dimanche 28 avril 2019

«Corporation» Mobilis? Mieux: Société...(2019)

2019-04-28. L’entreprise s’appelle Corporation Mobilis (Le J. de Qc., 28 avril, p. 25). Le mot « corporation » est un vieil anglicisme sémantique utilisé au Québec depuis le début du XIXe siècle. Les députés de l’Assemblée nationale l'ont banni (au sens de « société » ou « entreprise ») à la fin des années 1980. On l’a remplacé dans le Code civil en 1991 et dans les lois québécoises par la suite. Il en fut de même à Ottawa. Pierre Cardinal (Le VocabulAide, 2009) juge que l’emprunt est imputable à une erreur de traduction. Le mot français désigne toujours une association de personnes exerçant la même profession, mais pas une entreprise ou une société formée de concessionnaires d’automobiles. Il y aurait lieu de corriger l’appellation à la première occasion.

mercredi 24 avril 2019

«C'est avec plaisir que... » Une tournure à favoriser

Nombreux sont les Québécois qui s’efforcent de corriger des tournures inspirées de l’anglais et d’apprendre les expressions françaises. Par exemple, on aimerait dire spontanément « c’est avec plaisir que », « j’ai le plaisir de », «je suis heureux de », etc. Malheureusement, on entend souvent sur les ondes : « Il me fait plaisir de », traduction littérale de « it is my pleasure to…». Ce fut le cas à l’émission C’est encore mieux l’après-midi (23 avril, 15 h 20). L’animateur l’employa d’une manière péremptoire. Il était en direct et il ne pouvait pas consulter un dictionnaire correctif. De là, le besoin d’apprendre les expressions françaises petit à petit dans ses loisirs et de potasser le Dictionnaire des expressions et tournures calquées sur l’anglais de Michel Parmentier (PUL, 2006) ou même le volume de Guy Bertrand (400 capsules linguistiques (vol. 1, 1999, p. 100).

dimanche 21 avril 2019

Solutions de rechange au mot «corporatif» (2019)

Le Soleil publie, depuis le 8 août 2014, un «rez-de-chaussée» quotidien intitulé Le mot du jour Antidote. Celui du 19 avril 2019 portait sur l’adjectif « corporatif », lequel fait partie du paysage linguistique québécois depuis belle lurette et vivant dans le sillage du substantif « corporation ». L’Office le juge «généralisé, implanté et partiellement légitimé » (Politique de l’emprunt linguistique, 2017), mais le classe dans les calques rejetés. Antidote a raison de le relever et le Soleil d’en publier la fiche sur le sujet. Il y aurait lieu toutefois de donner plus de solutions de rechange : dénomination sociale, nom d’entreprise, culture d’entreprise, loge privée, tarifs de groupe, image de marque, vision intégrale… Il reste aux locuteurs et surtout aux «haut-parleurs » que sont les journalistes à employer les solutions de rechange ou a en imaginer d’autres.

mercredi 17 avril 2019

Ambulancier, technicien ambulancier, paramédical (2019)

2019-04-17. Il faut savoir intégrer de nouveaux mots lorsqu'on est incapable de trouver ceux dont on a besoin dans les dictionnaires. Il est possible que des mots anciens ou actuels fassent l’affaire (ambulancier, technicien ambulancier). Si l’on veut renouveler la langue, on peut faire appel à de nouveaux. Idéalement, ils doivent respecter les lois du français. Des gens du métier, branchés sur les États-Unis, désirent importer « paramedic ». Les médias l’emploient sans se méfier. Une journaliste du Téléjournal Québec parle d’«une équipe de paramédics » (17 avril), 18 h 22). Jusqu’à nouvel ordre, le mot est anglais. En français, on dit un ambulancier, un technicien ambulancier ou un paramédical (au pluriel, des paramédicaux). Le Français au micro, dirigé par Guy Bertrand de Radio-Canada, contient une fiche sur le sujet. En principe, elle est à la disposition des journalistes du réseau.

lundi 15 avril 2019

Ancien combattant ou Vétéran?

Le ministère des Transports a-t-il négligé de faire toutes les vérifications avant d’émettre des plaques d’immatriculation portant « Vétérans » (Le Soleil, 13 avril, p. 15)? Les amateurs de hockey savent qu’un vétéran dans le domaine est un joueur d’expérience qui patine toujours. La notion vaut aussi pour les militaires. C’est d’ailleurs celle que les dictionnaires d’usage adoptent. Les dictionnaires de traduction la font également. En 1963, Pierre Daviault (Langage et traduction) précisait « Vétéran implique l’idée d’un vieux soldat ». L’OQLF ne relève pas la difficulté, mais Termium (Ottawa) conseille à ceux qui veulent utiliser « vétéran » au sens d’ancien combattant de préciser et d’écrire, par exemple « Vétéran de 39-45 » pour éviter l’ambiguïté. Comme les plaques québécoises porteront « Vétérans » au pluriel, on ne pourra pas donner de précision. Le Ministre devrait demander à ses fonctionnaires et aux linguistes de l’État de revoir l’appellation… pour les années à venir.

dimanche 14 avril 2019

Rétrogradation du mot "site" (2019)

2019-04-13. Le mot « site » perd une grande partie de son aura. Il s’use. Dans le passé, il désignait un paysage grandiose (le cap aux Diamants et, le Saint-Laurent). Une manchette du Soleil le rétrograde, Voyez : « En quête d’un nouveau site : … le CIUSSS qui avait ciblé un terrain… étudie maintenant d’autres emplacements » (12 avril, 1e page). Le journaliste qui signe l’article (p. 3) et qui a inspiré le titreur déclasse le mot : il l’assimile à un terrain ou à un emplacement dans le voisinage d’une bretelle d’autoroute. Pierre Cardinal (2009) juge que le glissement se fait sous l’influence de l’anglais, même en France. Un remarqueur, Pierre Bénard, écrit : « Un site, en bon français, c’est… un paysage… considéré du point de vue des beautés qu’il présente ». Il est vrai que, par extension, on parle de « site archéologique », de « site industriel ». Ne faudrait-il pas alors limiter les dégâts et qualifier le prétendu site que l’on cherche?

mercredi 10 avril 2019

Députation ou groupe parlementaire? (2019)

2019-04-10. Monsieur Salvet, Selon les dictionnaires français, le mot « députation » a deux sens : la fonction de député et un groupe envoyé en mission. Il n’a pas le sens d’ensemble des députés ou de représentation nationale. Vous écrivez « … d’éventuels candidats … de l’extérieur – hors de la députation… » (Le Soleil, 10 avril, p. 7). Comme il est question ici des élus libéraux, il aurait été préférable d’employer l’expression « hors du groupe parlementaire » ou « hors du caucus» (tant que les partis se contenteront de ce dernier mot). On précise dans un lexique publié en 1986 (Lexique des termes parlementaires en usage en Belgique, en France et au Québec) que le mot « députation » est utilisé au Québec pour désigner l’ensemble des députés d’une région (la députation de l’Estrie, par exemple). Mais on précise : « On utilise fautivement ce mot pour désigner les députés d’un parti ou l’ensemble des membres de l’Assemblée ». Ces précisions vous intéresseront sans doute.

mardi 9 avril 2019

Occasion ou opportunité? (2019)

2019--04-08. On souhaiterait parfois que la distinction entre « opportunité » et « occasion » s’impose à l’esprit des gens en dépit de la confusion ou de la similitude qui prévaut. Un chroniqueur (Gilles Vandal) écrit : « Offrant une opportunité … d’atteindre un large public, les médias sociaux… /… leurs plateformes représentent un outil idéal pour la mise en place d’un processus de radicalisation » (Le Soleil, 8 avril, p. 17). Un agent de radicalisation pourrait opiner du bonnet et reconnaître que voilà une opportunité. Mais pour la société en général, il s’agit plutôt d’une possibilité ou d’une occasion d’atteindre un large public, mais qu’il faut regretter dans les circonstances : car elle conduit à la radicalisation de certains. On peut supposer que le chroniqueur était ou sera du même avis. Malheureusement, on ignore les mises en garde. Par exemple, celle de l'Académie française : « Employer opportunité dans le sens d’occasion est un anglicisme ». Bref, le mot employé dans la chronique est fort ambigu. 

lundi 8 avril 2019

Amanda Simard: Petite fille; Samuel de Champlain: Petit Champlain (2019)

2019-04-08. Pendant que B. Mulroney s’excuse d’avoir qualifié la députée Amanda Simard de l’Assemblée législative de Toronto de « Petite fille », on continue de traiter Samuel de Champlain de « Petit Champlain ». Le journaliste Normand Provencher nous apprend que Guillaume Beauregard a présenté un tour de chant au théâtre Petit Champlain (Le Soleil, 6 avril, p. 19). C’est le nom du théâtre, lequel dérive de la fameuse rue du Petit Champlain, avatar d’une traduction malhabile de l’anglais. Heureusement, Champlain est mort depuis belle lurette et il ne peut pas dénoncer le méprisant surnom. Il ne pourra pas non plus offrir sa démission et conseiller, certainement en vain, à nos contemporains de le remplacer, dans la toponymie locale, par « Petit Lamontagne », « Petit Pelletier » ou « Petit L’Allier ». Sa proposition causerait sans doute une levée de boucliers comme ce fut le cas du qualificatif employé par l’ex-premier ministre du Canada.

jeudi 4 avril 2019

Avenue (rue, parc, etc.) du Belvédère: ne pas oublier le "du" (2019)

2019-04-04. La toponymie québécoise est le lieu de certaines monstruosités héritées du passé. On a l’exemple des mal nommés «rue du Petit-Champlain » et « cap Diamant » à Québec. Sur l’ensemble du territoire, on a encore des « chemins Belvédère », au moins huit « rues Belvédère », un « parc Belvédère »… On doit noter cependant que le spécifique est correctement présentés dans la majorité des cas : on a environ 15 « chemins du Belvédère », de 25 à 30 « rues du… », cinq « parcs du… ». Ce qui est très bien. On peut comprendre l’influence des pratiques américaines ou anglo-saxonnes en Estrie ou en Outaouais. Mais on pourrait s’efforcer de corriger le toponyme en zone traditionnellement francophone : à Alma, à Cap-Saint-Ignace, à Québec, à Piedmont ou à Thetford. Il serait plus correct de lire : avenue, mont, parc ou rue du Belvédère. On ne dit pas « rue Lilas » ou « avenue Collège »!

mardi 2 avril 2019

Heures supplémentaires ou "temps supplémentaire" (2019)

2019-04-02. L’Office québécois de la langue française, Guy Bertrand (Radio-Canada), Marie-Éva de Villers (le Multi), Pierre Cardinal ((Le VocabulAide), etc., dénoncent l’emploi de l’expression « temps supplémentaire », calque de « overtime », et recommandent « heures supplémentaires ». Le Grand Robert & Collins rend l’expression anglaise par « heures supplémentaires. Mais cela ne suffit pas. Mesdames A.M. Dussault (23/60) et Nancy Bédard (Fédération des infirmières de la santé) ont échangé une dizaine de minutes (RDI, 2 avril, 19 h 49 +) sur les heures de travail supplémentaires (deux occurrences) et sur le « temps supplémentaire » (12 occurrences). Comme le travail des infirmières est rémunéré en fonction des heures travaillées, il serait plus juste de parler des heures que du temps supplémentaire. Si les journalistes et les spécialistes ne parviennent pas à assimiler les bonnes expressions et à s’en servir régulièrement, comment les locuteurs lambda pourront-ils y arriver?

lundi 1 avril 2019

La police de Québec: Fouinage ou 'sneak'

Le Service de police de Québec devrait faire un effort pour franciser son langage. Les journaux nous apprennent qu’ils appellent « sneak » une visite subreptice dans une cache de drogue (Le Soleil, 1er avril, p. 3). Des expressions françaises viennent à l’esprit : coup d’œil, visite rapide, visite à la vrille, regard furtif, intrusion, fouinage, écorniflage, espionnage et tutti quanti. Le choix des mots qui conviennent à ce genre d’opération appartient aux services policiers. Et, en principe, ces mots doivent s’insérer naturellement dans la langue française et son évolution. La négligence du corps de police est impardonnable. Elle a un impact : les titreurs du journal se sont emparés du mot anglais et le mettent en manchette : « Les dessous d’un sneak ». Négligence, facilité ou paresse font durer le franglais ou, peut-être, le font-ils progresser.

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...