mercredi 3 avril 2024

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Devoir du 1er mars (p. B8), elle aligne : «token», «doomisme», smatte», «kids», «business as usual», «fuck le green», «casser le party», «mom», «guess what?», «fuck l’inflation», «c’est un no-win». L’exclamation «fuck» est promue dans un titre. Cela est dans l’ordre des choses. Les Québécois ignorent la plupart des exclamations de la francophonie et ils cultivent celles qu’ils importent du voisinage anglo-saxon. Jean Forest en a dressé une liste, environ 400. Il observe qu’une grande partie de ces interjections vient du milieu environnant. Or, «fuck!» est très productif (fuck! fuck all! fuck off! fuck you!) et il s’accouple même avec le joual (fuck hostie! fuck la marde! fuck you hostie!). Jean Forest propose des équivalents (Putain de …!). Mais madame Blanchette ne leur trouvera pas le charme de l’original!

Paramédic (2024)

2024.03.02. La Banque de dépannage (OQLF) produit une fiche portant sur le mot «paramédic». On y note : «Les emprunts intégraux adaptés paramédic et paramédique, de l'anglais, qu'ils soient employés seuls ou dans les termes technicien ambulancier paramédic […], ne s'inscrivent pas dans la norme sociolinguistique du français au Québec. En outre, ils ne s'intègrent pas au système de la langue [...], puisque le mot medic qui, en anglais, est un nom qui signifie « médecin » [...] », est inexistant en français. » En dépit de ce commentaire plus que limpide, le J. de Qc (2-3 mars, p. 5), sous la plume d’Héloïse Archambault, présente les résultats d’un sondage en ignorant les équivalents : technicien ambulancier paramédical, le sigle TAP, technicienne […] paramédicale, technicien ambulancier (ou sa forme féminine), etc. ). La défense du français en sol québécois passe aussi par une modernisation selon ses propres règles et grâce à son propre dynamisme.

Prononciation: Northvolt

2024.03.03. L’usine de batteries, dont il est question depuis septembre, s’appelle Northvolt. Les journalistes et reporters francophones n’ont pas tous pris l’habitude de prononcer le nom de l’entreprise à la française, c’est-à-dire naturellement, sans effort particulier pour lui donner une «musique» anglaise. Si on fait l’hypothèse que l’entreprise fonctionnera en français dans un territoire dont le français est la langue commune, on peut supposer que les citoyens s’habitueront à une prononciation française de son nom : «Norvolt’». La compagnie est suédoise, mais les médias n’oseront pas prononcer «Northvolt» en suédois. La tendance sera plutôt d’utiliser la mélodie anglaise. Aussi peut-on rappeler un principe de Radio-Canada : «… il faut éviter de prononcer avec un accent tonique anglais les noms propres anglo-saxons» (La qualité du français à Radio-Canada; 2004). Le principe devrait prévaloir aussi dans l’ensemble des médias francophones.

Clair (à propos d'argent)

2024.03.05. Il est compréhensible qu’un travailleur dise : «… le gouvernement […] a juste à nous donner notre paye claire…» (p. 23), mais il est impardonnable que le Journal de Québec en fasse une manchette de la Une (4 mars). L’anglicisme «clair», pris au sens de «net», est dénoncé depuis belle lurette. Gérard Dagenais écrit, c’était en 1967, «Employer l’adjectif ‘clair’ pour exprimer cette qualité dont l’adjectif ‘net’ indique la présence dans un objet, c’est commettre un anglicisme» (Dictionnaire des difficultés de la langue…). Au tournant du siècle, Lionel Meney a relevé quelques exemples de l’anglicisme, dont «635 piastres claires» (Dictionnaire québécois-français; 2003). Il juge qu’il s’agit d’un calque de l’anglais. Le Journal peut à juste titre reproduire la citation dans l’article, signé Gabriel Côté, mais il devrait éviter de reproduire le calque en première page, surtout qu’on modifie la phrase, trouver un nouveau titre et y afficher un mot français correct : «notre paye nette», par exemple.

 

Disponible

2024.03-07. Il faut parfois aller à Canossa. J’ai déjà critiqué l’utilisation de l’expression «Maintenant disponible» par la société immobilière Beaudet & Saucier. C’était en octobre dernier. Je m’apprêtais à relever la même expression (reproduite dans le Soleil, 7 mars) et à la critiquer. Mais la consultation de quelques répertoires correctifs et en particulier le Lexique des difficultés du français (2004) du chroniqueur Paul Roux m'a fait changer d'avis. Ce dernier écrit : «Disponible se dit correctement en français de ‘ce dont on peut disposer’». Et il aligne l’exemple idoine : « L’appartement sera disponible à la fin du mois». On peut interpréter une affirmation ou un principe, mais un exemple est plus limpide. Il ne porte pas sur le fait que l’appartement est en vente. Il est vacant et il est habitable. L’ouverture du chroniqueur ne l’empêche pas toutefois de critiquer les anglicismes découlant d’une traduction approximative du mot anglais «available».

«Faque!»

2024.03.09. Il est normal que des Français empruntent et utilisent des expressions québécoises après leur établissement dans le milieu. Aussi la manchette de la Presse : «Quand les Français larguent 'du coup' pour «'faque'...» (8 mars) ne surprendra personne. Le raccourci original «ça fait que» appartient au français populaire selon Lionel Meney. Ce dernier inscrit le raccourci maximum (fa que, faque ou fak) dans son dictionnaire québécois-français publié en 1999. Cinq années plus tard, Benoît Melançon fait de même (Dict. québécois instantané) et Claire Armange également (337 expressions québécoises à dévorer; 2020). La tournure fait partie du langage quotidien et familier. Heureusement, il est des équivalents plus soignés lorsque les circonstance l’exigent : «alors…», «c’est pour cela que…», «c’est pourquoi…», «du coup» (familier), «par conséquent»...

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...