mardi 30 juin 2020

Splash ou Splatch? (2020)

2020-06-30. La Société de sauvetage a mis sur pied en 2007 une brigade qu'elle n’a pas réussi à nommer en français : la brigade splash. Nous, Québécois, ignorons souvent que le mot est anglais. Nous vivons une anglémie systémique : on en est inconscient, on ne sait pas qui en est la cause, comment elle se transmet et comment la combattre. Au début de juillet 2018, la mairesse de Montréal s’était jetée à l’eau à l’occasion du «Grand Splash». La Société vient de faire la manchette sur les ondes (Téléjournal Québec, 28 juin, 18 h 8). Les dictionnaires de traduction ont beau aligner les mots français équivalents (floc, plouf, éclaboussures etc.), rien n’y fait : le bruit que fait un corps qui tombe à l’eau ici (splash) est différent de celui qu’il fait dans les pays francophones (floc, plouf ou splatch). Nous nous américanisons. Comme le chante Chloé Sainte-Marie : «Je m’anglicise lentement / Lentement je m’anglifie / Je dis see you… Je dis shit.. Je dis bulshit madam».

Camion-restaurant ou «foodtruck»? (2020)

2020-06-27. Le titreur du Journal de Québec veut sans doute apprendre le mot «foodtruck» aux Québécois qui se rendent aux États-Unis ou au Canada. Il a rédigé la manchette «La covid va finalement profiter aux foodtrucks de Québec» (27 juin 2020, p. 15). L’intention est valable. Ce faisant cependant, il ignore les besoins ou les lacunes de ses lecteurs francophones. Les mots anglais les assaillent de tous les côtés et ils sont presque des bilingues de naissance. Ils ont besoin de voir les mots et expressions françaises afin de pouvoir les employer le moment venu : camion-restaurant, restaurant ou cantine mobile, casse-croute volant, etc. Le journaliste Nicolas Saillant avait, quant à lui, employé des expressions françaises. Le titreur a voulu mieux faire en mettant le mot anglais sous les projecteurs! C’est réussi! comme l’aurait dit Raymond Devos.

Splash? (2018)


2018.07.04. Le Québec et l’Est du Canada connaissent une période caniculaire. C’est le temps idéal pour se jeter à l’eau ou de s’y laisser tomber. Le bruit que fait l’eau n’est pas le même en français qu’en anglais! En français, le contact d’un corps avec l’eau fait «plouf » ou «floc ». En anglais, c’est «splash». Les premières onomatopées sont notées dans le Robert, mais pas la dernière. C’est l’inverse dans les dictionnaires anglais. Quand les lecteurs du Devoir lisent que madame Plante, la mairesse de Montréal, s’est jetée à l’eau à l’occasion du «Grand Splash » (4 juillet, p. 1), une très grande majorité d’entre eux ignorent sans doute qu’elle honorait ainsi une manifestation au nom franglais, mi-français, mi-anglais. Faudrait-il trouver une traduction? Great Floc! Great Plouf! Peut-être pas. Mais il ne faut pas oublier que le français a aussi ses onomatopées et ses interjections, lesquelles ne sont pas nécessairement les mêmes qu'en anglais. 

dimanche 28 juin 2020

Item (G. Dagenais et P. Cardinal)


«Le mot item est un substantif en anglais, mais ce n’en est pas un en français. / L’anglais et le français ont reçu l’un et l’autre ce vocable directement du latin. Dans la langue des Romains, «item» était un adverbe. Il signifiait «de même»  et «semblablement». Le français ne l’a gardé que dans ces deux seuls sens, mais ne l’emploie qu’en comptabilité et dans des énumérations. / L’anglais a fait un substantif d’item et lui a donné le sens de «point, sujet particulier, division dans un document… » (Des mots et des phrases pour mieux parler; Éditions du Jour, 1966, p. 64). Pour sa part, Pierre Cardinal juge qu’on utilise le mot «sous l’influence du mot anglais item» et il aligne les équivalents français à choisir selon le contexte :article, clause, détail, élément, objet, point, poste, produit, rubrique, question, sujet» (LeVocabulAide; Presses de l’U. d’Ottawa, 2009, p. 371).

samedi 27 juin 2020

Item, inventaire (2017)


2017-08-05. Un placard publicitaire d’un spécialiste des bicyclettes commence très bien : «Soldes sur tous les vélos de route » (Le Soleil, 5 août 2017, p. 3). On a laissé de côté l’anglicisme sémantique «vente ». Bravo! Malheureusement, on ajoute «Items en inventaire ». Deux mots incorrects dans le contexte. Le mot «item » est un mot d’origine latine mais, en principe, il n’est pas utilisé dans ce sens en français. Il fait cependant partie de la nomenclature de l’anglais. Les équivalents français courants sont «article » ou «produit ». Le mot « inventaire », quant à lui, semble choisi pour contourner le mot «stock » utilisé en français depuis le XVIIe siècle, mais qui a gardé une allure anglaise. On éviterait ce dernier mot en élargissant la signification du mot «inventaire », c’est-à-dire en lui collant un sens du mot anglais «inventory ». L’anglicisme devient un quidam et passe incognito. En somme, si le placard avait annoncé « articles en stock», il aurait obtenu une note parfaite.

Article ou Item? (2020)

2020-02-02. Un bandeau publicitaire publié dans le Soleil annonce une liquidation (1er février, p. 2). On y lit en dernière ligne «Items en inventaire». À la prochaine occasion, il faudrait essayer «Articles en magasin» ou «Articles en stock». Le mot «item» est un mot latin qui nous vient de l’anglais. Voyez le Robert: «...mot anglais ‘article, élément’, du latin item». Le français et l’anglais n’ont pas intégré les mêmes mots latins. Le français avait et a toujours le mot «article». Il faut l’utiliser. Et «en inventaire»? Littéralement, cela veut dire qu'on serait en train de faire le dénombrement des articles. Ce n’est certainement pas ce qu'on à l'esprit. Mais on se plait à jouer l’anglicisme sémantique contre le mot d’origine anglaise («stock»), présent en français depuis cent cinquante ans et avec le sens de «Quantité de marchandises en réserve» . Alors, pourquoi pas «Articles en stock»? ou «Articles en magasin» ?


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Camion-restaurant ou Foodtruck? (2018)


2018.01.20. Madame Dominique Lessard (Centre de formation Fierbourg),  Vous avez accordé une entrevue au Soleil il y a peu. Vous y avez parlé de «camion de rue». Vous auriez pu également utiliser, en français, d’autres expressions : camion restaurant, cantine mobile, cantine école, cuisine de rue, etc. Par ailleurs, vous avez osé employer l’expression anglaise «food truck» à deux occasions. Résultat : les titreurs du Soleil ont profité de l’occasion pour la placer en manchette en page couverture (19 janvier). Ce faisant, ils offrent aux lecteurs d’apprendre et de mémoriser l’expression anglaise et de négliger les françaises. À la prochaine occasion, soyez doublement prudente : n’hésitez pas à employer l’expression française qui vous convient et oubliez l’anglaise. Le bon usage veut qu’on fasse place aux mots français quand ils existent et qu'ils sont à portée de mémoire.

mercredi 24 juin 2020

Abreuvoir ou Fontaine? (2019)

2019-10-10. J’apprends, grâce à monsieur Ricard-Châtelain, que le mot «abreuvoir», au sens de «fontaine» pour les humains, est un canadianisme d’après Termium plus. Ce répertoire précise : «Le terme… est un canadianisme pour désigner l’appareil pourvu d’un mécanisme commandant un jet d’eau potable dans les lieux publics». Pourtant, on ne retient pas ce sens dans le Bélisle (1979) ni dans le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui (1992). Mais il devait être connu puisque G. Dagenais (1967) et G. Dulong (1968) le critiquent. Le Dictionnaire historique du français donne une précision intéressante : «Se dit en français du Canada, notamment au Québec (1940), pour tout endroit, fontaine, distributeur d’eau potable, etc. où l’on peut boire (emploi critiqué)». Bref, le mot et le sens ont été employés, on les critique de manière à peu près unanime. Mieux vaudrait donc choisir «fontaine» quand les humains vont s’y désaltérer

Les Autochtones... dans ce pays (2020)

2020-06-25. Jacques Maurais relève un récent abus du démonstratif «ce». Son commentaire est affiché dans son blogue (Linguistiquement correct, 17 juin 2020). Comme il a été question ici même de l’abus il y a peu, j’ajoute le billet de J.M. au dossier. Ce dernier cite d’abord la publiciste Francine Pelletier : «Aux États-Unis, on interpelle,… et, finalement, on tue les Noirs de façon éhontée… On peut en dire autant des Autochtones dans ce pays. Au cours des trois derniers mois, huit Autochtones ont été tués par la police canadienne (Le Devoir, 17 juin 2020). Et il commente : « …la chroniqueuse parle des Noirs aux États-Unis et dans la deuxième elle ajoute qu’on peut en dire autant des Autochtones 'dans ce pays' . Pour un francophone lambda, elle veut dire qu’on peut en dire autant des Autochtones aux États-Unis. Mais cette interprétation est contredite par la phrase suivante où on apprend qu’il s’agit des autochtones au Canada ». La question posée dans le titre était : Anglicisme rampant ou systémique?


dimanche 21 juin 2020

Partager un rapport? (2019)

2019-05-28. Les donateurs de l’Université de Montréal qui reçoivent un message de sollicitation qui commence ainsi : «…le Réseau des diplômés et des donateurs souhaite vous partager le Rapport du recteur… » (message diffusé le 28 mai) resteront éberlués. L’OQLF écrit à propos du verbe «partager» : «n’a pas le sens de « communiquer », sens que l’on recense parfois ... pour le verbe anglais to share. On emploiera plutôt en français des verbes comme …. émettre, … communiquer, … selon le contexte…».. On illustre l’observation en déconseillant «voulait nous partager son expérience» et en recommandant : « voulait nous faire partager son…». Les auteurs de la note du Réseau auraient pu écrire : «... souhaite partager avec vous le Rapport...» ou «...souhaite vous transmettre le Rapport...». Les locuteurs et les scripteurs québécois sont perméables à de tels virus. Il y a des remèdes : rester sur ses gardes et consulter les répertoires correctifs

Partager ses progrès! (2019)

2019-06-20. Comment la Presse canadienne peut-elle laisser passer la phrase : «En partageant ses progrès pour la deuxième année du plan d'action, l'ONF…»? (texte relevé le 19 juin), L’emploi du verbe «partager» dans le contexte fait problème. Normalement, les relecteurs de journaux et, a fortiori, d’agences, se doivent de douter, de se poser des questions, de décourager un emploi ou même de le justifier. Le verbe relevé ici et supposé signifier « Communiquer, émettre, exprimer, raconter, faire part de» est noté « emploi critiqué» par le dictionnaire Usito. G. Bertrand (Le français au micro) le considère comme un anglicisme. Il en va de même pour la Banque de dépannage… (OQLF) : on y précise : «… partager n’a pas le sens de « communiquer », sens que l’on recense parfois… pour le verbe anglais to share».Il est possible qu’on ne se soit pas encore attardé à la difficulté à l’Agence. Il serait temps de le faire.

jeudi 11 juin 2020

Parti pris ou biais? (2018)


2018-08-27. Le Soleil publie un texte éditorial écrit par G. Bélanger, professeur émérite de l’Université Laval (27 août, p. 16). Le titre en est « Répondre aux biais des électeurs ». L’auteur utilise le mot « biais » une douzaine de fois et en propose un seul synonyme : « croyances ». Il ne donne pas le titre de l’article de son alter ego Caplan, économiste américain, mais on peut supposer qu’on y trouve le mot « bias » et qu’il l’a rendu d’instinct par « biais ». Cela semble une traduction facile. Le Grand Robert & Collins ignore cette solution. On y aligne plutôt « préjugé », « parti pris », « penchant ». On pourrait ajouter « a priori », « préférence ». M.É. de Villers écrit : « Anglicisme au sens de a priori, idée préconçue, … préjugé ». Le professeur P. Cardinal (Université d’Ottawa) note que le mot nous vient de l’influence de l’anglais, qu’il est employé couramment en français général mais qu’il reste critiqué. Par chance, les solutions de rechange sont nombreuses.

vendredi 5 juin 2020

Par surprise (2020)

2020-06-03. Si l’on consulte le Grand Robert & Collins, on constatera que l’on traduit «take by surprise», eu égard à une personne, par «surprendre» et «prendre au dépourvu». On note dans le Dictionnaire québécois-français (1999) que l’expression quasi généralisée au Québec est un calque de l’anglais. On l’a relevé en 1930 et le traducteur P. Daviault proposait des façons de l’éviter dans les années 1960. On s’explique fort bien que le rédacteur du Courrier du soir du Devoir (lancée à 20 h 52 le 3 juin) ait écrit «Le gouvernement Legault a pris les partis d’opposition par surprise…». Si le gouvernement assimile ces partis à un fort à prendre par surprise, l’expression est correcte. S’ils ne sont que des groupes politiques, il faudrait qu’il se contente de les surprendre, de les prendre au dépourvu, de les prendre à l’improviste

mercredi 3 juin 2020

Une pause ou un petit «break»?


(2017) Quand on voit qu’une candidate battue lors des élections municipales du 5 novembre a «besoin d’un petit BREAK» (Le Soleil, 24 nov. 2017), on peut se demander qui est responsable de son ignorance des mots français «pause», «repos», «répit», «temps d’arrêt». La famille, l’école, les médias ou l’ensemble de la société? Il est vrai que la société ne privilégie pas le bien-dire et qu’on fait de moins en moins la distinction entre les registres de langage. L’école a sans doute joué son rôle, mais son influence aura été annulée avec le temps. Les médias, quant à eux, n’osent pas rappeler à leurs lecteurs ou à leurs auditeurs les expressions correctes en français. Le mieux qu’ils peuvent faire, c’est de les mettre en italique afin de signifier que voilà une expression étrangère. Des milliers de lecteurs la reliront, la mémoriseront et la répéteront. On tourne en rond. Les générations montantes reconnaîtront, à leur tour et au profit des médias, non d’avoir besoin d’une pause ou d’un peu de repos, mais d’un petit «break»!

Une pause ou un «break»?

Le premier ministre Legault nous épate toujours lors de ses conférences de presse de 13 h. Le 1er juin (2020) , il nous a montré qu’il connaissait le chinois. «Comme on dit en chinois, il faudrait accorder un break aux préposés… » a-t-il commenté. Il a répété le mot «break» à deux ou trois reprises. Mais il a complètement oublié la manière de dire en espagnol! Pourtant, il y existe de nombreux équivalents : accorder un congé, une pause, une période de relâche, un répit, du repos, des jours de détente, un temps d’arrêt, des vacances, un moment d’oisiveté… Même si le chinois est important en raison de la force de l’Empire, il ne faut pas oublier l’espagnol dont beaucoup de mots et d’expressions échappent aux locuteurs du pays. Chose inouïe, on ne trouve pas la définition du mot «break» dans les dictionnaire chinois! Les dictionnaires sont toujours incomplets!

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...