mercredi 31 mars 2021

C'est le fonne! (2013)

2013.01.10. J'ai écrit il y a peu à madame Catherine Lachaussé de la Première chaîne. Simplement pour lui dire qu'il serait préférable de remplacer "c'est le fonne" par une expression française. L'animatrice a utilisé le franglicisme en ondes vers 15 h 40 cet après-midi, 10 janvier. Le langagier en chef de Radio-Canada, monsieur Guy Bertrand, recommande d'ailleurs la mise au rancart de l'expression en public. Réservons-la à la langue domestique!  Il y a des solutions de rechange que madame trouvera bien d'elle-même: plaisant, amusant, joyeux, agréable, drôle, délassant...

Bashing (2013)

2013.01.11. Il est toujours mauvais signe qu'on ne puisse pas trouver de manière spontanée une expression française pour dire le quotidien. L'ex-maire de Québec, monsieur L'Allier, a buté sur "fonction publique bashing" (Devoir, 11 janvier, p. 2). C'est simplement du dénigrement ou des attaques. On pourrait dire aussi en langage populaire "bavage". Le dynamisme d'une langue suppose qu'on trouve toujours une façon de rendre compte des phénomènes courants sans devoir emprunter chez les voisins.

Gym, jim ou djim? (2013)

 2013.01.06. Quand vous allez au gymnase dites-vous "je vais au jim ou au djim? Je pose la question, car le Soleil du jour (6 janvier) consacre deux pages à la popularité momentanée de ces centres de sport après les Fêtes. La journaliste utilise l'apocope, mais elle ne dit pas comment elle prononce le mot gym (quand elle l'écrit!). Il faut le lui demander. On a le même problème avec jardin zoologique et "zoo" : "zou" ou "zo"? Habituellement, la prononciation anglaise l'emporte. On craint encore et toujours l'influence française.

dimanche 28 mars 2021

Inconfortable (2015)

2015.10.06. Les candidats NPD à la Chambre des communes ont révélé une certaine réticence face au port du niqab. Monsieur Mulcair explique qu’ils sont influencés par les électeurs (La Presse, 5 octobre, 7 h 30). Il reconnaît que « les gens sont inconfortables avec ça" (TMEP, 4 oct.). Il admet lui-même être « inconfortable avec » le port du vêtement. Essayons donc nous-mêmes le niqab et voyons s’il est confortable ou inconfortable. Et donnons notre avis. Le niqab serait-t-il confortable comme on peut le dire d’un fauteuil ou d’un lit. Mais il ne faudrait pas faire croire à l'homme politique que nous sommes « inconfortables avec… ». Monsieur Mulcair sera peut-être à l’aise face aux témoignages reçus. Il notera sans doute qu’il peut partager le point de vue, être en accord sur l’essentiel, sans être lui-même confortable, au sens français et prosaïque de l’expression.

Ici pour supporter Joël (2015)

2015.10.01. Un ministre fédéral de plus s’engage sans savoir s’il pourra remplir son engagement. Denis Lebel lance, probablement sans trop réfléchir, « Je suis ici pour ‎supporter Joël… » (InfoPortneuf, 1er octobre). Sait-il seulement quel est le poids de ce dernier? Et sait-il pendant combien d’heures, de semaines ou d’années il devra le supporter? À moins que le politique ignore que le verbe a le sens de « soutenir » (exactement comme les fondations le font pour un édifice) et d’ « endurer » (comme on peut tolérer ou non les vantardises d’un voisin) en français. On peut aussi imaginer qu’il ne se rend pas compte que le verbe n’a pas le sens d’« appuyer » (un candidat). Même ambigüe, la citation a été placée sous les projecteurs de la manchette. Le titreur ignorait lui aussi la chausse-trappe. Par ailleurs, la majorité des lecteurs seront les victimes du mauvais exemple de l’homme politique et de sa diffusion.

Nez à nez (2015)

2015.10.04. « Les libéraux et les conservateurs sont nez à nez ». Qu’est-ce à dire? En français, se trouver nez à nez signifie, d’après les dictionnaires, se trouver face à face. La phrase relevée dans une dépêche de la Presse et reproduite dans le Soleil (28 septembre, p. 3) veut tout simplement dire que les deux partis fédéraux sont au #‎coude à coude, à égalité, très près l’un de l’autre. Le journaliste est sans doute familier avec l’œuvre de Jean-Loup Chiflet et il a probablement fait sien le calque fantaisiste de ce dernier : « nose to nose with someone », comme équivalent de « nez à nez avec quelqu’un ». Bon, soyons sérieux et espérons que libéraux et conservateurs resteront encore au coude à coude pendant deux semaines et que cela laissera l'occasion au journaliste de choisir la bonne expression. Remarquons bien que les deux partis pourraient se retrouver nez à nez à la suite du scrutin!

Flocher ... (2015)

2012.10.07. On se pose souvent la question : d’où doit venir l’impulsion en faveur de l’amélioration de la qualité de la langue? Des enseignants? Des médias? Des hommes et des femmes politiques? On entendit, lors des bulletins de nouvelles du jour (6 octobre, première chaine, 12 h 4; au Téléjournal en soirée), le député F. Bonnardel dire : « … comme s’il y avait un milliard et demi de Montréalais qui flochaient leur bol de toilette dans le Saint-Laurent ». L’anti-anglicisme «flocher » serait-il installé à demeure dans le lexique des Québécois? Le député aurait pu dire : vidaient, déversaient ou jetaient l'eau, balançaient... . De la sorte, quelques milliers d’auditeurs et, par la suite, autant de téléspectateurs auraient entendu des verbes (français) inutilisés. D’où la question : à qui revient la première responsabilité en matière de langue? Aux notables, aux élus, aux journalistes… Chose certaine, tous les locuteurs doivent intégrer les mots de la nomenclature française de manière à pouvoir les utiliser au moment idoine.

Unités (2015)

 2015.10.12. Un entrepreneur de Québec annonce des copropriétés de location (Belvedèressurlefleuve.com). Au cours d’un message publicitaire diffusé lors du téléjournal du 12 octobre (vers 18 h 10), on annonçait des « unités » sans plus. On conseille aux personnes intéressées de sélectionner leur « unité ». Le site web de l’entreprise confirme le même abus : « 90 unités de condo à Beauport »… « …dans chacune de nos 85 unités de la phase II ». On répète le mot des dizaines de fois. Pourquoi utilise-t-on le mot ? Il est pourtant inutile. L’OQLF affirme qu’on l’emploie sous l’influence du syntagme anglais « condominium unit » et qu’il ferait concurrence à la notion de partie privative. Pour un locuteur francophone, il va de soi qu’un appartement, un logement ou un « condo » loué constitue un espace privatif. La notion y est implicite. L’entreprise ignore cela et elle n’en a que pour ses « unités ». En cela, on ne pourra pas lui accorder la médaille de bonne entreprise citoyenne!

Secrétaire corporative (2021)

2021-03-27. Quel charabia! Quel titre de fonction! à l'Aéroport Jean-Lesage: «Sophie Lefrançois, , conformité et gestion immobilière» (Le Soleil, 27 mars, p. 67). En Suisse, on dirait «voilà du Secrétaire corporative français fédéral!». Malheureusement, l’exemple est parfois suivi au sein de l’administration québécoise. Pourtant, une telle juxtaposition des mots ne passerait pas dans une rédaction d’élèves de niveau secondaire. Mais il y a aussi l’expression «secrétaire corporative», traduction littérale de «corporate secretary». Le répertoire fédéral ignore pourtant la traduction et privilégie «secrétaire général». On peut faire l’hypothèse qu’à Ottawa comme à Québec, les ministères et les sociétés d’État contournent assez facilement les conseils de leurs services linguistiques.


Wake-up call (2021)

2021-03-26. Le ministre Jolin-Barrette devrait présenter bientôt une nouvelle charte de la langue. L’État devrait, en parallèle, mobiliser les médias au moins au titre de l’enrichissement de la langue. Seul, il ne réussira pas à l'améliorer si les médias susurrent les mots anglais et les mettent en vedette plutôt que d’afficher les équivalents français. Les lecteurs du Devoir ont un bel exemple. Une manchette se lit «Ce variant, c’est un wake-up call» (26 mars, p. A10). La citation est de la docteure Laurie Robichaud qu’on reproduit dans le texte. Les journaux devraient s’efforcer de ne pas mettre en manchette une expression anglaise dont l’équivalent ne vient pas naturellement à l’esprit des Québécois. Mieux vaudrait y placer : un coup de semonce, une sonnette ou un signal d’alarme, une ultime semonce, un avertissement…Les efforts de l’État seront inutiles si les médias ne sont pas de la corvée.

À tout événement (2021)

2021-03-25. Les Québécois, du premier des défenseurs de la langue au dernier des «joualisants», répètent les tournures calquées sur l’anglais. On relève, sous la signature d’un défenseur, dans la page Idées du Devoir (24 mars, p. A7) l’expression «à tout événement…». Une courte visite au Multi dictionnaire… indique qu'elle est un calque de l’anglais «at all events» ou «in any event». Selon le professeur Meney, il serait un anglicisme de maintien : on l’utilise en raison de sa proximité avec la tournure anglaise. Nombreuses sont les expressions équivalentes : en tout cas, dans tous les cas, de toute façon, quoi qu’il en soit, peu importe, d’une manière ou d’une autre, cela dit… Bref, il n’y a aucune raison de ne pas passer au français!

Endosser (2021)

 2021-03-24. Un simple locuteur ne peut pas toujours les sens rapprochés mais quand même distincts du verbe «endosser» et de son pendant anglais. On lit toutefois, sous la plume d’un correspondant du Devoir à Ottawa «… a refusé de désavouer son propre député pour avoir endossé ces commentaires traitant les Québécois de…» (24 mars, p. A8). Le verbe français n’a pas le sens d’approuver ou d’appuyer, contrairement à «to endorse». M.É. de Villers qui a dépouillé quelques milliers d’articles du journal de l’année 1997 y note la forme fautive : «La distinction assez ténue entre les sens figurés des verbes français et anglais …paraît ignorée des journalistes …le verbe «endosser» est employé … dans un sens qu’il n’a pas en français» (Le Vif désir de durer; 2005, p. 240). Le guet-apens n’a pas été consigné dans le guide de rédaction de l'institution.

samedi 27 mars 2021

Séance spéciale ? (2015)

2015.12.27. Le journaliste Gaétan Genois écrit dans InfoPortneuf (22 décembre, 14 h 35) : « La Ville de Saint-Raymond a adopté son budget 2016 à sa séance spéciale… ». L’expression « séance spéciale », calque de l’anglais trop souvent utilisée au Québec, vient peut-être de l’administration de la ville. Encore que les journalistes soient souvent victimes du dictateur nommé Usage. Si c’est la Ville qui répète l’expression, il importe de la mettre en garde et de la convaincre de se prémunir contre sa réutilisation. Si c’est le journaliste, on lui conseillera de faire les contre-vérifications qui s’imposent. On peut lui signaler le Multidictionnaire, le Dictionnaire québécois-français (Meney), Usito ou l’Office québécois de la langue. Ce dernier déconseille « assemblée spéciale » et propose « assemblée extraordinaire ». Paul Roux (Lexique des difficultés…, La Presse, 1997) propose « séance extraordinaire ». Ce serait l’expression idiomatique en français. La Ville se doit de respecter les avis de l’Office à titre d’organisme décentralisé de l’État. Et le journaliste, à titre de professionnel de l’écriture. 

P.K. Subban (2015)

2015.12.21. Pé Ka ou Pi Ké Subban? Prenons du champ: « … la prononciation d’un mot étranger dans la langue d’arrivée est presque toujours modifiée… les différences de prononciation ont pour effet, dans beaucoup de cas, d’empêcher une assimilation complète. Cela apparaît clairement à propos des noms propres qui sont aussi des emprunts. (…) / Cet écart de prononciation varie avec les époques et les pays. Au fur et à mesure que la connaissance de la langue de départ est plus répandue dans le pays parlant la langue d’arrivée, il tend à se réduire. (…) / L’assimilation phonétique n’est… qu’exceptionnellement complète. La langue emprunteuse tend à rejeter les sons étrangers à son système phonique et il s’établit généralement un compromis entre ces deux modes de prononciation. Il est presque impossible de prononcer parfaitement un mot ou un nom anglais au milieu d’une phrase française… » (J. Darbelbet, dans La Norme linguistique / Textes colligés.. par Édith Bédard et Jacques Morais; C.L.F., 1993? p. 603-604).

P.K. Subban (prononciation) (2015)

2015.12.16. Peut-on prononcer ici les initiales de Pernell Karl (‎Subban) selon la phonologie française? « Pé ka » plutôt que « Pi ké »? L’Association pour le soutien et l’usage de la langue française le propose aux médias (La Presse, 16 décembre, Sports, p. 3). La pratique était un phénomène généralisé par le passé. On disait « Ji Ef Ka » (pour John Fitzgerald Kennedy). Les règles écrites sur le sujet sont rares. On a comme l’impression que l’adaptation aux sons locaux de la prononciation des initiales étrangères des personnes ou des sigles est laissée à la force relative des langues en présence ou à l’usage. Pourtant, Radio-Canada précise : « il faut éviter de prononcer avec un accent tonique anglais les noms propres anglo-saxons » et « Les prononciations des noms propres étrangers doivent tenir compte des phonèmes de la langue française… » (La Qualité du français à Radio-Canada; principes directeurs, 2004, p. 4-5). C’est déjà une base de départ.

Projets majeurs (2015)

2015.12.13. Les remarqueurs ne se sont pas attardés à l’utilisation exagérée faite de l’adjectif  ‎ « majeur ». Par exemple, on lit dans le Soleil (11 décembre, p. 8) qu’Hydro-Québec dédommage les villes « pour les impacts...de ses projets majeurs ». La popularité de l’adjectif en sol laurentien doit venir, pour une très grande part, de la présence parallèle du mot anglais et de la facilité d’adopter le calque. Ici la journaliste aurait pu écrire : ses grands projets, ses principaux projets, ses gros travaux, ses travaux d’envergure, etc. On observe la prégnance de l’adjectif en France également. Pierre Bénard constate « Majeur a vaincu grand » et il ajoute : «Mais majeur… cela vous a de l’étoffe, du lustre, du chic, de l’éclat, du charme, de la branche » (C’est la cata! 2006, p. 34). Un autre observateur des questions de langue, Alain Bladuche-Delage, note : « Dans les journaux comme dans les livres, tout est abondamment majeur » et il observe « … des mots oublient leur sens à force de n’être pas employés » (Petit traité des finesses…, 2006, p. 55). Bref, n’oublions pas les synonymes.

Red Bull crashed ice (2015)

2015.12.01. Le Red Bull Crashed Ice a connu moins de succès cette année (27 et 28 novembre) à Québec en dépit de son appellation anglaise. Pourtant, l’appellation semblait une garantie de son rayonnement et de son attractivité. Est-ce si certain ? La stagnation de l’assistance à la compétition récente pourrait être l’occasion pour les gestionnaires québécois de l’entreprise de relever les suggestions de francisation partielle faites au cours des ans, celles du Comité des citoyens du Vieux-Québec et de l’OQLF (2008), du traducteur André Sénécal (2011) et de l’Asulf, etc., lesquels ont proposé, entre autre, « la Grande Déboulée Red Bull ». A. Sénécal avait souligné l’avantage de « Grande Déboulée » : « … correspond … à l'événement en question / contient un jeu de mots fondé sur une allitération (-boul-/Bull)… à l'avantage de la société …sur le plan publicitaire / … titre … cadencée, évoquant … le caractère dynamique de l'épreuve / enfin, … caractère français de … Québec et … rayonnement » (Le Devoir, 8 novembre 2011). Le changement illustrerait le fait que le français peut devenir une langue de « plein emploi » et rentable en sol laurentien.

Yes! (2015)

2015.12.08. Une linguiste soutient que les Québécois sont colonisés par la langue des Français. Cela doit expliquer (sic) que madame ‎I. Gaston a utilisé l’expression « Yes! Merci » (Journal de Québec, 7 décembre, p. 3; Le Devoir, ibid, p. 1) à la suite du verdict de culpabilité de l’ex-cardiologue Guy Turcotte. Madame Gaston, bouleversée à juste titre par le drame de la famille, n’a trouvé que l’interjection « Yes! » à portée de mémoire. Les Québécois ignoraient que « Yes! » vient (!) de France et non des États-Unis ou du Canada. Même le fameux Grand Robert & Collins (dictionnaire anglais-français) se trompe : on y traduit l’exclamation par « ouah! » et on en précise le contexte habituel, « in triumph ». Si le poids linguistique de la France était moins lourd, on pourrait tous penser de manière spontanée à d’autres équivalents : à « Enfin !», à « Parfait! », à « Hourrah! », à « Pas possible! », en plus de « Yes! ». C’est simple comme de l’eau de roche.

vendredi 26 mars 2021

Fuck ! (2017)

2017.11.15. «Le mot ‘fuck’… n’a pas en français la même connotation vulgaire qu’en anglais », telle est l’avis du Conseil canadien des normes de la radiotélévision («Le mot ‘F- -K’ n’est plus vulgaire», Le Devoir, 14 novembre, p. A 7). L’interjection n’est pas française et nombre de Québécois en ignorent sans doute le sens original : «Va te faire foutre», «Va te faire niquer», «Va te faire mettre», «va te faire enculer»… Quand les francophones l’emploient, ils lui donneraient un sens très atténué : «merde!», «putain!», «bordel !», «putain de merde! », «putain de bordel de merde!». Règle générale les Québécois, bousculés par la force de l’anglais, sont portés à donner des significations anglaises ou américaines à des mots français (une «place» devient souvent un immeuble, une «alternative», une solution de rechange, le «meilleur vendeur», un produit, une «fournaise», une chaudière). Le cas de «F - - K» va en sens inverse : on donne un sens propre (!), atténué, à l’interjection anglaise. Oui ! anglaise ou américaine.

Prix régulier ? (2017)

2017.11.15. On a parfois l’impression de rêver. Antidote 9, le répertoire correctif, invite ses abonnés à acheter ses plus récentes mises à jour. On conclut l’invitation par la phrase : « Ne manquez pas la chance de vous procurer, à une fraction du prix régulier, l’édition … » (Courriel reçu en matinée le 15 novembre). Vous avez bien lu : « prix régulier ». La Banque de dépannage linguistique dénonce l’expression. On y recommande «prix courant ». Le Multidictionnaire également. Usito note prudemment : «L'emploi de prix régulier (de l'anglais regular price) est critiqué comme synonyme non standard de prix courant». Les éditeurs d’Antidote 9 auraient-ils négligés de se prononcer sur le calque classique? On peut en douter. Mais il est possible que les publicitaires du répertoire aient négligé de soumettre leur message au propre sas de l’entreprise. Ce qui n’est pas exemplaire et même pis, car la phrase comporte deux autres calques («ne manquez pas la chance», une «fraction du prix »).

Grande vente... (2017)

2017.11.16. Comment se fait-il qu’une entreprise de l’importance d’Avalanche produit un cahier publicitaire portant la date «16 au 26 novembre 2017) et l’accroche «Grande vente pré-saison… / Rabais de 10 % à 50 %». Tous les professionnels de la langue savent ou devraient savoir qu’on a affaire à un anglicisme. Les services linguistiques de l’État précisent : «…le substantif ‘vente’ désigne l’action de vendre, le fait de céder un bien contre une somme d’argent ou la mise en vente de marchandises. / Contrairement à l’anglais ‘sale’, qui peut avoir le sens de « vente à prix réduit », ‘vente’ ne signifie pas « aubaine, promotion, rabais, réclame, solde », ni « liquidation ». Son emploi en ce sens constitue un anglicisme» (Banque de dépannage…). Si l’expression «vente pré-saison» constitue un calque sémantique, «grande vente» ne l’est pas moins. Avalanche pèche peut-être pour la première fois. Si c’est le cas, on lui pardonnera. Au moins peut-on espérer qu’elle ait le ferme propos de ne plus recommencer! 

Crunchy, pis... (2017)

 2017.11.17. Monsieur Labeaume annonce qu’il fera beaucoup de voyages au cours des prochains mois afin de recruter les travailleurs dont la capitale a besoin. Espérons qu’il enrichira son vocabulaire de quelques mots et expressions. Au programme d’une première leçon, on lui proposera de corriger sa déclaration, reproduite dans le Soleil (17 novembre, p. 7): « Je sais que c’est ‘crunchy’… Il faut aller chercher du monde… pis ça presse… Quand tu vois…». Essentiellement, il devra trouver un équivalent au mot ‘crunchy’, identifier la préposition française synonyme de «pis» et justifier le tour familier «quand tu vois », utilisé au cours de l'entrevue. L’effort ne devrait pas être trop disproportionné par rapport aux nombreux voyages envisagés. Et il en va de la bonne réputation de la capitale et de l’accent d’Amérique.

Place Bell (2017)

2017.11.18. On peut entrer à Place Alexandra? Bien sûr. Place Alexandra est une résidence de Québec destinée aux retraités. Personne ne pensera entrer à place D’Youville (Québec) ou au Carré Saint-Louis (Montréal). Une place est un espace découvert. On peut y aller, mais on n’y entre pas. Laval, la ville, soutient depuis quelques années qu’elle a fait aménager un lieu dénommé «Place Bell». Mais la Presse canadienne annonce tout à trac que la ville «veut installer une œuvre d’art public en hommage au joueur de hockey Henri richard, devant l'ENTRÉE PRINCIPALE de la nouvelle Place Bell » (Le Devoir, 16 nov. p. B 7). Si la Place Bell avait une entrée principale, on pourrait supposer qu’on a affaire à un centre commercial, à un amphithéâtre ou encore à une résidence. Laval fait beaucoup d’efforts pour convaincre ses citoyens que Place Bell est tout autre chose qu’un amphithéâtre. Le regard posé sur les lieux par les journalistes de la P.C. diffère de la vision de la ville.

Bar à salade ? (2017)

2017.11.19. Les clients qui mangent à l’occasion à la cafétéria du complexe Marie-Guyart peuvent utiliser un napperon distribué par le traiteur. La carte d’affaires de l’établissement qui y est reproduite annonce «Menus du jour / Bar à salade / Bar à soupe…» (17 nov. 2017). Les deux prétendus bars publicisés l’étaient déjà en 2011. À l’époque, il y avait aussi un «bar à pâtes »! Ce dernier n’est plus présent dans la publicité, mais le comptoir est toujours sur les lieux. Depuis sept ans, le traiteur a été informé du fait qu’on ne sert pas de soupe, ni de salades, encore moins de pâtes à un bar. Un bar est tout simplement un comptoir spécialisé où l’on consomme, souvent debout, des boissons (café, coquetel, vin, alcool…). Le restaurateur semble tenir aux deux formes fautives comme à la prunelle des ses yeux. Pourtant, les clients distinguent bien la différence entre un bar et un comptoir.

Breuvage (2017)

 2017.11.27. Consultons le Multidictionnaire au mot «breuvage» : «Médicament, philtre… Anglicisme au sens de boisson…». Pourtant! Si vous passez à la pâtisserie #Première Moisson (angle bd des Gradins et rue Lebourgneuf, Québec), vous y lirez l’indication «Breuvages» à une armoire réfrigérée. Si vous avez le #Québec Express daté du 29 novembre à la maison, vous pourrez y lire la manchette «Fanny … propose des breuvages pour toutes les occasions » (p. 3). À première vue, l’armoire de Première Moisson ne contient que des boissons. De son côté, madame Gauthier concocte peut-être des «breuvages» : l’article parle de coquetels «farfelus»! Soyons sérieux : le mot survit et brille au Québec en raison du voisinage de «beverage». Le mot ne s’emploie plus en français (international) pour désigner un liquide qui se boit, « sinon dans certains cas précis. Par exemple… un philtre magique ou un médicament liquide» (J. Laurin, Le Bon mot). Le titreur de Québec Express et l’afficheur de Première Moisson ne sont pas au courant de l’évolution.

Vendredi noir (2017)

2017.11.24. La refrancisation est un mandat permanent confié aux Québécois et aux francophones d’Amérique. Les pressions conjuguées tant des États, surtout de celui du Québec, que des défenseurs et des diffuseurs des expressions françaises donnent parfois de bons résultats. Dans l’édition quotidienne du Soleil du 27 novembre 2015, on relève douze annonces faisant appel à «#vendredi fou», cinq à «vendredi noir» et deux à «Black Friday». Deux ans plus tard, le relevé est le suivant : 13 «vendredi fou», 3 «vendredi noir» et pas un seul «Black Friday». Le néologisme «vendredi fou » prend les devants face au calque «vendredi noir » et à l’expression américaine, laquelle a tout le reste de l’Amérique pour rayonner. C’est dire que les efforts des défenseurs de la langue, de son renouvèlement et de son enrichissement connaissent parfois le succès, comme le français lui-même d’ailleurs.

Bienvenue dans le 20 heures (2017)

2017.11.23. Si vous regardez et écoutez le Vingt heures de TV5 (diffusé à 18 h 30 en Amérique), vous serez sans doute surpris d’entendre la salutation de l’animatrice : « Bienvenue dans le 20 heures». Je suppose que vous sursauteriez également si Guy A. Lepage vous lançait «Bienvenue dans Tout le monde en parle » ou si l’animatrice de l'émission «Médium large» (sic) entrait en ondes en disant «Bienvenue dans Ici Catherine Perrin avec vous ». On s’explique difficilement le dérapage de la télé francophone internationale. Maurice Druon a déjà relevé et vilipendé «chevalier dans l’ordre de la Légion…» (au lieu de «chevalier de l’ordre…») en 1998. Quatre ans plus tard, Pierre Bénard relevait la tendance inverse : oubli de la préposition «dans» et son remplacement par les locutions prépositives «au sein de» et surtout par «dans le cadre de… ». On peut penser que le dérapage est involontaire et inconscient. Déroutant aussi… pour le moment.

Wake-up call (2017)

 2017.11.21. L’incapacité de Marie-Philip Poulin, une attaquante étoile de l’équipe de hockey du Canada, de dire en français ce que les Américains ou les Canadiens appellent un «wake-up call» (Le Devoir, 22 nov., B 4) : signal de réveil, signal d’alerte, avertissement, coup de semonce, mise en garde, etc., est l’occasion de rappeler une citation datant de 1957 du politique Paul Gouin (1898-1976) : «Combien de fois, dans la conversation, un mot, une expression anglaise nous vient d’abord à l’esprit pour désigner un objet, pour colorer un fait d’un certain qualificatif. Le mot anglais surgit spontanément à notre propre insu et à notre grand surprise…Et là, très souvent, faute de se donner la peine d’un effort laborieux, nous nous contentons d’américanismes…/… Chacun de nous doit fournir l’effort nécessaire pour trouver le français correct, l’expression précise ». (Écrits et discours 1932-1964; Montréal, 2017, p. 258). Chacun? Même une joueuse de hockey? Même une Beauceronne?

jeudi 25 mars 2021

Chick-lit ou roman érotique (2016)

 2016.10.31. Monsieur Provencher (Le Soleil).  Vous avez l’habitude, vous et vos collègues des médias, d’expliquer aux lecteurs, aux auditeurs ou aux téléspectateurs des phénomènes ou des réalités en suggérant des expressions anglaises que vous ne cherchez pas à traduire ou à expliquer en français. On a lu samedi dernier dans votre critique d’un volume de Lucie Pagé (Sexe, pot et politique) la phrase  « Un essai aurait mieux fait l’affaire pour étayer sa thèse, plutôt que cette histoire 100 % «chick-lit», tarabiscotée et simpliste » (Le Soleil, 29 oc t. p. A11). L’expression « chick-lit » n’est pas française. Plus des trois quarts des lecteurs ignorent  probablement son sens. Dans le Grand Robert & Collins, on la traduit par une périphrase : « genre romanesque  décrivant de jeunes femmes actives et leur vie sentimentale ». En s’attardant dans l’article, on devine l’origine de l’expression : « chick » = pépée ou poulette; lit = littérature. En somme, un roman érotique.  C’est tout simple et c’est en français.

Avertissement de neige (2016)

 2016.10.29. Il est des scies qu’on entend à longueur de jour et à longueur d’année, qu’on nous serine comme si elles étaient des mantras. Prenons les expressions « #avertissement de neige » ou «avertissement de verglas ». Et, il ne faudrait pas se surprendre si un jour on nous laissait entrevoir un « avertissement de soleil »! La répétition devient si prégnante qu’un journaliste du Soleil y va de la phrase «… un avertissement de neige est prévu pour la Réserve des Laurentides… » (Le Soleil, 29 octobre, p. 16 – légende de la photo). Il y a amélioration: autrefois, on annonçait de la pluie, de la giboulée, du grésil ou de la neige. On a remplacé de telles annonces ou prévisions par des avertissements. On peut se demander si, à compter de maintenant, on ne va pas nous annoncer des avis, des avertissements ou des objurgations - de beau ou de mauvais temps - comme le laisse entrevoir la petite phrase relevée. Fini le temps où on y allait directement, sans détour!

Vente finale (2016)

2016.10.23. Vraiment, se peut-il que les magasins Latulippe publicisent, en date du 23 octobre et pour la fin de semaine en cours (Le Soleil, p. 13), une « vente finale d’automne »? Au premier regard, cela n’a pas de sens qu’un marchand planifie une dernière vente si tôt alors que la saison se termine officiellement en décembre. Les Québécois sensibles aux anglicismes sémantiques devinent que les magasins Latulippe et leurs publicitaires donnent au mot vente un sens qu’il n’a pas en français : solde, liquidation, braderie. Ou encore « vente au rabais ». Pour l’heure, on lit dans la Banque de dépannage linguistique le commentaire suivant : « Contrairement à l’anglais « sale », qui peut avoir le sens de « vente à prix réduit », vente ne signifie pas « aubaine, promotion, rabais, réclame, solde », ni « liquidation ». Son emploi en ce sens constitue un anglicisme.» Espérons que l’entreprise prendra conscience de sa faute et la corrigera à la prochaine occasion.

Saskatchewan, le ou la ? (2016)

2016.10.25. Monsieur Jacques Lafontaire, directeur de la révision au Journal de Québec (et de Montréal), pose la question « Pourquoi le nom de certaines provinces est-il féminin… et pourquoi certains autres noms sont-ils féminins? » et il observe qu’on dit « la » Saskatchewan (J. de Qc, 25 octobre, p. M16). Il y a près de soixante ans, Gérard Dagenais estimait qu’il fallait dire « le » Saskatchewan. Son raisonnement était le suivant : un nom de fleuve, de rivière ou de pays qui se termine par une consonne est masculin (Dictionnaire des difficultés…, 1967). En principe ou idéalement, il faudrait considérer le toponyme Saskatchewan comme un nom masculin comme on le fait pour Manitoba (sic), Nouveau-Brunswick et Québec. Au demeurant, le Grand Robert & Collins (2008) lui donne le genre masculin. C’est dire qu’on peut très bien ignorer l’usage (le tyran

Événement (2016)

2016.10.22. Des étudiantes de l’Université Laval sont agressées et violées dans leurs chambres. Le fait peut être considéré comme un événement tragique. Mais l’auteur d’un reportage du samedi 22 octobre (Téléjournal Québec, 18 h 1) va beaucoup plus loin : il parle d’un témoin important qui serait « impliqué dans les quinze événements ». Bref, l’événement tragique (les agressions), comme une poupée russe, cacherait quinze autres « événements » : sans doute des intrusions, des séquestrations, de la violence, des viols, du cambriolage, etc. Le mot « événement » semble perdre son sens traditionnel ou classique. Les journalistes ne semblent pas se rendre compte du dérapage et des ravages menés contre les mots « incident », « viol », « cambriolage ». Même le premier ministre dit avoir « entendu parler de M. Skavounos et des événements » (Le Soleil, 22 octobre, p. 53e col.). Et un journaliste rapporte une citation de la ministre des Relations internationales faite « en marge d’un événement à Montréal ». Comme le mot « fonne », « événement » devient un symbole de l’imprécision,  un mot passe-partout, une scie.

mercredi 24 mars 2021

Timing (2021)

2021-03-23. Le titreur du Journal de Québec a composé la manchette : «Thouin a le sens du timing» ( 23 mars, p. 4). L’auteur n’avait pas utilisé le mot «timing», mais il énuméra une série de faits et leur enchaînement quasi providentiel. Le mot est un incontournable en sol laurentien. Comme «fonne», il est polyvalent, un caméléon. Pierre Cardinal, professeur en Outaouais, lui accole une trentaine d’équivalents (Le VocabulAide, 2009). En somme, les solutions de rechange sont nombreuses dans plusieurs contextes. Paul Roux a relevé l’expression «sens du timing» il y a quinze ans et il proposa des formules qui, appliquées ici, seraient : «…sait saisir l’occasion», «… sait agir au moment propice» (La Presse, 11 déc. 2005). Le mot devrait faire l’objet d’une note dans le guide de rédaction des journalistes (et titreurs) de Québecormédia.

Place Québec

 2021-03-22. C’est une mauvaise nouvelle. La mal nommée «Place Québec» ne sera pas transformée comme on l’envisageait (Le Soleil numérique, 22 mars). Le report du projet permettra aux propriétaires, l’Industrielle Alliance et la Fédération des travailleurs, de trouver un nom plus correct en français. Sous l’influence de l’américain, les prétendues places (centres commerciaux, RPA, immeubles à logement, rues et même quartiers) sont apparues partout au Québec. Il y a 49 ans, Louis-Paul Béguin se félicita du fait que l’appellation «Place de la Justice» de Montréal fut mise de côté pour «Palais de justice», mais il nota au même moment : «Une nouvelle fausse place vient de montrer le bout du nez. C’est Place Québec. Il s’agit tout bonnement d’un centre commercial» (Le Nouvelliste, 28 janvier 1972, p. 4). En 2021, la fausse place est toujours en place! Il faut profiter du report et prévoir une nouvelle appellation respectueuse du français et digne d’une capitale l

Dès, environ. vers... (2021)

2021-03-20.  Le sens de certaines prépositions est ignoré. On entend à l’occasion qu’il y avait «environ» 54 personnes à une réunion, que les bureaux ouvrent «dès» 9 h, qu’un tel a appelé sa mère «depuis» Paris. Une journaliste du Soleil écrit, sous une illustration, «Vers 1 h 2, de la fumée émanait d’un conteneur» (20 mars, p. 19). Il aurait été préférable d’écrire «À 1 h 2» si le moment exact a de l’importance et «vers 1 h», si c’était une approximation. Il en va de même pour «environ» 54 personnes. Y avait-il 54 personnes ou une cinquantaine? La préposition «depuis» s’utilise surtout quand il est question de temps : depuis la semaine dernière ou depuis hier. Et on oublie que «dès» exprime la précocité. Il ne faut pas dire : «la bibliothèque ouvre dès 9 h»° s’il s’agit de son horaire habituel. Mais, exceptionnellement, elle pourra ouvrir «dès 8 h». Ce sont des nuances que les professionnels de la langue devraient connaître.

«Route» du facteur (2021)

 2021-03-19. La chroniqueuse Aurélie Lanctôt a accompagné une factrice tout le long de sa «route» quotidienne. Elle rapporte fidèlement les paroles de cette dernière «… avant de démarrer ma route», puis elle écrit «Sa route résidentielle commence…» et «… les routes ne sont pas conçues en fonction d’une distance…» (Le Devoir, 19 mars, p. A7). Il y a un demi-siècle, on disait : «la ronne (run) du facteur ». Il y a un petit progrès, tout petit! Le mot anglais est mis de côté et on emploie un faux-ami. Les dictionnaires de traduction rendent le mot anglais «route» par «tournée», mais non par «route», quand on veut désigner le circuit régulier fait par les boulangers, les laitiers, les livreurs de journaux ou par les facteurs. Bref, un anglicisme de plus à surveiller, mais il est bien masqué celui-là.

Abreuvoir ou fontaine ? (2021)

 2021-03-18. Les gymnases à succursales Énergie Cardio donnent conseil et un renseignement à leurs abonnés : «Apportez votre bouteille d’eau, les abreuvoirs ne sont pas disponibles pour le moment» (site web du siège social). Un «abreuvoir» est destiné aux animaux. Tel est le sens donné au mot par le Petit Robert et le Petit Larousse. Le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui signale qu’on l’emploie en langage familier. Le Multi juge que c’est une impropriété. La solution de rechange est «fontaine» si l’on veut bien nommer l’appareil destinés aux humains. (caricature de Dupras, tirée de 400 capsules linguistiques / G. Bertrand; 1999).

Concombres: Larges ? (2016)

 2016.06.25. Si nous sommes des consommateurs raisonnables et en même temps des partisans de la qualité de la langue, il ne faut pas hésiter à faire les remarques qui s’imposent aux marchands et épiciers qui sollicitent notre encouragement. Voyons-nous des prospectus publicitaires annonçant « Pizza extra #‎large »? il ne faut pas hésiter à écrire aux restaurateurs qui, contre toute logique, ignorent qu’une pizza a un diamètre et rarement une largeur. De même, des clients ont pu voir une affiche intérieure d’une épicerie (Le Frigo, Québec, 25 juin) portant « Concombres : larges, 0.99 $». On peut encore dans ce cas essayer d’imaginer un concombre rectangulaire ayant une largeur, une longueur et une hauteur. Peine perdue pour le moment. Les répertoires correctifs ne relèvent pas ce mal-dire. Il est vrai que sa diffusion est limitée aux clients d’un magasin. Cependant, il ne faudrait pas qu’on arrose les consommateurs de « concombres : larges ». Aussi est-il justifié d’alerter les épiciers

Monitoring (2016)

 2016.06.20. Il est des mots anglais inutiles en français. Ou tout au moins aisément remplaçables. Malheureusement, les « haut-parleurs » de la radio et de la télévision les ont souvent sur le bout de la langue alors que les mots du lexique français quotidien ne leur viennent pas à l’esprit. Les auditeurs de la première chaîne auront entendu un l’excellent chroniqueur en matière internationale se contenter de l’expression « Ceux qui font du ‎monitoring… » (16 juin, 15 h 56). En France, on a proposé « monitorage » il y a quatre décennie. Ici, l’OQLF a officialisé le terme depuis. Usito, qui n’est pas très sévère à l’égard des mots anglais, écrit pudiquement à son égard : « … critiqué comme synonyme non standard de monitorage ». Ce dictionnaire et le Petit Robert ont des entrées au mot français. Mais leur présence ne suffit pas à répandre le mot parmi l’auditorat. Encore faut-il que chroniqueurs et notables des ondes s’en servent et habituent les auditeurs à la sonorité du mot.

Se payer la traite (2016)

2016.06.19. La journaliste qui a écrit, parlant de Mario Tessier et de sa prestation à titre d’animateur d’un gala d’humour : « L’animateur s’est payé la ‎traite » (Le Soleil, 11 juin, p. 28, 1e col.) ignore probablement qu’elle reproduisait une façon de dire de l’anglais. En français, une traite peut signifier trois choses : l’action de traire une vache, une lettre de change ou encore faire du troc. Il est difficile de croire que l’animateur a réalisé une de ces possibilités au cours du spectacle. Pour expliquer l’expression, rien de mieux de voir quelle expression nos concitoyens nord-américains utilisent dans les mêmes circonstances. Ne serait-ce pas « To treat oneself »? Et ne faudrait-il pas traduire par : L’animateur s’est amusé, s’en est donné à cœur joie, s’en est payé une tranche, s’est payé une partie de plaisir, une pinte de bon sang ? Il faut dire à la décharge des rédacteurs que les répertoires correctifs, sauf exceptions, n’ont pas encore relevé le calque

Le SPOT (2016)

2016.06.17. On lit sur la page Facebook de la Sympathique place ouverte à tous : « Le Spot ouvert », « C’est déjà demain que le Spot… » et « Ouverture du Spot ». On notera qu’il faudrait dire: LA Spot, car un sigle est du genre qu'impose sa signification en clair. On précise dans le Multidictionnaire… : « Les sigles sont du genre …du mot principal de la désignation abrégée ». Donc, ici, « place », mot féminin. Au demeurant, on dit "la sympathique place... Le journaliste N. Provencher a bel et bien vu la chausse-trape : il écrit « de Spot », « le logo Spot » et « Spot Saint-Sauveur » (Le Soleil, 17 juin, p. 12). L’auteur de la légende de la photo n’a pas fait preuve de la même prudence (« du Spot »). Mais il est difficile pour les Québécois, habitués au mot anglais "spot" prononcé à l'anglaise, de dire « la spot » ou « la spo »). Il est une solution: adopter l'acronyme: Sypot et l'expression "la Sypot". Le français est-il assez vivant et assez fort ici pour qu'on en arrive à des pratiques françaises? Et à des jeux de mots français (perçus en franglais) qu’on n’a pas l’habileté de faire avec notre vraie langue seconde, le français.

Événement (2016)

 2016.06.16. Faudrait-il caviarder les mots « manifestation », « regroupement », « rencontre », « spectacle », « congrès », etc. des dictionnaires français? Le mot «événement » les remplace en un tournemain. Relisons un article publié dans le Devoir (16 juin, p. 1+) sous le titre « Le mont Royal menacé… » : « …un lâché de lanternes volantes, un événement planifié… / 40 000 personnes s’intéressent à l’événement / … si certains Montréalais décidaient de matérialiser l’événement / l’événement contrevient à plusieurs règlements / Ce sera le moment… précise l’événement / les Amis de la montagne aux prises avec l’émergence d’événements / l’événement … rassemblait trois événements… / intervenir pour changer le lieu de l’événement». Le mot remplace tous les synonymes et toutes les analogies. Il faut retenir les expressions les plus savoureuses : l’événement précise que ce sera le moment idéal… et un événement peut en rassembler trois autres. Somme toute, nous assistons à un divin dérapage!

Opportunité de bâtir (2016)

2016.06.15. Le premier ministre Trudeau appuie la campagne de financement de la Humanitarian coalition (http://thehumanitariancoalitionenglish.cmail19.com/…/A9BF62…). Son message se lit : « Nous nous devons d’aider nos voisins les plus vulnérables et leur donner l’opportunité de bâtir… ». Le PM n’aurait-il pas dû utiliser « l’occasion » ou « la possibilité » de bâtir… »? Les auteurs du Multidictionnaire jugent que le mot « opportunité » est un anglicisme dans le contexte. Mais la condamnation n’est pas unanime. L’Académie française hésite entre le zist et le zest. Elle accepte son emploi au sens d’occasion ou de chance. Cependant, on lui laisse son sens original, c’est-à-dire « occasion favorable » ou « opportune ». En somme, y a-t-il lieu d’ignorer les deux significations possibles ? Sans doute n’est-il pas trop tard pour continuer à distinguer les deux nuances et à les préserver. Mais le combat sera difficile. Les médias ignorent de plus en plus la distinction. Le PM du Canada l’ignore à son tour.

Frappé par une voiture (2016)

 2016.06.13. On a entendu le chef d’antenne du Téléjournal affirmer en ondes que le chef de l’Opposition au Conseil municipal de la capitale « a été ‎frappé par une voiture » (13 juin, 18 h 13). De tels accidents s’expliquent sans doute en partie par la multiplication des autos intelligentes (!) en mesure de frapper un cycliste ou un piéton. Mais ils s’expliquent surtout grâce à l’influence sémantique du verbe anglais « to hit » si on se fie à l’observation du professeur Meney. Pour sa part, le grammairien en chef de Radio-Canada commente : « Il n’est pas impossible qu’un automobiliste en proie à la rage au volant frappe un cycliste. Il est cependant plus fréquent qu’un automobiliste heurte un cycliste. En effet, on frappe quelqu’un ou quelque chose avec son corps ou avec un objet, mais au volant d'un véhicule, on heurte ou on renverse un piéton ou un cycliste… ». L’Office québécois de la langue remarque de son côté : « L’emploi du verbe frapper est fautif au sens de « heurter, entrer en collision ». Voilà une expression à corriger devant la caméra et face aux téléspectateurs.

Plaza ?

2016.06.10. Les remarques d’ordre langagier adressées aux autorités administratives ou politiques semblent souvent mises sous le tapis. Pourtant, on se rend compte à l’occasion que des corrections sont faites presque en catimini. Ainsi, vient-on de remplacer l’appellation « ‪ ‎ « plaza Limoilou » par « place Limoilou » (communiqué de la ville de Québec daté du 10 juin). Telle est la révélation subreptice et inexpliquée faite tout uniment dans le communiqué : « Renommée place Limoilou… ». On passe sous silence l’appellation publicisée le 13 juin 2015 (Le Soleil, p.27) et utilisée durant les mois qui ont suivi. Il faut savoir gré à la mairie et à ses services toponymiques de s’être rendu compte que le mot « plaza » ne fait pas partie de la nomenclature française, qu’il nous vient de l’espagnol par l’intermédiaire de l’américain. Et que, au demeurant, le français a le mot ou les mots idoines. 

Straight (2016)

2016.06.09. Il y a des failles dans le français que nous parlons. Ainsi, il nous est difficile d’éviter le mot anglais « straight ». Le Devoir reproduit (8 juin, p. A 10) une phrase du metteur en scène ‎André Brassard : « On voulait ... faire un film straitgh. Ça n’a pas vraiment réussi… ». Brassard aurait plutôt fait un film « pas straitgh du tout ». On y reproduit la citation, on en fait un intertitre et on la met en médaillon. Brassard aurait-il pu employer des mots français sans avoir à préciser davantage sa pensée? Difficilement! car les solutions de rechange sont nombreuses. La Banque de dépannage linguistique (OQLF) en aligne une douzaine : conventionnel, conformiste, sérieux, traditionnel, classique… honnête, strict, loyal, juste, franc, droit, correct, normal, ordinaire, etc. En veut-on davantage? Meney (Dictionnaire québécois-français) signale en plus « conformiste », « réglo », « franco ». Le mot anglais a l’avantage de signifier tout et n’importe quoi. Exactement comme le mot « fonne ». Choisir le mot français propre à dire ce que l’on a l’esprit exige un effort. Et, dans le cas présent, le journal ni la journaliste n’y auront consenti. 

Partager ? une publication (2016)

2016.06.07. L’influence du langage informatique, l’automatisme et les psittacismes qu’il impose, sont observables quotidiennement. Vous ouvrez votre page Facebook et vous lisez, comme s’il s’agissait d'un leitmotiv ou d’un mantra, « XY a partagé une publication ». Qu’est-ce à dire? Il en donne une partie et il en garde une autre; il se réserve la table des matières et donne la table alphabétique? Il s’empare de l’introduction et sacrifie la conclusion. Amusons-nous à remplacer le verbe par des synonymes ou des analogies : découper, couper, diviser, morceler, débiter, fractionner, s’associer à…, etc. Le jeu conduit à une impasse ou à un cul-de-sac. Pourtant, contre tout bon sens, on «‎partage » encore et toujours une publication. Mais on peut ‎partager sa surprise ou son scepticisme devant une telle entreprise.

vendredi 19 mars 2021

Circulaire (2020)

2020-06-06. Les magasins Latulippe publient une page publicitaire dans un journal de Québec. On y lit l’invitation suivante : « Consultez la ‘circulaire été 2120’ au Latulippe.com». (Le Soleil, 6 juin, p. 5). Le mot circulaire est une impropriété inspirée par la proximité du mot anglais «circular», courant en publicité. En français, le mot désigne une lettre administrative. Les magasins seraient bien inspirés de profiter du passage de l’imprimé au document numérique consultable à distance et d'inviter les consommateurs à consulter «le prospectus», «la publicité», «la pub», ou «la page publicitaire». Latulippe est bien implanté dans la société québécoise, les chalands y sont nombreux. Il devrait contribuer à l’amélioration de la langue commune.

Annonce partagée (2020)

2020-06-21. À Monsieur Marc-Antoine Paquin, J’ai passé une semaine à Notre-Dame-du-Portage et j’ai eu l’occasion de lire l’Infodimanche daté du 17 juin. J’y ai lu votre phrase : « L’annonce a été partagée aux joueuses et joueurs, le 8 juin » (p. 47). C’est de l’anglais, mais les mots sont français. À la limite, si vous voulez utiliser la même formule, il faudrait écrire : « L’annonce a été transmise aux joueuses…». Je vois un commentaire du directeur de la révision des journaux de Québecor : « … le verbe ‘partager’ … ne peut pas être employé dans le sens de communiquer » (Les Mots dits…; 2016, p. 24). Si vous désirez contre-vérifier la justesse de l’observation, vous pourriez vous consulter le Multi dictionnaire (Marie-Éva de Villers; 2018) que vous avez sans doute sur votre bureau. Vous y trouverez : « partager un renseignement… Impropriété au sens de communiquer, faire part de….». Je suppose que l'Office québécois de la langue aborde le sujet. C’est dire qu’il faut toujours se méfier : le français québécois est largement influencé par l’anglais, mais à l’insu de tous. 

Abreuvoir ou fontaine ? (2020)

 2020-06-25. Les gymnases d’Énergie Cardio viennent de rouvrir leur porte. Les abonnés sont invités à prendre connaissance de conseils pratiques (Conditions de réservation). On y lit : «… les abreuvoirs ne sont pas disponibles pour le moment». Dans les pays francophones, un abreuvoir est un lieu où les animaux vont boire. Au Québec cependant, le mot est parfois utilisé pour désigner le distributeur d’eau aux humains dans les lieux publics. L’OQLF retient plutôt «fontaine» et réserve «abreuvoir» aux animaux. On retrouve une observation semblable dans le Multi dictionnaire (2018). Le régionalisme laurentien a de profondes racines. Léandre Bergeron (1980) note les variantes «abraouais», «abreuvoué» et «abreuvouére» mais n’en détermine pas les utilisateurs. N.E. Dionne relève la forme «abroué» en 1909 et l’exemple donné est limpide : «Va mener le cheval à l’abroué». Bref, l’abreuvoir était destiné aux animaux. Faut-il lui accorder une promotion ou favoriser «fontaine»?

 

Prononciation : Zoo (2020)

2020-06-24. Le journaliste Olivier Lemieux fait un reportage sur la construction à venir d’une école à l’emplacement du stationnement de l’ancien jardin zoologique, dans le voisinage rue de la Faune et avenue du Zoo. Malheureusement, le journaliste ignore encore la façon de prononcer l’apocope «zoo» (Téléjournal Québec, 23 juin, 18 h). Il peut exciper du fait que toutes les générations de Québécois ont assimilé et utilisé la prononciation anglaise «zou». Mais il lui faudrait, à titre de journaliste du réseau français, prendre l’habitude de dire «zô». De nombreux téléspectateurs souhaitent corriger la mauvaise habitude. Il n’y a aucune raison de seriner la prononciation anglaise. En passant, le conseiller linguistique du réseau présente une note à ses collègues : «Le mot zoo se prononce ZÔ. La prononciation zou est anglo-saxonne. Il suffit de se rappeler qu’on ne parle pas d’un jardin zoulogique!».

jeudi 18 mars 2021

L'accident est terminé (2014)

2014.10.16. L’écoute même distraite de la radio révèle souvent un manque de préparation des journalistes. Le reporteur spécialisé en circulation à la première chaine (Québec), M.A. Boivin, annonce parfois à ses auditeurs que « l’accident est terminé ». On l’a entendu décliner une fois de plus (15 octobre, vers 17 h 20) « On vient de terminer notre accident à la sortie du pont… ». Les auditeurs devinent ce qu’il veut dire. Mais il ne l’a pas dit. S’il continue sur sa lancée, il nous annoncera bientôt : « l’accident n’est pas encore commencé » ou « présentement, l’accident est en cours ». Ce serait dans la logique des choses. On comprend bien que le reporteur travaillant en direct ne peut hésiter ni se demander si sa phrase a du sens, mais au moins devrait-il tâcher d’intégrer pour l’avenir des façons de dire plus acceptables : tout est revenu dans l’ordre, la circulation a repris normalement... 

Revoler, «Arvoler» (2014)

 2014.10.17. Faut-il critiquer ou adopter le verbe « revoler » entendu à la première chaîne de la radio fédérale (15 octobre, vers 17 h 15). Cet après-midi-là, sous les coups du vent, les feuilles de certains arbres sont tombées de manière soudaine et intense. Témoin du spectacle, l’animatrice a parlé des «feuilles qui revolent ». Le sens donné au verbe (voltigent, virevoltent, tombent) est québécois. On le classe comme une impropriété » ou un barbarisme dans les ouvrages et guides correctifs (Dagenais, Villers). Des dictionnaires d’usage l’enregistrent mais notent pudiquement « parfois critiqué » (Usito). Le verbe, dans le sens qu’on lui donne ici, est noté dans Parler populaire… de N.E. Dionne (1909) et dans le Bélisle (1979). Il est bien enraciné, mais en a-t-on vraiment besoin du régionalisme? Ailleurs, il semble que non. Au demeurant, on n’arrive pas à le bien prononcer et on se contente de « arvoler ».

Scrapper (2014)

2014.10.19. L’humoriste Jean-François Mercier fait fond sur la qualité comique des sacres, sur une langue joualisante et anglicisée. Il fait de même dans la vie quotidienne comme l’illustre une phrase reproduite dans le Soleil à la suite d’une longue entrevue : « … les mères ont mis leur vie sur le hold pour nous élever et elles nous le font savoir… ça serait le fun que tu ne scrappes pas la tienne » (Le Soleil, 18 octobre, A2-A4). Faut-il lui faire confiance et croire qu’il aurait pu traduire tout cela en français pour un journal abidjanais ou genevois? Et dire : les mères québécoises ont fait une pause dans leur vie et il serait merveilleux qu’un enfant ne gaspille pas sa propre vie. Il faut lire l’entrevue : elle est très riche de mauvais exemples (mon point, c’t’assez tabarnak, bracket, je trippe, marde¸etc.). 

Tirer la plogue (2014)

2014.10.20. Les organisateurs de Woodstock en Beauce déclarent forfait, reprennent leurs billes, abandonnent, renoncent, mettent fin à l’entreprise, mettent la clé sous la porte, ferment les livres, etc. Certaines expressions se trouvent dans l’article publié sous la plume d’Ian Bussières dans le Soleil du 18 octobre (p. 2), d’autres, non. Le titreur avait donc le choix mais il lui fallait faire mieux. Il a trouvé « Woodstock en Beauce tire la plogue ». Il a eu la prudence de guillemeter l’expression « tirer la plogue ». Le franglicisme « plogue » est la transcription phonétique du mot anglais « plug » signifiant « prise de courant ». C’est déjà un bel effort : on n’a pas réussi avec « fonne », « baguel », « iglou », mais on a « lousse », « toune » et, souvent, « coquetel ». Le français québécois n’utilise pas toujours les mots ou les idiotismes français qu’il néglige mais il donne à l’occasion une graphie française aux mots anglais empruntés. 

Joindre un groupe (2014)

2014.10.21. Il arrive souvent que les Québécois ne sachent pas à quel mot ou à quelle expression se vouer. Et pour cause! Des signaux contradictoires lui viennent de médias. On écrit en première page du Soleil (20 octobre) : « Des ambulanciers… se joignent à un groupe… » et, en page 2, « Des ambulanciers… joignent un groupe… ». À Radio-Canada, première chaine, on a entendu (un peu après 17 h 47) : « on n’a pas émis de commentaire » et « Le Royal sélect … a émis un communiqué ». Le locuteur ordinaire n’a pas à réfléchir et à se demander quelle est la bonne expression à utiliser. Mais les médias, de leur côté, devraient faire les choix qui s’imposent et proposer le bon usage à leur auditoire: on se joint à un groupe; on émet des commentaires ou des opinions; on publie, lance ou diffuse des communiqués. Car leur influence est beaucoup plus profonde que celle de l’école ou des dictionnaires

Oeuvrer (2014)

 2014.10.24. La langue des Québécois vit une tragédie : les personnes médiatisées (élus, journalistes, humoristes, enseignants, etc.) font peu d’efforts pour éviter les fautes courantes. À preuve, la ministre de la Sécurité publique a souligné qu’il n’y a pas de chance à prendre avec la sécurité des élus et des gens qui « oeuvrent » au parlement du Québec (Le Soleil, 23 octobre, p. 12, 2e col.) à la suite de l’assassinat d’un militaire à Ottawa. N’aurait-il pas fallu considérer que les employés de l’Assemblée nationale travaillent tout simplement comme le font les fonctionnaires des villes, des conseils scolaires ou de l’État? Règle générale, on œuvre pour une bonne cause, mais on travaille pour gagner sa vie. C’est le cas des fonctionnaires parlementaires même s’ils adorent le milieu et s’ils mettent leurs talents aux services des élus. À la limite, on pourrait considérer que les élus oeuvrent en faveur des citoyens et de leur bien-être.

Canne (2014)

2014.10.27. Le chroniqueur D. Desjardins n’apprécie pas qu’on lui fasse des remarques langagières. Samedi (Le Devoir, 25-26 octobre, p. B-5), il a reproché à madame M.É. de Villers d’avoir dénoncé son emploi de « canne » de conserve au lieu de boîte de conserve. Il assimile la linguiste à un flic de la langue et il chante les louanges de la « canne », laquelle ferait vrai, comme le mot « fuck » dans le langage de X. Dolan. Desjardins affirme « J’ai écrit canne pour faire vrai, familier, et parce que cette vérité avait du rythme ». Sans doute comme d’autres mots présents dans son texte (viarge, shit, crisse) et comme d’autres qu’on peut lui suggérer (call, chum, item, lousse,shift, tailgage, timing, truck, etc.)! Si ces mots ont plus de rythme que leurs équivalents français, s’ils illustrent mieux la réalité des choses dans l’esprit du journaliste, si c’est le seul type de mots qui lui vient à l’esprit quand il veut faire évoluer le français parlé en sol laurentien, il peut changer de programme. Il est loin de suivre les brisées de San-Antonio.

Représentations (2014)

2014.10.30. Si un auditeur fait remarquer à un animateur de la première chaine (Radio-Canada) qu’il utilise un calque quand il pose la question « Est-ce que vous faites des représentations ?», il lui répondra peut-être qu’il exagère et que tout y est en français. Mais cette façon de s’exprimer n’est pas courante en français standard. Les spécialistes considèrent qu’on devrait corriger la phrase. L. Meney note qu'elle survit ici en raison de la proximité avec sa jumelle (to make representations). De plus, une capsule du Français au micro se lit ainsi : « Faire des représentations est un calque de l’anglais... selon le contexte, on (pourrait) dire : (avoir) l’intention de faire des démarches auprès des gouvernements ou ... ». On peut supposer que ces capsules s’adressent aussi aux animateurs de Radio-Canada. Or C. Bernatchez a lancé l’expression en ondes le jeudi 30 octobre (8 h 42), des milliers d’oreilles l’auront entendue, des centaines la répéteront.

Voir qu'esr-ce que ça va donner ! (2014)

2014.10.31. Les journalistes n’ont pas à donner des cours de français. On s’entend assez facilement là-dessus. Mais est-il acceptable qu’ils ne sachent pas quand utiliser la formule interrogative « qu’est-ce? » et quand la laisser de côté dans une phrase affirmative? Plutôt que dire « voir d’abord ce que cela va donner », un journaliste du Soleil, N. Houle, invité à Radio-Canada (première chaine, 31 octobre, vers 15 h 48), s’est satisfait de « voir qu’est-ce que ça va donner ». Une minute plus tard, il a répété la formule « voir d’abord qu’est-ce qu’ils peuvent faire avec ça » alors qu’il aurait été plus correct de dire : « voir d’abord ce qu’ils peuvent faire avec ça ». Oui, c’était en direct; oui, c’est le langage populaire de la rue; oui, mais doit-on accepter de tels solécismes sur les ondes?

Focussé ... Abreuvoir (2014)

 2014.10.31. Les animateurs et les journalistes de Radio-Canada prennent-ils le temps de consulter les capsules que Guy Bertrand et son équipe rédigent à leur intention? Ils devraient pourtant le faire. Et les auditeurs ne devraient pas hésiter à leur recommander le corpus des 1900 textes du site Le Français au micro lorsqu’ils trébuchent. Ce fut le cas le 29 octobre (15 h 12 +). On commentait le bris d’un conduit d’eau à Québec. D’entrée de jeu, l’animatrice nota qu’on s’était « focussé » (sur un autre problème la journée antérieure). Puis un reporteur (Michel…) a annoncé qu’on avait fermé l’alimentation des « abreuvoirs » dans les écoles. Les deux mots sont commentés par les langagiers de la chaîne. « Focussé » se dirait plus justement « focalisé », « insisté sur », « concentré sur ». Et un abreuvoir serait réservé aux animaux. Les élèvent devraient avoir une fontaine à leur usage. Somme toute, le Français au micro peut encore servir à Radio-Canada et à ses collaborateurs.

Boost (2021)

2021-03-17. Serait-ce l’ignorance, le suivisme ou le snobisme? On écrit dans le bulletin numérique quotidien du Soleil (17 mars) : «Une bouffée d’air et un boost de motivation» à propos de la rentrée scolaire de l’après-covid (!). C’est peut-être aussi la mauvaise connaissance du français. Il est fort possible que les Québécois de jadis, disons du XVIIIe siècle, durent connaître de tels phénomènes. Mais en l’absence du mot américain renoncèrent-ils à ces moments de contentement ou d’euphorie? Impossible. Un journaliste auraient sans doute dit «un supplément de motivation». Les habitants auraient contourné la difficulté et ils auraient parlé d’un petit remontant, d’un coup de fouet, d’un stimulant. Mais appliqué à des élèves, mieux opter pour «surplus» ou «supplément» de motivation». Mais cela n’a pas le charme de l’américanisme!

Représentations (2021)

 2021-03-16. On a beau être contre le bilinguisme de l’État québécois et des tribunaux, il reste que les Québécois sont « bilingues de naissance » : ils emploient, sans s’en apercevoir, nombre d’expressions calquées. C’est probablement le cas de Paul Bégin, ancien ministre, lequel écrit : «… qu’elle ( la juge en chef) fasse… ses représentations au ministre» (Le Devoir, 16 mars, p. A 6). Un petit détour par la Banque de dépannage (OQLF) est instructive. Elle apprend la chose suivante aux bilingues que nous sommes :« La locution faire des représentations est un anglicisme : elle est … calquée sur l’anglais to make representations. On la remplacera donc par des expressions telles qu’intervenir, faire des démarches, exercer des pressions. D’autres répertoires font la même remarque (http://asulf.org/representation/ , Usito). Pour faire le détour, choix volontaire, il faut douter et rester alerte. Ce n’est pas une déviation.

Fake news ou fallaces? (2021)

 2021-03-15. Les Québécois, ce doit être un réflexe universel, utilisent les mots et expressions proposés par l’Amérique. On relève dans le Journal de Québec la manchette «… Harry et les fake news» (15 mars, p. 41) et dans le Devoir «Le professeur… s’intéresse… à la diffusion des fake news… » (15 mars, p. B 4). Un archéologue (!) vient de déterrer un mot français qui signifie «fallacieux» (adjectif qui correspond à «fake»). On trouve le substantif - fallace - dans des dictionnaires du XVe et XVIe siècle. On le trouve dans Les Mots disparus du Littré (2008) et dans le Dictionnaire Quillet de la langue française (1948). La définition du Quillet est «Fraude, tromperie». On pourrait tâter le terrain et écrire «… une fake news (fallace)…» ou «… une fallace (Fake news)…». À long terme, on pourrait enrichir le français courant de son mot oublié!

Représentations sur peine (2021)

 2021-03-14. Note adressée à madame I. Mathieu (le Soleil). Vous écrivez au sujet du procès d’un adjudant des Forces armées du Canada, procès en cours : «Les représentations sur la peine auront lieu par la suite» (Le Soleil, 13 mars, p. 11). Le mot ‘représentation’ est ici un calque sémantique ou un ‘anglicisme d’habitude’. En anglais, le mot désigne un exposé des faits et une argumentation. Ce n’est pas le cas en français. On a écrit «On use et on abuse du terme… La vogue de ce terme au Québec… s’explique par l’influence de l’anglais…» (Difficulté du langage du droit au Canada). Aussi aurait-il été préférable de dire : «Les observations sur la peine…», notions recouvrant à la fois la réquisition de la Couronne et la proposition de l’avocat de l’accusé.

dimanche 14 mars 2021

Des peanuts! (2012)

2012.12.30. Le chroniqueur du Soleil, François Bourque, aime bien répéter un franglicisme de temps à autre. Cela fait populo. Aujourd'hui (30 décembre), il fait appel à l'expression "des peanuts" pour qualifier un montant de 100 000 $ sur 1 500 000 $. Il aurait pu écrire "des nèfles", "de la roupie de sansonnet", "des riens", "des clous", ou en franglais amélioré : "des pinottes". Les journalistes pourraient certainement continuer à bien écrire sans utiliser les franglicismes bien implantés dans le milieu, mais largement dénoncés.

Prononciation Hawaï (2012)

2012.12.26. Pourquoi prononce-t-on a-wai et non a-wa-i au réseau français de Radio-Canada? quand il est question de Hawaï (constatation faite lors des nouvelles de la Première chaîne, 14 h, 26 décembre). On comprend que le réseau d'État veuille respecter les prononciations anglaises des toponymes du Canada et les prononciations françaises pour ceux du Québec et du Canada français. Mais pourquoi appliquer la règle aux États-Unis? Et pourquoi la négliger quand on a affaire à des noms russes, norvégiens, boliviens, asiatiques ou moyen-orientaux? L'avenir du français, au Québec, se joue sur de nombreuses petites choses, sans importance prises individuellement, mais importantes globalement

Avertissement de neige en vigueur (2012)

2012.12.27. Les médias électroniques sont des couvoirs langagiers aux moyens de diffusion quasi instantanés. Ils ont habitué les auditeurs et les téléspectateurs aux "avertissements de neige (ou de tempête) en vigueur". Personne ne s'en surprend. Tous osent espérer que l'avertissement aura un effet, que la neige, une fois mise au courant, ira tomber ailleurs. Idem de la tempête. Entre-temps, l'avertissement sera peut-être révoqué, annulé ou aboli. Autrefois, les virus langagiers mettaient du temps à se répandre. Aujourd'hui, tout se fait en un tournemain, sans réflexion.

Graduer (2012)

 2012.12.20. Entendu ce matin (20 décembre) à la Première chaine, vers 8 h 20 : un joueur de hockey aurait eu la chance de "graduer". C’est de l’anglais bien caché sous des mots français. Le mot graduer, en français, n’a pas le sens d’avoir une promotion. Faudra-t-il mettre l'anglais obligatoire en première année du primaire afin que les Québécois apprennent cela?

Quelque 12 personnes (2012)

2012.12.18. On abuse beaucoup de l'adverbe "quelque". Le journaliste Matthieu Boivin écrit dans le Soleil du 18 décembre 2012 (p.8): "la SQ rapportent quelque 95 accidents". Souvent, l'adverbe n'ajoute rien (quelque 3 000 personnes): on sait bien qu'on veut dire environ 3 000. Pis, on se permettra à l'occasion : "quelque 12 personnes". Un coupeur de cheveux en quatre posera la question, si l'on revient à M. Boivin : est-ce à dire qu'on pourrait avoir douze personnes et demie? Mieux vaut négliger "quelque" à l'occasion.

Emphase ? (2012)

2012.12.17. Met-on l'accent sur quelque chose ou y met-on de l'emphase? J''ai entendu il y a une heure à la Première chaîne un animateur et un témoin parler de "mettre l'emphase sur...". C'est péjoratif, c'est exagérer et ce serait une mauvaise traduction de l'anglais. En français, on met plutôt l'accent sur quelque chose, on insiste  sur... .  Mais il est difficile de ne pas répéter les expressions fautives quand on les entend constamment!

De (patronymique) (2012)

 2012.12.12. On semble ne pas savoir comment écrire le nom de madame Diane de Courcy. Le Devoir et d'autres publications écrivent: Diane De Courcy. Pourquoi? On écrit encore Jean de La Fontaine, Charles de Gaulle, Dominique de Villepin. Au Québec, on a la majuscule facile! Et on ignore les guides typographiques.

Surhauteur ? (2012)

2012.12.11. Le Carrefour de Québec du 7 décembre nous apprend que des élus et des fonctionnaires municipaux ont inventé le mot "surhauteur" pour désigner des étages supplémentaires construits en retrait par rapport à la rue. Or on a déjà le mot "attique", lequel s'applique étrangement au projet envisagé. Peut-être faudrait-il à l'occasion retourner au Petit Robert.

Resort (2012)

2012.12.09. Le maire de Québec, monsieur Labeaume, ne peut tout dire en français. Le 28 novembre dernier, on apprenait dans le Soleil (p. 5) qu'il s'était trouvé dans un cul-de-sac : il a buté sur "resort" et sur l'expression "bâti out of nowhere". Ce n'est pourtant pas du langage spécialisé. On peut dire "station de villégiature" dans le premier cas et "bâti à partir de rien" dans le second. Un jour, il faudra proposer des cours de français intensif et correctif à nos élus.

 

Vélo boulevard ? (2012)

2012.12.07. Réaliser des pistes cyclables urbaines au Québec est plus facile que de les coiffer d'un terme générique. Un exemple: la piste qui ira du parlement à l'Université Laval. Depuis dix-huit mois, journaux et médias, site web de la ville et administrateurs, répètent le franglicisme "vélo boulevard". Maintenant, on voudrait renverser la vapeur. On donne sans vergogne le mauvais exemple pendant près de deux ans, on habitue yeux et oreilles, on imprime le calque dans les mémoires. Il faudra beaucoup de patience et d’efforts pour amener locuteurs, administrateurs ou webmestres à utiliser une expression correcte. À l’avenir, dans une situation semblable, il faudra mettre les linguistes et les terminologues dans le coup au départ.

La chute Montmorency ou les chutes Montmorency (2021)

2021-03-14, Comment les réviseurs du Soleil ont-ils pu ignorer qu’il n’y qu’une chute Montmorency? (le journal du 13 mars, p. 4). Un simple coup d’œil permet de le constater. La consultation du Répertoire toponymique du Québec le confirme. Des répertoires correctifs le reconfirme! D’où vient la méprise? Il est bien possible que l’auteur de l’article ait été influencé par l’appellation «Montmorency Falls»: la traduction littérale donne bien: «les chutes... ». Ce n’est pas la première fois à Québec qu’un toponyme français est écrasé sous le poids de l’anglais. On a toujours «Cap-Diamant» (au lieu de Cap-aux-Diamants), on a toujours «rue du Petit Champlain» (au lieu de Petite rue Champlain), et «rue Belvédère» (au lieu de rue du Belvédère). Il faut peut-être conserver ces trois classiques stigmates de la domination de l’anglais. Mais il faudrait éviter d’en développer un nouveau.

Unité de logement (2021)

2021-03-13. Il semble bien que l’habitude de parler «d’unités» au lieu de «logements» ou «d’appartements» nous vient de l’anglais. Les avis sont partagés cependant. Pierre Cardinal note : «Le terme ‘unité de logement’ est courant en français général … même si on le prétend parfois calqué sur l’anglais…». Lionel Meney note quant à lui : «infl. de l’angl; en français standard , la plupart du temps, on n’exprime pas ce terme; il reste implicite». On lit dans le Devoir (12 mars, p. 1-3) «… 16 logements… 16 unités… des logements…des unités comprenant trois à cinq chambres». On ne lie pas les deux substantifs. Mais remplacer le mot «logement» par «unité» n’est pas recommandable. Selon G. Dagenais, on ne désigne pas, en français, un objet concret par un mot abstrait quand les mots concrets existent.

Chez ou De chez... ? (2021)

2021-03-11. «William Rainville, un employé de chez Desjardins» (Le J. de Qc, 10 mars, p. 2). On comprendrait si Chez Desjardins était la raison sociale d’un marchand de vêtements… Mais on parle ici des Caisses Desjardins. On peut dire qu’on va chez Desjardins même s’il s’agit d’un établissement bancaire. Jusqu’à maintenant, c’était le type de problèmes dont on parlait à propos de la préposition. Mais «…de chez Desjardins»? On aurait pu dire : «du côté de chez Desjardins» comme «Du côté de chez Swann», c’est-à-dire avec un complément de lieu. À la limite, on peut dire que la tournure est plus que familière et qu’on l’aurait pardonnée à un témoin. Mais pas à un journaliste. Les réviseurs du journal – il en faut toujours - auraient dû rectifier l’expression et écrire «un employé de Desjardins».

Bullshit ! (2021)

2021-03-10. La députée de Taschereau, Catherine Dorion, est perméable au franglais courant et au langage de bas étage. Commentant l’embrouillamini des projets de tramway dans la capitale, elle dénonce «la bullshit» gouvernementale (Le J. de Qc, 10 mars, p. 7). Le mot est proscrit à l’Assemblée nationale, mais non au cours de réunions publiques extérieures. C’est, il va de soi, une question de savoir-vivre et de civisme. Mais il y a plus : il y a des expressions françaises qui se présentent au portillon et qui souhaiteraient leur part de publicité et de boulot : «des conneries!», «de la foutaise!», «des bêtises!», «des balivernes!» Elles seraient peut-être, à long terme, un bon tremplin vers le maroquin de la Culture et de la langue. 

jeudi 11 mars 2021

«Dernier droit» (2021)

 2021-03-06. Il est écrit à propos de l’expression «dernier droit» dans la Banque de dépannage linguistique : «On peut penser que l’emploi de 'droit' (qui n’a pas le sens de « ligne droite » en français) est influencé par l’anglais; dans cette langue, les expressions équivalentes sont last straight, finishing straight ou home straight, ... ». D’autres usuels relèvent l’impropriété : le Multi, Le Lexique des difficultés… (P. Roux), le Dictionnaire québécois-français, Usito…sans oublier la fiche (http://asulf.org/dernier-droit/). Il est anormal que les correcteurs automatiques laissent passer l’expression. C’est pourtant le cas dans la chronique du jour signée par Jean-Marc Salvet : «... dans le dernier droit des élections...». (Le Soleil, 6 mars, p. 16). Les solutions de rechange sont aisées à trouver. Heureusement, les dégâts sont limités: l’équipe de la titraille ne l’a pas mise sous les projecteurs de la manchette! Mais quelques lecteurs l'auront mémorisée et la répéteront par psittacisme.

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...