lundi 20 novembre 2023

Scoop (2023)

2023-10-01. La manchette de la chronique Rétroviseur de L’Actualité du 1er octobre se lit : «Ce n’est un scoop pour personne : […] l’épicerie coûte cher !». Pourquoi le mot «scoop»? On comprendrait bien si l’on voulait parler d’une primeur ou d’une exclusivité dans le langage de la presse et des médias. Là, dans ce milieu, un scoop est une «nouvelle à sensation publiée en exclusivité» (Jean Maillet, 100 anglicismes à ne plus jamais utiliser; 2016). Mais un simple citoyen ou le lecteur d’un périodique peut-il avoir un scoop à révéler, à publier? L’Académie française observe «… ne s’emploie en français que dans le monde de la presse». Un prétendu gazetier pourrait bien être au courant d’un petit scandale familial ou paroissial. Au sens figuré, il pourrait proclamer avoir un scoop, si le mot anglais l’obsède. Mais il pourrait annoncer «J’en ai une bonne! ou parler de «nouvelle», de «révélation», d’«information», de «confidence», de «tuyau»…

 

Étudiants «internationaux» ?

2023-10-02. Madame Arsenault (Le Quotidien). Le Soleil reproduit votre article intitulé «Les demandes d’admission d’étudiants internationaux explosent» (30 septembre, p. 13). Vous parlez de cette catégorie d’étudiants à douze occasions et l’expression monopolistique est celle du titre : vous la répétez huit fois. Ce faisant, vous répétez une impropriété et un anglicisme. Voici une courte note de la Banque de dépannage linguistique : «… en parlant […] d'un groupe de personnes, le mot 'international' a le sens de « qui appartient à plusieurs nations » […], « qui est connu dans plusieurs pays ». Ce sens ne convient [...] pas pour qualifier un étudiant qui poursuit ses études dans un pays étranger. Aussi, le terme 'étudiant international', calqué directement de l'anglais 'international student', est à éviter». Cela me semble clair.

 

Docteur X ou le Docteur X?

2023-10-03. Les entreprises de pompes funèbres sont constamment aux prises avec le traitement à accorder au mot «Docteur» ou à l’abréviation «Dr» dans une phrase. Faut-il ou non les faire précéder d’un article? On lit dans les pages nécrologiques du Soleil du 30 septembre (p. 39-42) «… est décédé le docteur André…», «… est décédé le Dr Carlos…», «… décès du Dr Paul Savary…» et «Le docteur Morency laisse…». Cela correspond à une observation du prof Lionel Meney : «en français standard, le mot ‘docteur’, employé en toutes lettres ou en abrégé dans une phrase complète, est précédé d’un article» (Dictionnaire québécois français). Mais on lit aussi dans les chroniques: «Dr Savary a fait ses études…», «est décédé docteur Picard» et «Docteur Pierre Morency est décédé». Il aurait fallu écrire : «Le Dr Savary a fait ses études…», «est décédé le docteur…» et «Le Docteur Pierre Morency est décédé…». Puissent la Coopérative funéraire des deux rives et Lépine Cloutier Athos ajuster leurs guides de rédaction.

 

Comté ? ou Circonscription électorale? (2023)

2023-10-05. Karine Gagnon et Mario Dumont utilisent le mot «circonscription électorale» en parallèle avec «comté»; Josée Legault n’emploie que «comté» et Yasmine Abdelfadel, que «circonscription» dans leurs chroniques (Le Journal de Québec, 4 octobre, p. 5, 12 et 29). Le mot «comté» devrait être mis de côté. Gérard Dagenais l’a critiqué en 1967. L’Office de la langue a fait de même en 1970 (Vocabulaire des élections). On lit dans le Dictionnaire québécois-français (Lionel Meney; 1999) : «: «calque de l’angl. ‘county’; empr. à l’anc. français ‘conté’ (=le territoire d’un comte)». Un autre avis vient de la linguiste Annie Bourret : «Le mot ‘comté’ […] s’emploie abusivement pour parler de la ‘circonscription électorale’» (Pour l’humour du français; 2018). Pour sa part, François D’Appolonia explique : «(Anciennement) Domaine dont le possesseur prenait le titre de comte» (Petit dictionnaire des québécismes; 2010). Bref, le temps est venu d’abandonner le mot et de le remplacer par «circonscription…».

 

Vidanges ? (2023)

2023-10-06. Peut-on apprécier le dessin d’une caricature et en critiquer une expression fautive ? André-Philippe Côté présente une caricature illustrant la découverte d’un porte-document illustrant l’illustre troisième lien entre Québec et la rive droite du Saint-Laurent (Le Soleil, 5 octobre). Elle arrive à point nommé. On demande à Môman Legault où elle a trouvé le porte-document et elle répond : «Dans les vidanges». Or le mot «vidange» désigne le vidage d’une fosse septique, mais non son contenu. Les répertoires correctifs sont unanimes. Un guide de la Presse canadienne proclame : : «Ne s’emploie que pour les ordures retirées des fosses d’aisances» (Guide de rédaction. 5e éd., 2006). Guy Bertrand de Radio-Canada note aussi : «… on ne devrait pas utiliser le mot vidange pour désigner les déchets ou les ordures ménagères» (400 capsules linguistiques. 2010). Ces observations s’adressent aux médias, pas nécessairement aux caricaturistes. Mais la qualité de la langue devrait les préoccuper au même titre que leurs collègues. journalistes.

 

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...