vendredi 24 mai 2019

Jurés séquestrés. Vraiment?

Madame Mathieu (Le Soleil), 
Vous écrivez dans un article (23 mai, p. 13) « Les douze jurés sont… séquestrés » et «… le juge … a aussitôt séquestré le jurés». On peut faire l’hypothèse que si le juge a séquestré les jurés, il sera réprimandé et condamné! Le mot signifie, selon les dictionnaires, emprisonner illégalement quelqu’un. L’OQLF, dans le contexte, rend le verbe par « isoler» en français. Usito (dictionnaire en ligne) et Le français au micro (Radio-Canada) expliquent que le verbe dérive de l'anglais «to sequester». Dans ce répertoire-ci, on illustre le dérapage par l’exemple suivant : « Pour l’élection d’un pape, on isole les cardinaux, on ne les séquestre pas». Et on commente « Le sens le plus courant de séquestrer est retenir quelqu’un contre son gré… (séquestrer des otages).».Espérons que le juge aura seulement isolé les jurés.

vendredi 17 mai 2019

«Breuvage»? Mieux: Boisson (2019)

2019.05.15. Il arrive que des entreprises corrigent leur affichage à la suite de démarches d’amoureux de la langue. Ce n’est pas courant, mais cela arrive. Dès lors, il n’y a pas à lésiner, il faut féliciter ces entreprises. Au cours de mars, j’ai écrit aux gestionnaires de la cafétéria du complexe Marie-Guyart (Sodexo) et leur ai fait remarquer qu’on annonçait « breuvage » (un anglicisme sémantique) dans les menus du jour. La note est restée sans accusé de réception. Mais, surprise! l’annonce a été corrigée sur les panneaux des plats. On a tenu compte du commentaire du Multi dictionnaire transmis aux gestionnaires : «breuvage. Anglicisme au sens de boisson ». En somme, le militantisme des partisans du bien-dire et du bien-écrire est loin d’être inutile : il concrétise les travaux de l’Office et des auteurs de répertoires correctifs.

lundi 13 mai 2019

«Manque à gagner»? (2019)

2019-05-11. Les titreurs du Soleil nous ont habitués à semer des mots anglais dans leurs manchettes. Ils semblent se surveiller depuis quelque temps. Toutefois, il faut toujours leur porter attention. L’un d’eux vient de rédiger un sous-titre qui semble bien un contresens : « Un tramway allégé? Face au manque à gagner du fédéral… » (10 mai, p.1). Bref, le fédéral devrait souffrir de revenus moindres. Pourtant, on veut plutôt dire que les crédits promis au projet de tramway de la capitale seraient amputés de 800 000 000 $. C’est le projet qui subirait le manque à gagner. Le gouvernement fédéral envisagerait plutôt un « manque à dépenser ». Le manque à gagner affecte le destinataire éventuel de la subvention, les administrateurs du projet. On aurait dû lire : « Face à la pingrerie, à la radinerie, aux restrictions… Somme toute, le titreur, pressé, n’a pas réfléchi au sens de la locution.

mardi 7 mai 2019

Crosses de fougère ou «têtes-de-violon»? (2019)

2019-05-07. Le printemps arrive. Les consommateurs trouveront bientôt sur le marché des Crosses de fougère. Malheureusement, on ne désigne pas encore le légume de cette manière. Les épiceries à succursales et même les fruiteries sont portées à employer automatiquement le calque «Têtes-de-violon», inspiré par le «fiddle head" américain. L'hésitation devant le choix à faire est compréhensible pour cette raison. Mais il y a pis: l'OQLF fait de la valse hésitation également depuis deux décennies. Ce qui est anormal de la part de l'organisme. On consultera avec intérêt l'article de Jacques Maurais sur le sujet (son blogue: Linguistiquement correct) publié hier.

dimanche 5 mai 2019

«Pont d'étagement?»; Mieux: Pont routier (2019)

2019-05-02.« Pont d’étagement », lit-on dans un sous-titre de l’article consacré aux travaux routiers des mois à venir dans la capitale (Le Soleil, 1er mai, p. 12). L’expression est curieuse. On n’a pas encore vu de passerelle d’étagement, de ponceau d’étagement, de bretelle d’étagement. On n’a jamais vu non plus de maison d’étagement ou d’autobus d’étagement. On dit que le ministère des Transports a forcé la main de l’Office et imposé le barbarisme. Le ministère se trouvait dans un cul-de-sac. Que choisir : viaduc? (mais il faut une vallée!); Saut-de-mouton? ( cela semble curieux!); Pont? (où est la rivière?). On a inventé le barbarisme. Un sous-titre comme : « Pont de l’autoroute Félix-Leclerc… » aurait été suffisant. On peut parler aussi d’un pont autoroutier ou d’un pont routier.

mercredi 1 mai 2019

«Application»? Mieux: Demande (2019)


2019-04-30. Relevons le bel anglicisme d’une journaliste de la PC. Dans son article sur l’interdiction faite au leadeur indépendantiste Puigdemont d’entrer au Canada et de venir au Québec, elle écrit « Chaque application est traitée au cas par cas… » (Le Soleil, 30 avril, p. 10). L’anglicisme est implanté ici depuis plus d’un siècle. N.E. Dionne l’inséra dans son dictionnaire en 1912. En 1930, les auteurs du Glossaire du parler français...notèrent son étymologie (Ang. Application) et donnèrent comme équivalent «demande ». On trouve la même recommandation dans le Colpron, dans le Multi dictionnaire, dans la Banque de dépannage de l’OQLF. En dépit du consensus, la forme fautive échappe encore aux radars.

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...