mercredi 30 septembre 2020

Poste à «combler»? (2017)

2017.09.20. Face au relevé périodique de formes fautives relevées dans les médias, un correspondant pose une question : les journalistes lisent-ils ce qui s’écrit sur les problèmes de langue? On peut tenir pour acquis qu’une minorité consulte la Banque de dépannage linguistique, le Multidictionnaire ou le Français au micro. B. Savard, le chef d’antenne du Téléjournal Québec, a lancé, sans la moindre hésitation, comme s’il s’agissait d’une expression entérinée par l’Office de la langue française : «poste à combler » (Téléjournal Québec, 20 sept. 18 h 35). En 1996, l’Asulf la qualifiait d’anglicisme tenace. En 2009, on écrivait dans une publication de l’Office «C’est une impropriété d’employer le verbe combler, à la place de pourvoir, en parlant d’un poste. Au sens propre, on peut combler un puits, un fossé… Dans des emplois au sens figuré, on peut combler une lacune, un déficit…. mais on ne saurait combler un poste» (Vocabulaire des relations professionnelles / M. Lapointe-Giguère, p. 111). La BDL produit aussi une fiche sur le sujet. Mais les journalistes réfléchissent-ils à la langue qu’ils parlent? Et imaginent-ils un tant soit peu qu’ils pourraient l’améliorer?

Poste à «combler»? (2020)

2020-03-12. On peut supposer que la Semaine de la francophonie, laquelle commence en fin de semaine, a un objectif : celui de rapprocher les pays parlant le français. Au Québec, l’influence la plus importante, au niveau des pâquerettes, est celle de l’anglais. Dit-on «to fill a post» au Canada et aux États-Unis? Ici on se contentera du décalque «combler un poste» ou, comme on le voit dans un message publicitaire du magasin Audiolight : «Postes à combler» (Le Soleil, 12 mars, 1e p.). Pour l’heure, les dictionnaires de traduction proposent (encore) «pourvoir un poste» et ils proposeraient à Audiolight « Postes à pourvoir». L’adoption éventuelle de la tournure idiomatique utilisée en Europe et en Afrique serait un petit pas propre à marquer le bien-fondé de la communauté francophone internationale et son utilité.

De «juridiction» à compétence (2020)

 2020-09-29. Les journalistes font parfois leur des recommandations que leur adressent des lecteurs ou des auditeurs. Je lis la chronique de Michel David (Le Devoir, 29 septembre, p. 1). Il utilise à deux reprises à la toute fin de son article le mot «compétence» qu’il oubliait par le passé et qu’il remplaçait par l’anglicisme sémantique «juridiction». Je me suis permis à quelques reprises de lui signaler la faute. On peut supposer que d’autres remarqueurs spontanés, profanes généralement, aient fait de même. Toujours est-il que les lecteurs du Devoir peuvent lire : «…. Les champs des compétences des provinces» et «des normes…. de compétence provinciale». De tels petits succès sont réconfortants. Aussi faut-il en remercier les journalistes qui acceptent de rectifier leur langue maternelle quand cela est justifié, et les spécialistes qui relèvent et décortiquent, au profit de tous et globalement, les fautes de la langue commune, sans alerter individuellement qui que ce soit.

mardi 29 septembre 2020

«Breuvage» (2020)

2020-09-28.  Il y a plus de cinq ans, j’avais adressé une note aux rôtisseries Fusée au sujet du mot «#breuvage» utilisé dans leurs messages publicitaires. On m’avait répondu illico : «… nous porterons une attention particulière à l’avenir». Bravo! Mais la brochure publicitaire (L’Antidote, 28 sept.-26 oct. 2020) reproduit la forme fautive : «Rondelles ou breuvages?». Or tous les répertoires correctifs critiquent la confusion courante entre une boisson et un breuvage. Voici un commentaire publié par un comité de l’Université Laval : «Le terme ‘breuvage’ constitue ce qu’on appelle une survivance lexicale qui évoque… les légendes du Moyen Âge. Cet usage se perpétue au Québec en raison de l’existence de l’équivalent anglais ‘beverage’» (Terminologie, 61e bulletin, décembre 1988). Fusée devrait peut-être moderniser son langage

«Juridiction» ou compétence? (2016)

 2016.04.12. « Soins à domicile : Le Québec tient à sa compétence, prévient Barrette ». Non, ce n’était pas la vraie manchette du Soleil. Les lecteurs ont plutôt lu : … tient à sa juridiction… » (11 avril, p. 17). Pourtant, le dernier mot est un anglicisme lorsqu’on l’utilise au sens de « ressort », de « champ d’application », de « compétence », d’ « autorité », de « responsabilité » ou même de « pouvoir ». Le franglicisme du titre est tiré d’une citation du ministre. Ce faisant, ce dernier néglige ou ignore les observations d’un service de l’État dont il est un dirigeant, l’Office québécois de la langue française. Il y aurait lieu que ses conseillers lui suggèrent la lecture des deux lignes suivantes : « Le terme juridiction est parfois employé au sens de compétence sous l'influence de l'anglais jurisdiction. En français, le terme juridiction est réservé au domaine judiciaire… ». Sans doute sera-t-il heureux d’en tenir compte à la prochaine occasion et de montrer que ministres et fonctionnaires s’influencent mutuellement.

«Juridiction» (2020)

 2020-03-20. Au chroniqueur Michel David. Les dicophiles ont l’habitude de relever des expressions qui leur semblent fautives et de proposer des améliorations. Je lis régulièrement vos chroniques publiées dans le Devoir et j’y relève périodiquement l’expression «juridiction». C'était le cas il y a quelques heures : «… la santé relève de la juridiction des provinces» (19 mars, p. A-3). Règle générale, je vous aurais dit que les dictionnaires soulignent que… et que les répertoires correctifs recommandent… Je me retiendrai de vous faire une telle leçon. En revanche, je vous propose d’expliquer à vos lecteurs, à la prochaine occasion, les raisons pour lesquelles vous employez le mot «juridiction», classé comme anglicisme sémantique, au lieu des équivalents «compétences», «autorité», «ressort», etc. recommandés par le Multi dictionnaire, par le Guide de rédaction de la Presse canadienne, par Paul Roux (La Presse), par le traducteur Pierre Daviault, ancien directeur du Bureau fédéral de la traduction. Je lirai votre réponse avec grand intérêt.

«Juridiction» (2020)

2020-04-25. Monsieur David, vous utilisez à l’occasion dans vos chroniques publiées dans le Devoir le mot «juridiction». C’est le cas en fin de semaine . Vous écrivez : «… la santé relève de la juridiction des provinces» (25-26 avril, p. B3). La consultation du Multi dictionnaire devrait vous alerter. La lecture d'une note du blogueur et traducteur André Racicot est particulièrement limpide : « … un État ne peut être une juridiction. / Ce mot relève strictement du domaine judiciaire. … / Le mot ...devient erroné lorsqu’il est employé pour désigner une autorité administrative, comme un État… / ... les gouvernements ont des compétences, et non des juridictions... / Dans le contexte canadien, juridiction est souvent employé à tort pour désigner les provinces… ». Le même point de vue est exprimé par Jean-Claude Gémar et Vo Ho-Thuy (Difficultés du langage du droit...). Une vérification de votre part me semble s’imposer.

lundi 28 septembre 2020

«Breuvage» (2015)

 2015.06.23. Petit commentaire adressé aux #‎Rôtisseries Fusée : « L'Antidote+ (juillet 2015) contient un message publicitaire de votre entreprise. En première page de la brochure, on lit: « Un anniversaire qui déménage! 24 juin au 15 juillet / 2 repas, 2 breuvages ». Le mot breuvage au sens de boisson ordinaire (soda, café, thé, lait) est un anglicisme courant au Québec mais aussi au Canada. Il survit en raison de la prégnance de l’anglais et de la proximité du mot "beverage". Il serait normal que votre entreprise tienne compte des recommandations du Secrétariat d'État du Canada, de l'Office québécois de la langue, du Multidictionnaire…, d’Usito, etc. Les Québécois vous encouragent. Ils sont de bons clients. Il faudrait, en autant que faire se peut, leur proposer les bons mots ».  (Réponse reçue dans l’heure : « Nous vous remercions de nous avoir fait part de vos commentaires, nous porterons une attention particulière à l’avenir »).

vendredi 25 septembre 2020

Tournures «Nos pâtes feront votre journée» (2020)

 2020-09-24. La présente page pourrait s’appeler «Tableau des horreurs». On y relève avant tout des formes fautives. Mais il y a lieu d’alimenter un «tableau d’honneur». On pourra y verser les rez-de-chaussée publicitaires des restaurants Le Manoir publiés périodiquement dans les journaux. Voir le Journal de Québec, 24 septembre, 1e p. On y lit : «Nos pâtes embelliront votre journée». En 2016 et au cours des années antérieures, le message était «Nos pâtes feront votre journée». Ce fut le cas dans le Soleil du 4 décembre cette année-là. À l’époque, j’ai communiqué les équivalents français de l’expression calquée à l’entreprise : «Nos pâtes vous égayeront», «Nos pâtes vous combleront», ««Nos pâtes vous régaleront« ou «Nos pâtes embelliront votre journée». Depuis, les restaurateurs ont mis au rancart la traduction littérale et ils misent sur une tournure idiomatiques française. Cela mérite une citation au tableau d’honneur.

jeudi 24 septembre 2020

Raisons sociales (2020)

2020-09-22.  Grand Spin don (campagne de financement), Eye am! (soins oculaires), Cut in (salon de coiffure)! Today’s Park (parc d’attractions). Slingshot (agence de publicité) et le récent #Qbeds! (auberge de jeunesse). Le Soleil annonce cette dernière entreprise (22 septembre). Bref, le ministre responsable de la #Charte de la langue française a du pain sur la planche! … Au-delà des anglicismes de l’élite économique, il y a l’anglomanie ambiante. On suppose que l’anglais est supérieur au français, plus amusant, plus court, novateur. De fait, on connaît mal sa propre langue. On ne peut plus être imaginatif en français. Ce n’est plus un terrain de jeux. Le gouvernement devra améliorer le rayonnement du français et faire en sorte que les élites québécoises pensent en français et non en franglais, aux «produits» locaux plutôt qu’aux xénismes.

Présentiel ou «en classe»? (2020)

2020-09-23. Il est fort possible que vous ayez aperçu l’expression «présentiel» au cours des derniers mois marqués par la covid. Le journaliste Jean-Pierre Proulx l’a présentée aux lecteurs du Devoir (15 septembre, p. A 6). On avait oublié le mot utilisé à la fin du XIXe siècle et réapparu dans les années 1990 dans le sens qu’on lui donne aujourd’hui: en classe, en salle, sur place (par opposition à virtuel). On pourrait dire : atelier, table-ronde ou séance présentielle. On peut aussi l’employer comme nom : favoriser le présentiel plutôt que le virtuel… Sans juger de son utilité, comme le mot se termine par un suffixe dans le vent, il pourrait s’imposer. Bernard Leconte, un chroniqueur du Figaro, pensant au mot préférentiel, écrit : «… un adjectif terminé par le superbe suffixe ‘tiel’, si chic, si philosophique, … si séduisant» (Qui a peur du bon français? 2005). Si le mot vous agace, pour reprendre le conseil de J.P. Proulx, utilisez les solutions de rechange. Elles sont nombreuses.

L'acronyme ... COVID ou covid? (2020)

2020-09-22. La covid obsède tout le monde depuis six mois. Avec raison. L’importance de la pandémie est illustrée par le monopole des majuscules (COVID) dans la presse québécoise. La façon de faire multiplie les pavés et diminue la lisibilité des textes. On pourrait traiter le sigle comme un acronyme : un sigle que l’on prononce comme un mot, comme «Ovide» ou «livide». Les Européens ont fait le pas. La Fundación del español urgente (Fundéu) observe, à propos d’une notion voisine, UCI ou «Unité de soins intensifs» : El término UCI … puede escribirse con todas sus letras en mayúsculas por su condición de sigla o en minúsculas (uci)…(al igual que otras siglas que son pronunciables como palabras: mir, pyme, ute, etc.)» (Trad. : … UCI peut s’écrire en majuscules comme les sigles proprement dits ou en minuscules comme un acronyme). C’est dire que «covid» est possible, surtout qu’il forme d'ores et déjà un nom commun comme cégep, sida et tutti quanti.

Tournures «Nos pâtes feront votre journée» (2016)

2016.12.04. Les Québécois ne sont peut-être pas encore assez familiers avec l’anglais. On le dit souvent. Mais ils ont d’autres talents. Ils sont habiles en démarquage. Ils ignorent sans doute l’expression anglaise « to make someone’s day » mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, ils en font la « translittération ». Les restaurants Le Manoir publient un message publicitaire dans le Soleil (4 décembre 2016, p. 1) : «Nos pâtes feront votre journée ». La consultation de quelques guides les aurait alertés et, sans doute, amenés à élaborer une traduction de qualité. Par exemple, le Français au micro (Radio-Canada), après avoir noté le calque, propose des solutions de rechange, lesquelles pourraient se traduire, dans le cas relevé ici, par « Nos pâtes ensoleilleront votre journée », « Nos pâtes vous égayeront », «Nos pâtes vous combleront », «Nous pâtes vous régaleront », etc. Mais le démarquage est tellement plus facile qu’une bonne traduction!

mardi 22 septembre 2020

«Live» (2020)

 2020-09-20. «Des spectacles live dans votre salon» (Titre du Soleil, 19 septembre, p. 32). Qu’est-ce que cela veut dire? Des saltimbanques sont chez vous pour vous faire rire? Ils font leur prestation en chambre et la diffuse de manière instantanée? Ils l’ont réalisée devant public et vous la visionnez en différé? Bref, le mot «live» signifie tout et n’importe quoi. C’est son avantage! Trois ou quatre mots français seraient plus précis. L’enregistrement est fait tantôt en public», tantôt «en studio; la diffusion est soit «en direct» ou soit «en différé». Les spectacles virtuels dont il est question dans l’article son réalisés en studio et sont visionnés de manière synchrone ou en différé. L’auteur de l’article reproduit quelques anglicismes de l’artiste mais il n’emploie pas «live». Le titreur l’a donc sorti de son chapeau comme le ferait un saltimbanque et sans se rendre compte de son ambiguïté. Voilà un cas où l’anglais appauvrit le français en masquant des réalités qu’on fait en français.

Dans le cadre de... (2017)

2017-10-30. On peut tiquer à la lecture de la phrase : « M. Labadie a croisé Françoys Bernier… dans le cadre de stages sur… » (Le Soleil, 31 octobre, p. 3). On croise quelqu’un au hasard, sans s’y attendre, de manière impromptue. On n’oserait pas annoncer à une connaissance : «Je te croiserai au prochain congrès». L’expression en elle-même suppose une certaine planification. Comme l’écrit l’Office : «La locution prépositive … est souvent usitée dans la langue administrative. Si son emploi est jugé tout à fait légitime pour signifier « dans les limites de », en revanche, «dans le cadre de» reste critiqué… au sens de « à l’occasion de», «lors de», «dans le contexte de »… On y propose des solutions de rechange qui feraient très bien ici : à l’occasion des…, lors des…, au cours des…, etc.

Dans le cadre de... (2018)

2018.03.17. Il est des expressions qu’on dénature avec le temps. C’est le cas d’ «au niveau de… » et de «dans le cadre de…». On pourrait illustrer le dérapage en disant : «Au niveau d’une telle affirmation…». Il serait mieux de dire «Au sujet d’une telle affirmation… ». Mais «dans le cadre de…»? La PC écrit : «… des fonctionnaires… recevaient des avantages … en échange… de changement de zonage… dans le cadre d’appel d’offre…» (Le Nouvelliste, 16 mars, p. 9). L’expression signifiait à l’origine «Dans les limites de…», «Conformément à la loi ou au règlement », «en vertu de…». Très souvent, les médias emploient l’expression dans le sens de «à l’occasion », «lors de…», comme c’est le cas dans l’exemple relevé. Des répertoires correctifs (Dictionnaire des difficultés… de D. Péchoin ou Pièges et difficultés… de J. Girodet) relèvent le glissement, mais notent qu’il est courant. L’OQLF souhaite qu’on en restreigne l’usage. La FrancoFête est le bon moment de réfléchir aux solutions de rechange.

dimanche 20 septembre 2020

«Préposé»? (2020)

2020-09-18. Les paladins de la langue remportent des victoires à l’occasion : «soldes», «centre commercial», «voiturier». Mais c’est le tonneau des Danaïdes. De nouveaux défis s’imposent comme la pluie et le mauvais temps. Il y a quelques semaines, M.É. de Villers (La Presse, 1er juillet) et R. Auclair (www.Asulf.org) ont proposé l’emploi de l’expression «aide soignant» et son féminin à la place de «préposé aux bénéficiaires» Pour sa part, l’OQLF favorise également celle-là tout en ménageant la chèvre et le choux. Une journaliste du Soleil, M. Moisan, opte sans réserve pour «préposé» dans un article (19 septembre, p. 10) intitulé «La valse… des préposés» : dix occurrences du mot, dont celles du titre et de l’illustration. Madame Moisan semble méconnaître le synonyme «aide-soignante» ou «aide-soignant», pourtant plus correct. Les paladins doivent rester aux créneaux!

«Live» (2018)

2018-01-14. Francis Leclerc ne put se rendre au dévoilement du programme du 6e festival Vues dans la tête de… à Rivière-du-Loup le 11 janvier 2018. Il y a fait connaître, par vidéo, son choix des films qui seront projetés lors de la rencontre de février. Le cinéaste aurait déclaré «J’aurais aimé être ‘live’ avec vous, mais…» (Le Soleil, 12 janvier, p. 32). Qu’est-ce à dire? Il aurait aimé être physiquement (et vivant!) à Rivière-du-Loup ? Ou, tout uniment, en lien, en communication ou en direct avec le groupe présent au dévoilement? À l’heure qu’il est, il importe peu de clarifier la situation. Mais on peut au moins noter que le cinéaste aurait pu être plus clair en négligeant le mot anglais et en le remplaçant par une expression française moins ambigüe. Hélas! Il est des scies difficiles à contourner.

«Live» (2012)

2012-12-28. Le temps des Fêtes est l'occasion de laisser trainer ses oreilles près des postes de radio ou de télé. Elles sont les témoins de nombreux dérapages. Un exemple attrapé le 26 décembre 2012 (un peu avant 16 h à la Première chaîne):«des artistes live». Le mot «live» est généralisé ici en dépit de son ambigüité: en public? ou en direct? Le porte-parole de Québécadabra vient d'ajouter un troisième sens à "live": «vivant», un artiste bel et bien vivant! Les Québécois font preuve d'imagination en anglais. C'est plus difficile en français cependant.

samedi 19 septembre 2020

Fontaine ou abreuvoir? (2020)

 2020-08-01. Aux gestionnaires d’Énergie Cardio. Si on lit bien les dictionnaires, un abreuvoir est un lieu aménagé pour faire boire les animaux. Telle est la définition présentée dans le Petit Robert et dans le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui (1992). On note dans ce dernier que, familièrement, au Québec, on utilise le mot pour désigner les distributrices d’eau potable. L’auteure d’un répertoire correctif le classe dans les formes fautives (le Multi dictionnaire, 2018) et le professeur Meney, parmi les faux-amis (Le Français québécois, 2017). En somme, en français (tout court) et en français international, il serait préférable d’ajuster les instructions mises à la disposition des abonnés de gymnases à l’heure du covid-19, de rayer «abreuvoir» et d’écrire : «Apportez votre bouteille d’eau, les fontaines ne sont pas disponibles pour le moment».

Pêcheries ou pêches?

 2018-10-19. Au nouveau ministre québécois de l’Agriculture. On vient de vous nommer ministre de l’Agriculture, des PÊCHERIES et de l’Alimentation. Le mot du centre détonne. On a affaire à deux activités (agriculture, alimentation) et à des installations ou à des endroits de pêche. Le mot « pêcherie », pris au sens d’industrie de la pêche, est un régionalisme. Il survit ici en raison de sa proximité avec le mot anglais « fisheries ». À Paris, on a eu des ministères de l’Agriculture et de la Pêche. Par exemple en 2009 et 2010. À Ottawa, on a toujours un ministère appelé Pêches et Océans Canada. Si l’occasion s’en présente, le gouvernement devrait envisager la correction du nom du ministère et faire en sorte que trois activités soient prises en compte, non deux activités et des installations ou des zones de pêche.

Préposé, préposée

 2020-06-22. J’ai relevé le 15 avril dernier l’emploi plus que douteux du mot «bénéficiaire» appliqué aux pensionnaires des CHLSD à la suite d’une observation de la chroniqueuse Francine Pelletier du Devoir. Voilà que le président fondateur de l’Asulf, Robert Auclair, s’en prend à l’expression «préposé (ou préposée) aux bénéficiaires». Selon ce dernier, un préposé est un agent subalterne. Il existe des préposés aux vestiaires, des préposés au téléphone, des préposés aux renseignements, etc. Le mot évoque le sens d’un simple agent d’exécution. Comme le gouvernement vise une amélioration du salaire des préposés et de leur statut, il pourrait envisager l’emploi des expressions «aide-soignant» et «aide-soignante», lesquelles correspondent à l’expression québécoises, quelque peu péjorative, et elles sont utilisées en francophonie.

«Préposé, préposée aux bénéficiaires» (2020)

 2020-07-01. Aide-soignant (e) ou Préposé (e) ? Extrait d’un texte de madame M.É. de Villers paru dans la Presse du jour (1er juillet 2020) : «La désignation de cette fonction laisse grandement à désirer aussi bien sur le plan sémantique que syntaxique. La dénomination 'préposé, .préposée aux bénéficiaires' est imprécise et pourrait s’appliquer à n’importe quelle fonction administrative. Comme le souligne …Jacques Maurais … « le mot 'préposé' fait trop référence au caractère subalterne du poste que l’on tente de valoriser. Ensuite, le mot 'bénéficiaire' est on ne plus mal choisi» / En outre, la construction syntaxique de cette désignation est fautive. Une personne est préposée à une fonction, à une tâche et non à une personne (ex. : 'préposé', 'préposée à l'entretien', 'à l'accueil', 'aux renseignements'… . / Dans le Grand Dictionnaire terminologique, le terme privilégié pour rendre cette notion est 'aide-soignant', 'aide-soignante'… Le contexte actuel paraît idéal pour remplacer la désignation imprécise et incorrecte … par celle que privilégie l’Office … et qui est usitée au sein de la francophonie, soit 'aide-soignant', 'aide-soignante'».

 

«Bye-Bye!»

2020-09-17. Un correspondant montréalais me signale que les animateurs de Radio-Canada répondent peu aux notes qu’on leur envoie au sujet de la langue utilisée en ondes. Il donne l’exemple de Franco Nuovo, lequel salue les auditeurs de Dessine-moi un dimanche à l’aide du seul et fameux «Bye-bye». L’expression est passée dans le français dans les années 1930. Elle reste un mot anglais et le dictionnaire Le Robert & Oxford le traduit par «au revoir». Sa domination quasi monopolistique ici illustre le mur anglophone qui isole le Québec. En plus, elle constitue encore une expression familière ( comme «Salut!» ou «À la revoyure!») et les animateurs du réseau pourraient la remplacer à l’occasion (Au revoir, Hasta luego…). Camil Chouinard (1500 pièges…) et Guy Bertrand leur ont conseillé de dire «au revoir». G. Bertrand écrit : «… il est toujours préférable d’utiliser l’expression française équivalente» (400 capsules linguistiques, 1999, p. 45).

«Capitale-Nationale»? (2020)

2020-09-18.  Les journaux devraient éviter les galipettes québécoises incompréhensibles pour des étrangers, fussent-ils francophones. Qu’y a-t-il à comprendre de la manchette : «Capitale-Nationale : toujours dans le jaune…» ? (Le Soleil, 18 septembre). Comment leur expliquer qu’une majuscule et un trait d’union repoussent les limites de la capitale loin de la ville elle-même? Un organisme de l’État s’appelle Commission de la capitale nationale. Il intervient à Québec, à Lévis, à l’Ile d’Orléans, bref de Saint-Augustin à Saint-Tite-des-Caps. L’ajout d’une majuscule à «n» et d’un trait-d’union pousse la frontière jusqu’au Saguenay d’un côté et jusqu’à l’ouest de Portneuf de l’«autre. Comme les journaux doivent être le plus limpide possible, on devrait écrire «capitale nationale» quand il s’agit de la ville et #«région de la capitale nationale» (et non Capitale-Nationale») quand on va au-delà

vendredi 18 septembre 2020

«Bye-bye»

2019-11-27. Le français des Québécois est en très grande partie dominé par la langue américaine. Les journaux, sauf exception, ont des réflexes de colonisé. Il y aura de nombreux fonctionnaires municipaux de la capitale qui prendront leur retraite d’ici à cinq ans. Ces veinards peuvent déjà planifier la salutation qu’ils réserveront à leurs supérieurs et s’inspirer de la manchette du Soleil (27 novembre, 1e p.) : «Bye-bye! patron». Le journal a besoin de ses lecteurs et de capitaux. Il devrait aussi se donner des objectifs : franciser le langage à l’occasion (Adieu! Patron), l’ouvrir à d’autres influences que l’américain (Tchao! patron) ou le québéciser au maximum (Ba-baille! boss). Oui, vraiment le Soleil doit surmonter sa crise pécuniaire et existentielle

Capitale nationale et Capitale-Nationale (2017)

2017-03-03. « … d’importants congrès… se tiendront dans la Capitale-Nationale » (Le Soleil, 2 mars 2017, p. 12). Qu’est-ce à dire? L’expression peut signifier deux choses. Ou « dans la capitale nationale», ou «dans la région de la capitale nationale». L’ambiguïté vient d’une règle d’écriture simpliste. Si l’on veut se limiter à la ville capitale, on écrira « la capitale nationale » tout simplement. Mais si l’on veut parler de la région périphérique, on dira (mieux : on écrira) « la Capitale-Nationale ». Entre Québécois, deux majuscules et un trait d’union suffisent à distinguer les deux réalités territoriales, la ville et le territoire adjacent. Un Américain, un Canadien ou un Français comprendront-ils la différence? On peut supposer que la galipette restera toujours plus opaque qu’un langage clair tant pour nos nationaux que pour ceux d’autres pays : la capitale nationale d’une part, la région de la capitale nationale d’autre part. Et puis, la distinction est masquée pour un auditeur et pour le moins difficile à saisir pour un lecteur.

Institution ou établissement?

 Une institution n’est pas un établissement. Il faut distinguer les deux réalités. Le bureau du ministre fédéral de la Sécurité publique observe, parlant des CHLSD québécois, «Bien que les conditions se soient améliorées dans ces importantes institutions…»(Le Devoir, 16 septembre, p. A 6). Le Multi dictionnaire précise : «Institution : Anglicisme au sens de ‘établissement scolaire’». L’observation vaut, mutatis mutandis, pour le réseau hospitalier. Pierre Cardinal note que le mot est utilisé «sous l’influence de l’anglais». J. Darbelnet explique mieux que personne la distinction : «Un établissement est localisé, une institution est générale…. Un hospice est un établissement hospitalier… mais… la Banque et la Santé publique font partie des institutions d’un pays…» (Dictionnaires des particularités de l’usage). Le français fédéral appauvrit souvent le français québécois en masquant des distinctions que le français standard fait encore.

mercredi 16 septembre 2020

Pont du «Petit Champlain»? (2014)

 

2014.11.14. Le débat autour de l’appellation du pont Champlain (Montréal – rive sud) oppose les partisans d’un changement (autorités fédérales) et ceux qui souhaitent garder le nom utilisé jusqu’ici. Personne n’a pensé au toponyme « pont du Petit Champlain ». Dans la capitale, on a déjà une rue du Petit Champlain et un quartier du Petit Champlain. On y protège l’appellation comme la prunelle de ses yeux. Ne serait-il pas sympathique d’entendre les automobilistes de la métropole dire qu’ils utilisent le « Petit-Champlain » tous les jours. La formule pourrait servir ailleurs : pont du Petit Laviolette à Trois-Rivières, pont du Petit Jacques Cartier à Montréal. On pourrait même rendre hommage à des personnalités contemporaines. À chacun de laisser libre cours à son imagination! ... t sans tenir compte du fait que l’appellation « rue du Petit Champlain » est une « translittération » Little Champlain street, traduction fidèle de Petite Rue Champlain.

Institution et établissement: distinction

 

2014.11.13. Le professeur Jean Darbelnet a écrit : « Ne pas confondre institution et établissement. L’enseignement est l’une des institutions d’un pays; il est donné dans des établissements… » (Dictionnaire des particularités de l’usage). La distinction s’applique au domaine bancaire et à celui de la santé selon le même auteur. « … un hospice est un établissement de santé », écrit-il. C’est dire qu’on devrait distinguer un hôpital, fut-il un centre universitaire, de l’institution hospitalière : le C.U.S.M. serait un établissement. Le professeur Meney, également de l’Université Laval, a lui aussi observé le glissement dans les années 1990. On observe encore la dérive : « … Porter a été choisi pour diriger l’une des plus importantes institutions du réseau québécois de la santé » (La Presse / Le Soleil, 12 novembre 2014, p. 2). Il aurait été plus juste de dire … l’un des plus importants établissements...

Institution et établissement: distinction à faire

 

2013.09.15. Il y a vingt-cinq ans, Jean Darbelnet écrivit: « Ne pas confondre institution et établissement. L'enseignement est l'une des institutions d'un pays; il est donné dans des établissements... ». On lit dans le Soleil du 14 septembre 2013 (p. 15): « ... l'enseignante de l'école... arrêtée en novembre dernier dans le stationnement de son institution d'enseignement... ». L'auteur du Multidictionnaire partage l'avis de Darbelnet en la matière: anglicisme au sens de 'établissement scolaire, établissement d'enseignement'. Aurait-on affaire à un dérapage inflationniste semblable à celui qui mène de « emplacement » à « site », de « activité » à « événement »?

Rayonnement d'un pays «à l'international»?

2019-11-30. Les langues évoluent souvent de manière capricieuse. Par le passé, des mots ont complètement dévié de leurs trajectoires : «plausible » qui signifiait «digne d’applaudissements» est devenu «c’est possible»; «formidable », au départ «épouvantable» est devenu «exceptionnel». Aujourd’hui, «à l’international» prend le sens d’«à l’étranger» ou «dans le monde» . Dirait-on «le rayonnement du Québec au provincial», «….au continental», «…au municipal», «…au régional, etc.? Pourtant, on lit «le rayonnement … du Québec à l’international» (Le Soleil, 28 nov., p. 25). L’expression est présente dans les médias tant écrits que parlés. Même critiquable, elle a toutes les chances de s’implanter, car elle est dans le vent. 

«À l'international»

2020-04-29. L’Université d’Ottawa réussit un merveilleux zeugme publicitaire. On veut recruter une vice-rectrice ou un vice-recteur «à l’international et à la francophonie» (Le Devoir, 29 avril, p. B3). Le filon peut être exploité : … «… au provincial et à la francophonie», «au continental et à la francophonie». On sait à quoi correspond le mot «francophonie». Mais «le internationale» n’existe pas en lui-même : il devient réel quand il qualifie une notion concrète : agence, association, conférence, conflit, relations, etc. On connaissait un zeugme de Jacques Prévert : «Tout jeune Napoléon était très maigre et officier d’artillerie». Cela restait du domaine littéraire. Ici, on affaire à l’appellation d’un poste à pourvoir dans une université.

«Juste» (2020)

2020-09-15. À quelques heures d’intervalle, je lis une manchette du Soleil (Sophie veut #juste vivre; 12 septembre, p. 3), une page publicitaire de #Recyc-Québec (Faut pas juste trier, faut trier juste; Le Devoir, 14 septembre, p. B 2) et le texte d’un collaborateur de l’Express portant sur les anglicismes en France : «la syntaxe commence à être atteinte quand nous multiplions les ‘c’est juste formidable’, calque de l’expression ‘it’s just’ (Michel Feltin-Palas, 15 septembre). Il me semble que la tournure fait partie de la langue familière des Québécois depuis longtemps. V. Lévy-Beaulieu doit saliver de plaisir en entendant l’expression calquée sur l’anglais : cela prouverait que nous écoutons nos voisins. De fait, on a peu critiqué l’expression ici. Les Français se sont sans doute mis à écouter les Anglais ou les Américains! Quelques-uns critiquent la tournure. J’en cite un : «Attention, ‘juste’ ne veut pas dire ‘tout simplement’» (Julien Lepers). Bref, «Sophie veut simplement vivre» et Recyc-Québec devrait annoncer «Faut pas trier à la légère, faut trier juste».

mardi 15 septembre 2020

Médecin de famille! (2020)

2020-09-13. Un médecin de famille? Si on se fie à la signification des mots, c’est un médecin qui prend en charge des familles. Comme si on disait «coiffeur de famille», «dentiste de famille». C’est chose rare. Les parents, les frères, les sœurs ont plutôt chacun leur médecin. Les médecins qui prennent en charge une famille sont l’exception. L’expression est française, mais elle semble constituer une impropriété. Les définitions sont fantaisistes. «Généraliste qui soigne ... une même famille» (GDT). ou «Omnipraticien dont le rôle est la prise en charge ... d’une clientèle déterminée» (Usito). D’autres répertoires gardent le silence. L’expression fait manchette quand même (Surtitre du Devoir, 11 sept., et éditorial du 12). On peut souhaiter que les éditeurs de la Banque de dépannage linguistique publieront bientôt une fiche sur le sujet.

dimanche 13 septembre 2020

Rue du «Petit-Champlain» (2014)

2014.11.09. Le Soleil (9 novembre, p. 6) nous apprend que la rue dite du Petit Champlain à Québec est la plus belle du Canada. On devinait qu’elle était la plus belle du Québec. Il lui reste à poser sa candidature au titre de plus belle rue des Amériques. Mais l’appellation de l’artère devrait d’abord être rectifiée. Car elle découle d’une dérive des traductions réalisées au cours des ans. Au XIXe siècle, on l’appelait correctement Petite Rue Champlain. On a traduit le toponyme en anglais « Little Champlain street » et, par la suite, on a fait une « translittération » en français : rue du Petit Champlain. Personne ne peut contester le charme de la rue mais son appellation n’est pas présentable. Personne n’accepterait que le pont Champlain (Montréal) devienne le pont du Petit Champlain. Oserait-on appeler le pont Mercier pont du Petit Mercier ou le pont Pierre-Laporte (Québec) pont du Petit Frontenac? Il faudrait respecter le français même en toponymie.

Rue du «Petit-Champlain» (2017)

2017.09.25. La ville de Québec serait justifiée de proposer que le «Petit Champlain » redevienne le Petit quartier Champlain et la rue, la Petite rue Champlain. Le jeu des traductions au cours de l’histoire a produit des noms bâtards. On a peine à imaginer que pour honorer des personnalités de la trempe de Champlain, on ose suggérer une rue du Petit L’Allier, une rue du Petit Lesage ou même du Petit René-Lévesque. La sottise apparaît au premier regard. Les riverains et l’ensemble des citoyens se rendraient compte qu’il y a eu méprise ou dérapage au cours des ans. Les médias suivraient les brisées des organismes toponymiques et cesseraient de reproduire, comme des perroquets, une appellation qui n’a pas de sens en français (bandeau «Petit Champlain« au Téléjournal Québec, 25 septembre, 18 h 9). Si l’affirmation est déjantée, qu’on poursuive : rue du Petit Lesage, … du Petit Lévesque ou quartier du Petit L’Allier!

samedi 12 septembre 2020

«Corporation» (2020)

 2020-09-10. Beaucoup de mots anglais ont été apportés au Québec par les vainqueurs de 1760. Le mot «corporation» en est un. Un professeur de l’Université du Québec observe qu’il est imputable à une erreur de traduction. On l’a employé pour désigner les conseils municipaux, des entreprises, des associations. Depuis le début des années 1990, on le remplace dans les lois. Votre organisme s’appelle Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes (Le Soleil, 11 septembre). Je ne crois pas qu’on puisse l’assimiler à un ordre professionnel ni à un regroupement des employés d’un même métier. Il y aurait lieu de remplacer éventuellement le mot par «regroupement», «association» ou «société», selon la nature de l’organisation. Ce serait fort apprécié des locuteurs, de l’Asulf (www.Asulf.org) et de l’ensemble de la société. (Note transmise au PDG du regroupement).

vendredi 11 septembre 2020

«Fitter» ?

2020-09-07. Pendant plusieurs décennies, les Québécois ont eu peu de contacts avec la France et le français. Ils ont intégré des mots anglais et leur ont donné une allure française. On en voit le relent dans une citation de monsieur Marc Bellemare : «Une œuvre d’art, il faut que ça #fitte dans le décor. Quand ça ne fitte pas…» (Le Soleil, 5-11 septembre, p. 8). On peut sans doute l’exhiber comme une preuve de créativité. Le verbe constitue un franglicisme difficile à détecter (comme «finaliser», comme «canceller»). Il est court. A-t-il des équivalents français qu’on pourrait employer dans un registre soigné ? Oui, en voici trois : «… que ça s’intègre au décor. Quand ça détonne… », «… que ça se marie à l’ensemble». Quand ça ne va pas», «… que cela aille avec le décor. Quand ça ne va pas...». Et on pourrait en trouver d’autres. Somme toute, le temps est venu de remplacer l’anglicisme en langage public.

Dernier «droit» (2020)

2020-09-10. Je roulais sur l’autoroute Félix-Leclerc en fin d’après-midi (vers 17 h 10, 9 septembre) et j’ai entendu le chef d’antenne de C’est bien meilleur l’après-midi, G. Dumas, servir l’expression «c’est le dernier droit» à ses auditeurs. Ce calque a été relevé au début du millénaire. Il est toujours critiqué. .La Banque de dépannage de l’OQLF note : «… l’emploi de droit (qui n’a pas le sens de « ligne droite » en français) est influencé par l’anglais…». Le site internet www.asulf.org contient une capsule sur le sujet. Un dictionnaire de traduction donne cet exemple : «now we’re in the straight = nous sommes maintenant dans la dernière ligne droite (Le Robert & Collins). Le conseiller Guy Bertrand serait des plus heureux de donner son avis sur le sujet étant donné que Radio-Canada ne devrait pas propager le barbarisme

«Corporation» (2020)

 

2020-07-05. •L’anglicisme «corporation», au sens de «compagnie» ou d’«entreprise, a été rayé du Code civil en 1991. Il a été éliminé de la législation québécoise en 1992. Le Grand dictionnaire de terminologie (OQLF) le déconseille et privilégie «personne morale». Pourtant le service de recrutement des concessionnaires automobiles de la région porte toujours le nom de «Corporation Mobilis». Le regroupement a acheté une page publicitaire (J. de Qc, 5 juillet, p. 46) dans laquelle on multiplie l’expression franglaise. Pierre Cardinal (Le VocabulAide, 2009) note que l’emprunt de sens est «imputable à une erreur de traduction» et qu’on utilise le mot sous l’influence de l’anglais. Il y aurait lieu que l’OQLF rédige une fiche sur le sujet comme on l’a fait pour l’adjectif «corporatif». Cela serait utile aux regroupements, entreprises et sociétés qui cèdent à l’usage nord-américain sans savoir que, ce faisant, ils commettent un anglicisme sémantique.

 

mercredi 9 septembre 2020

»Demotion»?

2020-09-08. Que faire quand deux journalistes de Radio-Canada ignorent les mots français «rétrogradation», «déclassement», même «dégommage»? La question se pose, car on a entendu le chef d’antenne et le correspondant de la chaîne à Ottawa s’échanger le mot anglais «demotion» (1e chaîne, 8 sept., vers 11 h 45) en rapport avec la formation du contre-gouvernement conservateur. On remarquera que le mot se prononce bien en français si on lui met un accent aigu. Il est vrai aussi qu’il pourrait constituer un antonyme parfait à «promotion» en remplaçant «pro» par «dé». Mais le français possède des solutions de rechange. Revenons à la question : que faire? Demander à l’Office de rappeler l’existence des mots français? Son influence est minime par rapport à l’auditoire de la radio fédérale. Demander au réseau scolaire de... ? Ce sera le tonneau des Danaïdes. Les médias ont des outils à leur portée (Banque de dépannage linguistique, Français au micro, répertoires correctifs, dictionnaires de traduction). Mais désirent-ils vraiment faire un effort?

Le «dernier droit»! (2017)

 2017.10.14. Si les abonnés d’un journal québécois lisaient la phrase suivante, les oreilles leur tinteraient-elles? « Le Rouge et Or profite d’une semaine de relâche avant le dernier droit ». Sans doute, préféreraient-ils «… avant la dernière ligne droite ». On ne dit pas le «dernier droit»: le mot n’a pas le sens de «ligne droite»). Les répertoires correctifs dénoncent l’emploi erroné. Lionel Meney en avait retracé des prototypes en 1999. Le remarqueur Paul Roux sonne l’alerte en 2006 (La Presse, 22 janvier 2006, p. 16). Michel Parmentier fait de même à l’époque (Dictionnaire des expressions et tournures…). La Banque de dépannage linguistique (OQLF) met une fiche sur le sujet à la disposition des internautes et des locuteurs. Mais on continue de lire ou d’entendre l’expression comme en fait foi la citation d’un reportage récent (Olivier Bossé, Le Soleil, 14 oct. p. 62). Pourtant, les solutions de rechange ne manquent pas : ligne droite, fin de parcours, dernière manche…

Le «dernier droit»! (2016)

 

2016.11.17. On apprend toujours sa propre langue, celle qu’on dit maternelle. On entend dans les médias, à l’occasion d'élections législatives ou présidentielles, que les partis ou les candidats en lice sont « dans le dernier droit ». Qui peut s’imaginer que l’expression n’est pas idiomatique en français? Rarissimes sont les Québécois au courant. Aux sceptiques que nous sommes, un billet du Monde ouvrier (FTQ) de novembre-décembre 2016 (p. 11) rappelle que la tournure est calquée sur l’expression anglaise de même sens « the last straight». Michel Parmentier (Dictionnaire des expressions et tournures calquées…) propose des solutions de rechange et Marie-Éva de Villers (Multidictionnaire de la langue…) fait de même : « la dernière ligne droite », « la dernière étape », « le dernier sprint»… Somme toute, il faut continuer d’apprendre sa langue même si on s’imagine la bien parler…

mardi 8 septembre 2020

«Démotion» (2017)

 

2017.10.11. Des mots étrangers traversent la frontière et émigrent au Québec qu'on a peine à identifier. Ils ont une allure française. C'est le cas des verbes «revamper » (rajeunir) et «finaliser » (ficeler), des substantifs  «représentation» (démarche) et «démotion ». Ce dernier substantif a été utilisé par l’animatrice de Radio-Canada cet après-midi (11 oct. vers 17 h 30). Elle parlait du ministre François Blais et de la décision du premier ministre de confier la responsabilité de la capitale nationale à un autre collègue. Le substantif n’appartient pas au français. Mais il existe bel et bien en anglais («demotion »). Son équivalent français est «rétrogradation ». Le terme est donc un emprunt intégral à l’anglais. Selon l’Office, il ne vient combler aucune lacune en français. En somme, Madame Lachaussée n’a aucune raison de l’employer. Mais on lui concédera qu’il serait facile à intégrer et à assimiler! À l’égal des compères nommés.

lundi 7 septembre 2020

Distinguer «Avenir» et «futur» (2020)

 2020-09-06. Les abonnés du Soleil ont l’inopportunité (!) de lire deux manchettes à conserver dans leur écrin de perles (5-11 septembre). D’abord, «Nous voyons de la nourriture dans ton futur» (page couverture publicitaire) et «Le futur est arrivé» (p. 5). Une personne familière du français pourrait rouspéter et soutenir que si le futur est arrivé nous avons court-circuité l’avenir. Et que si quelqu’un voit de la nourriture dans notre futur, on peut affirmer qu’on a affaire à un escroc. Pourquoi? Le français possède deux mots et l’anglais n’a que «future», lequel désigne ou l’avenir immédiat ou l’avenir lointain. Les habitants actuels de la planète Terre connaîtront probablement les années à venir et leurs descendants, le futur. Un métier d’avenir est à la portée de la jeunesse; un métier du futur est destiné aux générations futures. Voilà un cas où l’influence de l’anglais fait oublier une nuance utile.

«Graduer» (2020)

 2020-09-05. Pourquoi écrit-on encore «Il gradue de l’École Polytechnique… en 1963»? dans une chronique nécrologique? (Le Devoir, 5-6 septembre, A 8). On désire peut-être utiliser le verbe dans un sens qu’il avait à la fin du Moyen Âge afin de montrer sa connaissance de l’évolution du français. De nos jours, il a deux acceptions : «Diviser en degrés et augmenter graduellement» (A. Bourret, Pour l’humour du français). Le professeur P. Cardinal de l’Université du Québec en Outaouais observe à propos de l'emploi du verbe : «Sous l’influence de l’anglais to graduate…» (Le VocabulAide). Un guide de traduction rend en français l’expression «She graduated from Oxford University par «Elle a fait ses études à Oxford». En somme, l’actualisation du français justifie le remplacement de la tournure moyenâgeuse.

mercredi 2 septembre 2020

«Take out capillaire»

2020-06-20. La Société Saint-Jean-Baptiste de Québec dénonce avec raison l’emprunt de mots ou expressions anglais qu’on devrait s’efforcer de remplacer. Elle relève l’expression «take out» dont on se satisfait plutôt que de chercher des solutions de rechange (À emporter, Commandes ou plats à emporter, …). On lit sur le site internet de la Société : « Dès qu'il arrive quelque chose d'un peu spécial, le français prend le bord… Le confinement vient ainsi de faire … réapparaître le «take-out»… ». On donne en exemple un titre du Carrefour de Québec : «Un take-out capillaire» à Québec» (27 mai 2020). La Société pose une question (On ramène ses mèches à la maison?) et donne un conseil aux locuteurs : faire savoir aux commerces et aux journaux qu’ils désapprouvent leur laisser-aller.

Prise de livraison ou «take out»?

2020-09-01. Une fruiterie de la capitale a mis sur pied au début de la pandémie du covid deux nouveaux services : la livraison à domicile et le «take out», la livraison sur place. Ce dernier service, difficile à nommer, désigne le passage du client qui vient prendre la commande déjà faite. L’expression américaine s’est imposée sans qu’on ait trouvé d’équivalent français accrocheur. Le Grand dictionnaire terminologique propose «Commande à emporter» et «À emporter». Termium (Ottawa) ne s’est pas encore prononcé sur le sujet. Les solutions de rechange de la BDL sont fort acceptables. Mais il faut essayer de voir les choses comme elle sont. On emporte le marché qu’on fait soi-même; on passe prendre la commande faite à distance ou la fruiterie en fait la livraison. Bref, la livraison peut se faire à la maison ou au magasin. Il serait donc possible d’annoncer : «Prise de livraison et livraison à domicile».

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...