lundi 21 février 2022

Perdurer (2022)

2022-02-14. De manière générale, la langue évolue naturellement. Les mots changent de sens, on en abuse. Critiquer les écarts semble inutile. Si on écrit «… blocage qui perdure […] depuis lundi…» (Le Journal de Québec, 14 février, p. 2), on ignore la signification traditionnelle et courante du verbe. Le Petit Robert lui accorde le sens de «durer toujours» et de «se perpétuer». Le déverbal «perdurable» signifie encore, selon la même source : éternel et qui dure longtemps. Il y a un écart, mais le verbe s’installe. Serait-ce besoin d’un jargon pédant? Ou besoin d’employer un mot qui fait plus sérieux que «durer», qui a l’air plus scientifique? «Associer ‘perdurer’ à ‘quelque temps’», écrit Michel Mourlet, ou à «depuis lundi», «c’est à peu près comme si l’on écrivait [...] l’ivrogne zigzaguait droit devant lui». Il est bien de le noter, mais le verbe va durer quelques décennies et même perdurer. 

Fait à... ou Donné à... (2022)

2022-02-13. À la ville de Scott. La ville de publie un avis dans le Journal de Québec au sujet de la rémunération de ses élus (13 février, p. 21). C’est un bel acte de transparence. Il serait préférable cependant de présenter autrement la signature. On lit «Donné à Scott, ce 10 janvier 2022 / Marie-Michèle Benoit, Directrice générale et greffière-trésorière.». L’expression «Donné à…» semble une règle d’écriture employée ici depuis le XIXe siècle sous l’influence de l’anglais. Le professeur Jean Darbelnet le pense. Et il propose son remplacement par «Fait à…» (Dictionnaire des particularités de l’usage; 1986). L’Asulf (www.Asulf.org) recommande le changement depuis 2014. Nombre d’administrations le font. Vous pourriez aussi adopter une autre norme épistolaire. Le Français au bureau (2014, p. 543) suggère la forme de signature «La directrice générale et greffière-trésorière, Marie-Michèle Benoit». Ce sont sans doute deux peccadilles, mais elles sont faciles à corriger ou à améliorer.

Pas pantoute (2022)

 2022.02-13. Nous sommes souvent fiers d'expressions originales utilisées par les Québécois («astheure», «bécosse», «tracel», etc.) . Aujourd’hui (12 février), les locuteurs de Radio-Canada auront entendu «pas pantoute». François D’Apollonia (Le Petit dictionnaire des québécisme; 2010) juge que l’expression est une déformation d’un syntagme français. Il y a 50 ans, L.P. Béguin écrit à son sujet : «Le mot […] signifie […] pas du tout. Il commença par l’expression : ‘pà en toute’, puis devint ‘p’en tout’ et enfin se figea en un seul mot : pantoute. C’est un exemple de contraction de deux éléments…» (Le Nouvelliste, 15 mai 1972). Lionel Meney note pour sa part : «corruption de ‘pas en toute’»(1999). On trouve le mot dans le Glossaire du parler français (1930), dans le Bélisle (1979) et dans le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui (1992), dans le Petit Robert et même dans le Dictionnaire historique. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il faille l’utiliser en ondes ou quand une langue soutenue s’impose.

Comme disent les Anglais (2022)

2022-02-12. Gérard Bouchard est fier d’être québécois, mais des questions le préoccupent. L'une d'elles: l’avenir de notre parler. Il écrit : «La nouvelle vague d’anglicismes qui déferle […] sur notre langue […] témoigne d’un relâchement difficile `expliquer. […] les emprunts à l’anglais prolifèrent. Un usage qui m’agace […] c’est quand un locuteur insère dans un texte ou une conversation un mot ou une expression anglaise («comme disent les Anglais»). Sous-entendu : l’expression française est trop pauvre (trop ‘cheap’), elle ne fait pas le poids. Ce procédé dévalue notre langue» (Le Devoir, 12 février 2022, p. B13).

Détour et Déviation (2022)

2022-02-09. Un collaborateur critique faisait la relecture de la chronologie des faits de qualité de langue au Québec. Il s’est arrêté à la ligne : «2000-06-26. Avis de recommandation du mot 'détour' (à la place de 'déviation' ». Il a eu la curiosité de consulter la fiche terminologique de l’OQLF datée de 2001. On y justifie le demi-tour de l’Office. Un linguiste Robert Dubuc aborde le sujet : « Au Québec, nous avons adopté le français comme langue officielle. […] Aussi faut-il s’inquiéter lorsqu’un organisme officiel, mandaté par la loi pour promouvoir et défendre l’intégrité de cette langue […] approuve des transgressions de la norme générale. C’est ce qui s’est produit […] lorsque le Conseil d’administration de l’Office […], revenant sur une décision antérieure et passant outre à l’avis donné par sa Commission de terminologie, a officialisé l’emploi du mot 'détour'… » (Au plaisir des mots ; 2008). Deux mois après la publication de l’avis, on écrivit dans l’Expression juste (Août 2000) : « L’Office recommande un calque de l’anglais qu’il a dénoncé il y a 20 ans …». L’Office venait de céder face aux pressions d’un ministère.

Salle de montre (2022)

 2022-02-08. Les V.R. Saint-Nicolas invite les consommateurs à visiter leur salle «de montre» (Le J. de Qc, 8 février, p. 15). Les Québécois font un effort depuis un demi-siècle pour éviter le mot anglais «showroom». Pierre Beaudry, chroniqueur à la Presse, a dénoncé la traduction littérale il y a près de cinquante ans. Il suggéra de dire «salle d’exposition». On lit dans le Français au micro : «La salle où un marchand expose de façon avantageuse les produits qu’il vend s’appelle ‘salle d’exposition’. Salle de montre est le calque de l’anglais…». Les deux avis sont corroborés par les dictionnaires de traduction. C’est dire que le vendeur de véhicules récréatifs pourra, sans crainte, remplacer la forme fautive en 2023.

Amener ou Apporter ? (2022)

2022-02-07. On parle la plupart du temps de manière spontanée et en faisant fi des nuances. Toutefois, la rédaction d’un texte publicitaire devrait permettre aux concepteurs de réfléchir aux mots utilisés. Un exemple. La Une du Journal de Québec proclame un message de LaVue.ca: «Amène ta prescription…» (7 janvier). Selon le Multi dictionnaire, le verbe signifie : «Conduire quelqu’un vers un endroit ou vers une personne». On y ajoute : «On amène une personne, un animal, mais on apporte une chose». La confusion n’est pas que québécoise. L’Académie française précise : «Le verbe amener est surtout suivi d’un complément désignant une personne ou un animal». Mais la frontière est poreuse entre les deux verbes. Après réflexion, l’entreprise pourrait écrire «Apporte ta prescription…» ... (mieux: ton ordonnance).. Il faut se rappeler que ‘amener’ incorpore le verbe ‘mener¯ et ‘apporter’, le verbe ‘porter.

Sécure ? (2022)

2022-02-06.  À Monsieur Bruno Marchand (maire de Québec). Un citoyen lambda hésite à adresser une remarque à un élu, en principe un tribun, ou à des professionnels de la langue. Mais à la lecture d’une observation de Jean-François Lisée, on se sent dédouané. Selon le Journal de Québec (6 février, p. 6), vous auriez dit : «L’important, c’est […] qu’on s’assure que la ville est sécure». Sécure!? Le Multi dictionnaire note : «Anglicisme pour ‘en sécurité», ‘sûr’». Pour sa part, l’Académie française commente : «Les formes ‘sécure’ et ‘insécure’ sont des anglicismes que l’on ne doit pas employer pour ‘sûr’, […] ‘qui n’est pas sûr’». Bref, vous aviez «sûr» à votre disposition et aussi «sécuritaire». Suffit! Et la phrase de Lisée? La voici : «… une bonne partie des journalistes et animateurs ont un stock d’erreurs de langage qu’ils répètent sans que jamais personne les leur signale ». Chose faite pour un élu.

Raisons sociales: Flirt Drink (2022)

 2022-02-05. Flirt Drink (Gatineau). Vous êtes sensibles à l’environnement et vous vous dites écoresponsables. Vous voulez vendre des produits socio-responsables (Le Soleil, 5 février, p. 28). Les consommateurs ne peuvent qu’être d’accord avec votre sensibilité et votre vision. Votre entreprise s’appelle Flirt Drink et elle est pourtant québécoise. Le siège est à Gatineau. Il y a là, à première vue, un hiatus. Ce qui détruit la qualité de vie détruit aussi la civilisation. Ce qui néglige la langue commune de la société québécoise n’est pas vraiment socio-responsable. Il faut préserver l’environnement physique, mais il sied également d’éviter la pollution injustifiée de la langue. Se contenter de l’appellation Flirt Drink, c’est freiner l’enrichissement du français d’ici, le ravaler et le vandaliser. Mais cela ne nuira pas à vos succès.

Paramédics? (2022)

2022-02-03. On comprend bien qu’une association d’ambulanciers de la capitale fédérale s’appelle Professional Paramedic Association. Ce qui est moins acceptable c’est que les journaux de Québecor et la journaliste A.C. Desplanques traduisent l’appellation par Association des paramédics… (Le J. de Qc, 3 février, p. 12). Le mot, pris comme substantif, n’est pas français. Il est même un emprunt direct à l’anglais. On le traduit par «ambulancier». Cependant, les ambulanciers de la nouvelle génération seraient mieux formés et mieux équipés que les prédécesseurs. D’où le besoin d’annexer «professionnel» et «paramédic». Ils auraient pu s’appeler «techniciens ambulanciers» ou simplement «ambulanciers». Les spécialistes de la santé ont tous des formations adaptées à l’époque et des moyens idoines, mais ne changent pas pour autant d’appellation. Les soi-disant professionnels auront sans doute un jour le moyen de trouver les mots français pour s’afficher.

Médecin de famille (2022)

 2022-02-02. Le ministre de la Santé, monsieur Dubé, souhaite obtenir toutes les données statistiques qui lui seraient utiles dans les négociations avec les médecins de famille, aussi appelés omnipraticiens (Le Devoir, 2 février, p. A3). L’expression «médecin de famille» ne signifie pas que le médecin est affecté à une ou des familles. Poser la question «combien de familles ont leur médecin?» conduirait à l’explication : le même médecin soigne rarement le père, la mère, les enfants et les grands-parents. Ici, chacun a son médecin en principe. Il faut réduire le sens de l’expression au type de médecine générale offert à l’ensemble de la population. Les universités ont élaboré des cours de «médecine familiale», cours orientés non pas vers la santé de la cellule familiale elle-même, mais vers les individus qui la composent. Bref, le médecin de famille et le curé de campagne sont des cousins. Le médecin a ses patients, le curé, ses ouailles.

Prononciation: Gym (2022)

2022-02-01. Il semble bien que la prononciation de l’apocope «gym» restera «dgym». On l’entend constamment sur les ondes. Monsieur le premier ministre Legault l'utilise à sa séance covidienne d’information télé (1er février, 13 h 6). L’exemple équivaut de fait à une approbation officielle! C’est dire que l’abréviation du mot «gymnase» devrait prendre place dans la Banque de terminologie du Québec, dans Usito, dans les dictionnaires de la francophonie et dans les répertoires correctifs. Le Robert aligne déjà les arabismes djebel, djellaba, djihad, djinn. Avec «dgym», on aura à la fois un néologisme, un laurentianisme et un américanisme. Par ailleurs, la graphie correspondra à la prononciation. Les autorités linguistiques québécoises n’hésiteront pas à entériner une pratique illustrée par le chef du gouvernement lui-même! 

mercredi 2 février 2022

Prendre pour acquis (2022)

 2022-01-31. On reconnaît que l’expression «prendre pour acquis» est un calque de l’expression anglaise «to take for granted». En français, on dit «tenir pour acquis» d’une manière générale, expression connue et souvent entendue sur les ondes. Des locuteurs ont donc appris la bonne tournure. Aussi est-il décevant d’entendre le premier ministre Legault prononcer le calque : «On ne prend rien pour acquis» (Le Devoir, 31 janvier, p. A4). Il parlait de l’élection partielle dans la circonscription de Marie-Victorin. En temps normal, l’expression franglaise et la correcte sont employées par les porte-parole des gagnants antérieurs, lesquels ne présument pas que la victoire leur soit assurée. Somme toute, ils comptent tout faire pour conserver la circonscription. Ils ne présument pas de la victoire.

Opportunité (2022)

 2022-01-30. Une des grandes voies de pénétration de l’anglais au Québec était la traduction selon Jean Darbelnet. Elle fonctionne encore. On traduit deux phrases de Nusalba Al-Azem prononcées en anglais lors de la commémoration de la tuerie du 29 janvier 2017. Les traducteurs ont mal rendu deux expressions anglaises : «opportunity» et «legislature» (J. de Qc, 30 janv. p. 11). Les «opportunités de travail» ratées par celle qui veulent porter un hijab étaient de simples occasions. Cependant, elles peuvent discuter sans problème de l’opportunité ou de l’inopportunité de travailler, idem de porter le hijab. Par ailleurs, une «législature» est formée d’une Chambre basse et d’une Chambre haute. Le Québec n’a qu’une assemblée, l’Assemblée nationale, depuis les années 1960. En somme les traductions bâclées sont encore à surveiller.

À boutte pour vrai! (2022)

 2022-01-29. Voici le premier paragraphe d’un journal très provincial : «Mélanie Perreault était à boutte, pas comme les mères à boutte parce que leur kid ne veut pas mettre ses mitaines, à boutte pour vrai…» (Le Soleil numérique, 28 janvier). Tout cela sent le vrai, le terreau du coin, la sueur, le quotidien, le folklore et le «joualonais». Une infirmière peut très bien prononcer «boutte» au cours d’une entrevue, mais pourquoi tient-on pour acquis qu’elle écrit mentalement «b.o.u.t.t.e»? Si la règle doit s’imposer, le journal et ses journalistes devraient écrire dorénavant «parté», «parquigne», «tchome», «ouiquène», «dgym» au lieu de party, parking, chum, week end et gym. Mais le journal pourra-t-il aller jusqu’au «bout» (prononciation au choix!)?

Rue Semple (prononciation)

2022-01-28. Le chargé de la circulation à Radio-Canada (Québec) tient pour acquis qu’il faut prononcer le mot « Semple» du toponyme «rue Semple» à l’anglaise (28 janvier, 8 h 14). Le plus drôle dans le cas de la rue, c’est que l’on ignore d’où vient le toponyme. La Commission de toponymie note : «L'origine de ce nom et […] sa signification n’ont pu être déterminées jusqu’à maintenant». On peut faire l’hypothèse que «Semple» est un patronyme d’origine britannique. Mais peu importe. Que ce soit ici, en Amérique latine ou en Russie, les toponymes étrangers y sont prononcés dans la langue courante de la région ou du pays. Règle générale, on doit prononcer un toponyme étranger en l’adaptant aux sons ou à la phonie des langues nationales. Cela vaut pour le Québec et pour les journalistes du réseau français.

Heureux de nous partager leur passion (2022)

2022-01-25. Il m’a semblé avoir entendu quelque chose comme «… heureux de nous partager leur passion». C’était à la première chaîne (vers 11 h le 27 janvier). La phrase fut prononcée par un collaborateur habituel de l’émission. Je me suis dit que c’était du charabia. Ne vaudrait-il pas mieux dire : «… de partager leur passion avec nous», «de nous révéler leur passion», «de nous faire part de leur passion». Les spécialistes ne sont pas très loquaces sur le sujet. Le Multi dictionnaire est silencieux. Usito note prudemment que le verbe, utilisé au sens de communiquer, d’émettre, d’exprimer, de raconter ou de faire part est critiqué. Mais le Français au micro précise que la locution ‘faire partager – à quelqu’un – est correcte. Alors, pour faire mieux que Radio-Canada, que faudrait-il dire?

Vente ou Soldes ? (2022)

2022-01-24. Il est plus difficile de convaincre les entreprises québécoises que les anglophones de mettre de côté des anglicismes. Pris au sens d’action de vendre, «vente» est tout à fait français. Mais si on lui fait signifier «vente au rabais» ou «soldes», on fait une faute. Les répertoires correctifs et les dictionnaires d’usage notent le dérapage. Bélisle le juge un québécisme en 1979. Jean Forest l’épingle dans son Grand glossaire des anglicismes (2008) et il propose les équivalents Soldes et Grande vente de soldes. Le Multi dictionnaire suggère Vente au rabais. Mais cela ne suffit pas à convaincre les Matelas Dauphin. Pour leurs publicitaires, le mot, même si on lui donne un sens qu’il n’a pas en français, est français! De là le placard annonçant «Vente annuelle» (Journal de Québec, 24 janvier, p. 9). Un anglophone ferait confiance aux dictionnaires. Le Québécois fait confiance à sa langue maternelle!

Shack à snack (2022)

2022-01-23. Un membre de l’Asulf me présente la raison sociale de la bonbonnerie Le Shack à Snack. Elle respecte pourtant la syntaxe française. On accepterait Comptoir à sushi, Boîte à pain, Fruiterie du coin, etc. L’appellation montrée du doigt aligne deux mots d’origine anglaise mais la rime les dédouane quelque peu même s’ils illustrent une tendance à la fantaisie franglaise. Une lecture rapide du site internet révèle l’utilisation de deux onglets «Boissons». On aurait pu s’attendre à l’anglicisme «Liqueurs». Bon point. On aperçoit aussi «Meilleurs vendeurs» (Best sellers). De fait, on désigne ainsi les produits les plus populaires et non les commis. L’expression «Les meilleures ventes» devrait remplacer la mauvaise traduction. Les internautes attentifs verront aussi une faute d’accord : «produits […] d’origine international». Et il y en a d’autres. Je laisse faire, aux personnes intéressées, un petit détour et le soin de débusquer d’autres perles.

On n'est pas sorti du bois (2022)

2022-01-21. Le Québec n’est pas la France. Les Québécois maquillent leurs anglicismes et leurs tournures calquées. Le premier ministre Legault vient de nous en servir une : « on n’est pas sorti du bois » (Journal de Québec, 21 janvier, p. 6). Tous les mots sont français. Mais la tournure n’est pas française. En français, on dit plutôt « on n’est pas au bout de ses peines », « on n’est pas sorti de l’auberge », «on n’est pas au bout du tunnel », «on n’est pas tiré d’affaire», «le plus difficile reste à faire » … La consultation d’un dictionnaire de traduction confirmera ces équivalents. Les Québécois traduisent mot à mot les expressions «not to be out of the woods yet» ou «we are not out of the woods». C’est déjà un bel effort! Mais il ne faut pas négliger d’apprendre le français pour autant. Et le premier ministre devrait y mettre quelques efforts même si la campagne contre le covid en phagocyte la plus grande partie.

Prononciation : gym ou dgym ? (2022)

2022-01-20. Faut-il prononcer «dgym» l’apocope «gym» comme on l’entend habituellement à Radio-Canada? Ce fut le cas lors des nouvelles de 21 h (20 janvier). On peut aligner d’autres mots tronqués : «coloc», «mémo», «télé»… On continue de les prononcer à la française comme colocataire, mémorandum, télévision. La pratique serait différente pour gymnase et gym! Il devait en être de même pour «inc» de Québec inc. On note dans le Français au micro que cette abréviation se prononce, en principe, «inque» comme dans «trinque» et non comme le mot anglais «ink». L’observation a sans doute fait long feu. En dépit de cela, il y aurait lieu que les linguistes du réseau, les successeurs des Laurence, Dubuc et Chouinard, relèvent la prononciation anglaise de «gym» et fasse une recommandation à leurs collègues.

Vente (2022)

2022-01-20. L’Asulf (Association pour le soutien et l’usage de la langue française) dénonce depuis plus de trois décennies les expressions «vente», «grande vente» et «vente de fermeture » pris au sens de «soldes» ou de «vente au rabais». On lit dans le deuxième numéro de son bulletin : «L’Asulf doit faire des interventions ponctuelles […] contre l’utilisation abusive du mot ‘vente’ au lieu de solde’ par les entreprises commerciales» (no 2, novembre 1988, p. 2). Depuis, les interventions sont constantes et fort nombreuses. Les lecteurs de la presse imprimée ne se rendent peut-être pas compte de l’évolution. Prenons le Journal de Québec du jeudi 13 janvier. Trois placards y sont publiés. Ils sont signés Galerie du Meuble, Avalanche etJeMagazine.ca. Les accroches proclament successivement : Solde de janvier, Les soldes d’hiver et Solde de la nouvelle année. C’est l’unanimité. Cela ne veut pas dire que l’anglicisme sémantique «vente» est terrassé. Aussi l’invitation est-elle lancée à chacun de faire ses propres observations à la lecture des journaux de son coin de pays. 

Une marde, une marde de chez marde! (2022)

 2022-01-19. La première chose que devrait savoir une aspirante ou un aspirant à une députation, c’est qu’il lui faut, idéalement et surtout quotidiennement, distinguer les niveaux de langage. Il arrive que les politiques, hommes ou femmes, oublient cette règle du civisme. La comédienne Anne Casabonne vient de faire un faux pas. Elle a lancé sur les réseaux sociaux à propos du vaccin contre le covid : «L’injection de ce qui semble visiblement être une marde; une marde de chez marde» (Le journal de Québec, 18 janvier, p. 3). La comédienne a droit à son opinion sur le sujet et elle peut très bien en faire part aux citoyens. Mais si elle est sérieuse et si elle veut vraiment représenter une circonscription électorale au parlement, elle devra distinguer la langue d’un personnage d’une pièce de théâtre ou d’une série télévisée et celle de la communication publique. Un faux pas reste un faux pas. Toutefois, il ne faut pas le répéter.

Temps supplémentaire (2022)

2022-01-16. Le Journal de Québec reconnaît l’importance de l’enseignement pour l’amélioration de la langue parlée et écrite (dossier présenté le 15 janvier). Bravo! Tous seront d’accord. Mais il ne faut pas que les médias sabotent le travail des enseignants. Le journal impose la manchette « Traumatisée par la contrainte du temps supplémentaire » (16 janvier, p. 3) tirée de la première phrase de la journaliste et de la citation d’une témoin. La Société québécoise d’information juridique (Soquij) précise «Les heures de travail effectuées en sus ou en dehors des heures normales sont des heures supplémentaires. Les anglicismes «temps supplémentaire» et «surtemps» (overtime) sont à éviter à toute heure et en tout temps». C’est clair. La journaliste peut citer la témoin, mais elle-même et le titreur devraient écrire «heures supplémentaires» s’ils ne veulent pas annuler les efforts proposés aux enseignants.

Raisons sociales (2022)

2021-01-15. En matière de statut et de qualité de la langue, l’État québécois doit faire en sorte que les locuteurs parviennent à refuser le tout-à-l’anglais en matière de raison sociale. Une jeune pousse de Québec, mise sur pied en 2016, vise l’achat local, l’environnement et se fonde sur l’amour et l’acceptation de soi. La jeune pousse porte le nom d’Othersea. On y travaille en collaboration avec des homologues (Rauw Jewellry et Up Simply). Ses gammes de vêtements, outre les maillots de bain, sont baptisées «Loungewear» et «Beachwear» (Le Soleil, 15 janvier, p. M34-M35). Les fondatrices de l’entreprise (et sans doute plusieurs de leurs collègues) adoptent, sans s’en rendre compte, des raisons sociales, des marques de produits ou des accroches qui n’ont rien à voir avec la langue locale, avec l’amour de soi ou du milieu lui-même. De là la nécessité pour l’État d’encourager la prise de conscience et l’évolution des mentalités au moment de l'étude du projet de loi 96.

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...