dimanche 1 octobre 2023

Prononciation: Airbnb

 2023-09.01. Comment les chefs d’antenne devraient-ils prononcer «Airbnb» à Radio-Canada? Les principes directeurs portant «qualité du français à Radio-Canada» proposés il y a vingt ans ne vont pas très loin. Mais on y lit : «Les prononciations des noms propres étrangers doivent tenir compte des phonèmes de la langue française de telle sorte que tous les auditeurs […] francophones puissent reproduire ces prononciations». Appliquons le principe à l’entreprise Airbnb. Sur les ondes, on a entendu Alec Castonguay prononcer Air-bi-n’-bi (Midi Info, 1er septembre) : le mot «air», comme on l’emploie en français, et la suite comme un sigle anglais. On pourrait dire que voilà un mot vraiment bilingue! En dépit de sa formation fantaisiste à partir de «Airbed and Breakfast», il faudra en arriver à une prononciation acceptable en français (air-bé-n’-bé?). On peut supposer que les conseillers linguistiques du réseau ont déjà étudié les options à envisager

Des cliniques juridiques ?

2023-09-02. Le ministre Jolin-Barrette et l’État québécois verseront 500 000 $ à une dizaine d’organismes baptisés «cliniques». Selon les services linguistiques gouvernementaux, le mot «peut désigner un type d’établissement de santé ou d’enseignement médical». On ajoute que son emploi est cependant déconseillé dans le sens d’atelier, de cours pratiques, de séances d’information, etc. Si on se fie au compte rendu de la Presse canadienne (La Presse, 2 septembre), les «cliniques» juridiques subventionnées offriront des services aux citoyens et on y donnera des avis gratuitement ou à faible coût. On est loin des réunions d’information ou des séances de formation N’aurait-on pas affaire à un simple service d’aide juridique? Le plus cocasse dans ce léger dérapage, c’est qu’un ministre ne tienne pas compte des observations des fonctionnaires qui relèvent du Cabinet et donc aussi de lui.

 

Changement de «venue» ?

2023-09-03. On aura lu dans le Journal de Québec de la fin de semaine (2-3 septembre, p. 25), sous la plume de Pierre-Paul Biron, «… la requête en changement de venue…». Un lecteur francophone unilingue ne comprendra pas le sens de l’expression. À la limite, il pourra essayer de traduire : changement d’arrivée, changement d’avènement. Mais cela ne sera pas plus limpide. Si le lecteur a quelques notions d’anglais, il se rappellera peut-être que le mot «venue» en anglais signifie : lieu de rendez-vous, lieu du procès. De fait, René Meertens (Guide anglais français de la traduction) rend «change of venue» par «dépaysement d’un procès» et Lionel Meney (Dictionnaire québécois-français) fait de même. Le «franglicisme» n’est pas courant au Québec, mais il ne faut pas le refaire.

Check point

2023-09-04. Je viens de lire le récent roman de Laurent Gaudé, Chien 51 (Actes Sud, 2022). L’histoire se passe à Athènes dans un pays qui n’existe plus. Et bien des mots de la langue des cilariés (citoyens salariés) sont remplacés par des mots anglais. L’un d’eux est «poste de contrôle». De la première à la dernière page, l’expression anglaise «check point» exerce un monopole complet. Le lecteur s’y frottera à vingt-cinq reprises au moins. Si bien que nombreux seront les lecteurs qui se mettront à douter de l’existence de l’expression française. Vérification faite, on la trouve encore, mais sous sa forme anglaise, dans Les Mots anglais du français (1998). L’auteur, Jean Tournier, écrit : «Réemprunt partiel, snob et inutile. Le fr. a ‘point de contrôle, poste de contrôle». Gaudé voulait sans doute illustrer le fait que GoldTex, le régisseur du pays en faillite, écrase non seulement le pays mais aussi sa langue.

 

Risquer

2023-09-05.  En ondes, les journalistes et animateurs de Radio-Canada ne devraient pas utiliser telle quelle la langue populaire apprise dans leurs familles ou avec les copains. Quand le chef d’antenne de «C’est encore mieux l’après-midi» affirme : «Ça risque d’être intéressant» (Première chaine, 5 septembre, vers 15 h 10), il fait fi des contextes à respecter. On risque une défaite, le cancer, du mauvais temps, une crevaison, un empoisonnement, etc. On ne risque pas une promotion, un couronnement, une victoire, une soirée mémorable. La confusion n’est pas nouvelle en sol québécois. Guy Bertrand, conseiller du réseau, a abordé le sujet en 1999 (400 capsules linguistiques, vol. 1). En France, Le Bordas des pièges et difficultés précise que le verbe «… ne doit s’employer qu’à propos d’une chose fâcheuse». Le principe de la qualité sur les ondes, et particulièrement à Radio-Canada, est une exigence qui va de soi.

 

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...