liquider». Ce faisant, elle avait évité l’expression franglaise «surplus d’inventaire». Un inventaire est une opération de dénombrement. Ce n’est pas le stock en magasin. Cette année, régression! Le prospectus distribué au cours des derniers jours (fin de janvier …) et mis en ligne proclame : « Surplus d’inventaire». On fait fi de la distinction à faire entre les mots «inventaire» et «stock». Le dictionnaire en ligne Usito clarifie le sujet : «L'emploi de surplus d'inventaire est critiqué comme synonyme non standard de surplus de marchandises, surplus d'articles…». Espérons que Linen Chest reviendra à l’expression correcte à la prochaine occasion.

Régulières (familles d'accueil (2024)

2024.03.04. La DPJ du CIUSSS du Centre-Sud de l’Ile de Montréal fait face à une ‘baisse alarmante du nombre de familles d’accueil ‘régulières’. Telle est la première phrase d’un encadré du Devoir (3-4 février, p. A4). Le mot «régulières» y est guillemeté. Il ne l’est pas cependant dans la manchette ni dans le reste de l’article. On peut supposer que le mot a un sens douteux et qu’il masque un problème. Qu’on veuille, par exemple, prendre ses distances vis-à-vis d’autres familles d’accueil «irrégulières»! Ou qu’on subodore une forme fautive, peut-être un anglicisme. Voilà! L’hypothèse est confirmée. La famille d’accueil «régulière», en franglais, serait «accréditée» ou «agréée» en français.

 

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...