jeudi 21 avril 2022

Médication ? (2016)

2016.07.15. Faut-il distinguer un médicament d’une ‎médication? Le billet du 13 juillet inspire une observation à d'un correspondant sur la distinction à faire entre les deux notions. Il constate qu’on a tendance à traduire le mot anglais «medication » par « médication » mais en lui donnant le sens de «médicament » Le correspondant (A.R.N.) écrit : «… les termes «médicaments » (substance utilisée pour traiter une affection) et « médication » (utilisation de médicaments) sont deux réalités différentes en langue française. Ce dernier terme - médication - semble malheureusement être passé dans l'usage (média, téléromans, relations sociales) pour désigner un médicament». ARN s’interroge sur les causes du glissement. Les spécialistes seraient les mieux placés pour les cerner. Chose sûre, on observe le problème aussi en France. Jean-Paul Colin (1999) et Daniel Péchoin (2014) y consacrent une entrée dans leur répertoire correctif. Ici, Meney l'a fait en 1999. Bref, comme Colin l'écrit « Ne pas confondre (le mot «médication») avec médicament ou remède ».

mardi 19 avril 2022

Inventaire (2019)

 2019-11-19. Aux propriétaires de Lévis Ram...: Le placard publicitaire publié dans le J. de Qc (19 novembre, p. 9) se lit : «Liquidation … Ram 2019 en inventaire». Cela veut dire que vous vendez des véhicules en train d’être inventoriés. Le mot «inventaire» signifie uniquement «dénombrement» et «relevé des marchandises ». En anglais, «inventory» signifie aussi stock. En français, on distingue les deux notions. Les Français ont importé le mot «stock» il y a plus d’un siècle. Ils l’ont intégré en lui donnant un sens distinct. Cela contribue à la clarté du langage. Il y aurait donc lieu à l’avenir de remplacer «inventaire» par «stock». Le mot «stock» est moins dommageable à la qualité de la langue que l’anglicisme masqué.

dimanche 3 avril 2022

Juste (2022)

 2022-03-05. On lit sous la plume d’Alfred Gilder (Les 300 plus belles fautes… à ne pas faire; 2018) : «’Juste’ tend à se dénaturer à cause de ceux qui lui donnent le sens anglais de ‘just’ dans les exclamations insistantes d’enthousiasme comme : ‘C’est juste incroyable! C’est juste trop beau’». L’Académie fait une remarque semblable en 2020. Ici au Québec, les casse-croutes Chez Ashton, qui viennent de changer de main, publient un rez-de-chaussée publicitaire «Juste du vrai / Juste du frais» (Le Journal de Québec, 4 mars, 1e p.). On n’a pas souvent relevé l’anglicisme. Il semble bien que personne ou à peu près ne se soit appliqué à le décortiquer, à l’analyser ou même à proposer des solutions de rechange (Seulement du vrai! Que du frais!).

Inventaire ? (2022)

2022-03-01. Monsieur Benoit Charrette (L'Annuel de l'automobile), 

Beaucoup de Québécois font la fine langue devant le mot «stock». Ils n’osent pas se servir du mot anglais, présent dans le français depuis plus d’un siècle. Ils préfèrent commettre un anglicisme sémantique à l’allure laurentienne. C’est le cas du mot «inventaire» pris au sens de «stock». Le mot est bien français, mais il désigne un dénombrement et non les objets eux-mêmes présents dans un magasin, dans un entrepôt ou même sur un terrain. Vous l’avez utilisé à cinq ou six reprises au cours de l’entrevue accordée à Guillaume Dumas (Radio-Canada, Québec, 1er mars, vers 15 h 50). Vous n’aurez pas de billet de contravention pour ce dérapage! Mais, sensibilisé, il vous sera sans doute possible de ne pas répéter l’erreur à l’avenir.

 


Kiev ou Kyiv? (2022)

 2022-03-02. Madame Marie-Éva de Villers entérine l’adoption de Kyïv en remplacement de Kiev comme a décidé de le faire le Journal de Québec (2 mars, p. 4). Il est compréhensible que les Ukrainiens veuillent remplacer le toponyme russe traditionnel (ou sa translittération) et que le projet soit évoqué au moment où les forces armées russes occupent leur pays. La décision sera la leur. Les étrangers, francophones, anglophones ou autres, auront à s’y adapter et à fixer la prononciation idoine en leur langue. Les Québécois et les autres locuteurs francophones n’auront pas à affronter de grandes difficultés à prononcer «ki-ïve». Ils y arriveront probablement eux-mêmes en lisant la presse imprimée ou les manchettes déroulantes de la télévision. On peut quand même souhaiter que le service linguistique de Radio-Canada donne des conseils à ses journalistes et animateurs après consultation des homologues européens et africains.

 

 

Pizza large (2022)

2022-03-05 Vous êtes peut-être des clients de Pizza Passion si vous êtes de la capitale. Si cela est le cas, il faudrait souligner aux gestionnaires qu’ils répètent un anglicisme bien implanté : «pizza large». On relève la faute dans la brochure publicitaire L’Antidote du 28 février au 27 mars. Pourtant le message nomme bien «mini pizza», «petite pizza» et «pizza moyenne». Alors si vous en avez l’occasion, expliquez-leur que les pizzas ont un diamètre et non une largeur. Par ailleurs, si on décline les formats, on dira mini, petite, moyenne et grande (et non pas «large»). Les Québécois réussissent mal à rendre «small, medium, large». Ils disent bien «petit, moyen». Ils dérapent devant «large», lequel est plus facile à calquer qu’à traduire. Bref, «large» est un emprunt direct à l’anglais. Une bonne pizza mériterait un bon qualificatif.

 

 

 

 

 

Sucres (le temps des) (2022)

2022-03-06. Les magasins Métro lancent la nouvelle «le temps des sucres est arrivé» et le cri de ralliement «Vive le temps des sucres» (Courriel diffusé le 4 mars à 12 h 6). L’expression fait partie du patrimoine linguistique québécois, mais est-elle correcte? Voici une vieille remarque du linguiste Gérard Dagenais (1913-1981) : «Quant aux expressions ‘Aller aux sucres’, ‘Le temps des sucres’ […] ce sont des solécismes […] On va aux fraises et il y a le temps des fraises, parce que les fraises se mesurent par unités. Les […] morceaux ou cubes de sucre se mesurent par unités, mais pas le sucre […] Au lieu du ‘temps des sucres’, il faut parler du temps du sucre d’érable » (Dictionnaire des difficultés de la langue…; 1967; p. 288). L’observation n’a pas été reprise au cours du demi-siècle, mais elle est difficile à contredire.

 

Viaduc, pont d'étagement

2022-03-07. Le Soleil numérique consacre un article à la réfection du pont ferroviaire de la 18e Rue (7 mars, 4 h 1). On le nomme ainsi dans le titre et à deux reprises par la suite. C’est très bien. Mais il faut quand même faire une place à «viaduc» et à «pont d’étagement» à quelques reprises. Un viaduc est fort différent d’un pont selon les définitions des dictionnaires et selon les illustrations des répertoires visuels, dont le Dictionnaire visuel (2011). Mais on n’y trouve pas d’illustration d’un pont d’étagement. Le curieux néologisme n’a ni modèle ni descendant, ni «autocar d’étagement», ni «ponceau d’étagement» . Il est un produit local qu’on n’a pas réussi à exporter. En francophonie, on se contente de «pont ferroviaire» ou «saut-de-mouton» et de «pont autoroutier» pour la circulation automobile.

 

 

Risquer de... (2022)

2022-03-08. Tasha Kheiriddin se range du côté de Jean Charest dans la course à la chefferie du Parti conservateur fédéral. La journaliste Marie Vastel écrit que son équipe «risque de la suivre pour lui prêter main forte» (Le Devoir, 8 mars, p. B1). Risque, vraiment? Ce serait plutôt une chance pour elle et le candidat en lice. Le Multi dictionnaire observe à propos du verbe : «… ne s'emploie qu'en parlant d'événements non désirés, qui comportent une issue fâcheuse». Et Jean Girodet (Dictionnaire des pièges...): «... ne doit s'employer qu'à propos d'une chose fâcheuse». En somme, il aurait été plus juste d'écrire «... la suivra sans doute pour lui prêter main forte». Maurice Druon est plus cinglant sur ce dérapage: «… la langue française risque de pâtir de ces emplois absurdes, où on fait perdre aux mots leur vrai sens».

Vente (2022)

2022-03-09. Trois prospectus du publisac de la semaine (7-14 mars) ont le mot «vente» comme accroche. Brunet annonce «la vente 88», Maxi, «Méga vente» et Rossy, «vente de printemps». Pour illustrer les ventes, Brunet propose comme premier article une tablette de chocolat (2.88 $), Maxi, des poulets (1.77 $ la livre) et Rossy, des pantalons PJ (9.98 $ la paire). Tout ça pour «la vente» de l’un, pour la «Méga vente» du deuxième et pour la «vente de printemps» du dernier. Cette expression est accompagnée de l’équivalent anglais (Spring sale). C’est dire que le mot «vente» n’a pas raison d’être mis sous les projecteurs. Des achats de produits d’une valeur de 2 $ à 10 $ ne sont pas des exploits à monter en épingle. Il y a maldonne. Les trois entreprises font preuve de naïveté. Elles ignorent que le mot anglais «sale» se traduit non seulement par vente (action de vendre) mais aussi par «soldes» ou «vente au rabais». On peut faire une vente d’importance, une vente printanière ou une maga vente. Tant mieux. Mais cela est loin des soldes ou ventes au rabais.

samedi 2 avril 2022

Faire un point? (2022)

 2022/03-11. D’entrée de jeu, monsieur Jean Charest aurait déclaré à Calgary «… je suis ici […] parce que j’aimerais faire un point. Le point que je veux faire est … » (Le Journal de Québec, 11 mars, p. 13). Il est difficile de croire que l’ex-chef du gouvernement québécois ait commis un tel anglicisme. Il s’est rendu à Calgary pour éclairer les membres du Parti conservateur. Le Grand Robert & Collins anglais-français traduit «to make the point» par «Faire des remarques». On relève la forme fautive «gagner son point» dans le Multi dictionnaire. En français, le candidat Charest aurait dû dire «faire une remarque», «faire une mise au point», «donner sa version», «donner son point de vue», «exprimer sa perception». Il est possible qu’on ait affaire à une traduction informatique ou, pis, du journaliste Rahaël Pirro de l’Agence QMI. La citation mériterait une mise au point ou une contre-vérification.

 

Événement ? (2022)

2022-03-13. On note depuis quelques années les calques «À tout événement», qu’on conseille de remplacer par «peu importe»… , et «événement» pris au sens de vente promotionnelle. Le mot poursuit sa dégringolade. Il signifie souvent coquetel, épluchette de blé-d’inde, partie d’érablière, vide-grenier, vente de limonade. Un sur-titre du bulletin municipal, Ma Ville, illustre sa déchéance : «Travaux ou événements sur votre propriété» (printemps 2022, p. 4). L’Asulf (www.asulf.org) affiche en commentaire sur le sujet: «… est souvent utilisé à tort en français, ce mot désignant habituellement un fait marquant, historique. Cela étant dit, il n’est pas toujours facile de trouver un mot juste pour rendre cette notion, correspondant à 'event' en anglais». Pour le message de Ma Ville, «activités» conviendrait tout à fait. Il va de soi que le mot «événement» pourra servir à désigner les grandes manifestations du passé avant tout mais aussi à venir, si l’on veut courir un risque. 

Fatbike, vélo à pneus surdimensionnés ? (2022)

 2022-03-14. La Francofête commence aujourd’hui. Donc, celle de la langue et de son évolution, des efforts qu’il faut faire pour bien nommer les choses. Est-il exact de parler des pneus «surdimensionnés» des véloneiges ou «fatbikes»? Comme Isabelle Gagnon le fait (Le Soleil, Le Soleil, 12 mars, p. 70). Le Multi dictionnaire donne deux définitions du mot : «dont les dimensions excèdent ce qui est nécessaire » et «qui est démesuré». On l’illustre de la phrase, dans le Petit Robert , «… équipements surdimensionnés qui ne servent que deux mois par an». C’est dire que l’importance des équipements dépasse les besoins habituels. Il en va de même des vélos à pneus surdimensionnés. Les pneus y seraient trop gros pour rouler sur la neige! Que faudrait-il dire? Le professeur Lionel Meney, dans son blogue, propose plusieurs solutions : «vélo à pneus larges», «vélo à gros pneus», «vélos à gros boudins». Il donne sa préférence à «un grosses-roues» et à «un gros-pneus». En somme, il est possible de respecter le sens des mots.

Donné à... Mieux Fait à... (2022)

2022-03-14. La Francofête est l’occasion de mousser l’implantation de «Fait à» et de proposer l’abandon de «Donné à» au bas des avis publics. Les grandes villes du Québec adoptent la façon correcte. Cependant certaines villes conservent la formule franglaise héritée du XIXe siècle. L’explication de Jean Darbelnet, professeur de traduction à l'Université Laval, est limpide : «Fait à. C’est la formule consacrée au bas d’un document que l’on signe : ‘fait à…le …19…’. Ni 'signé', ni 'Donné' ne conviennent dans ce contexte. Ce sont en fait des anglicismes (cf. Given under my hand...) » (Dictionnaire des particularités de l’usage). Il ne faut pas hésiter à intervenir auprès des villes retardataires et à les inviter à faire le pas. On peut s’imposer la lecture des avis publics pendant la décade à venir et des recommandations aux mairies « délinquantes ».

  

Une ovation debout! (2022)

 2022-03-16. Les correspondants du Devoir à Ottawa, B. Proulx et Z. Goudreault, écrivent que le président Zelinsky a reçu une «ovation debout» (16 mars, p. A2). Pour sa part, le titreur place l'expression en manchette à la page 2. Pierre Cardinal écrit à son propos «En toute logique (française), on voit mal comment on pourrait ovationner quelqu'un sans se lever, 'Ovation debout' et 'ovationner debout' seraient donc à considérer comme des locutions pléonastiques au même titre que 'monter en haut'...» (Le VocabulAide). À vue de nez, l’expression semble calquée sur «standing ovation». De fait, le Robert & Collins la traduit par «ovation» tout court ou par des phrases telles «se lever pour ovationner quelqu’un». Proposition est donc faite au Devoir d'insérer une note sur le sujet dans son guide de rédaction ou dans la «marche» du journal.

 

Chez ou à ? (2022)

 2022-03-17. Une journaliste du Journal de Québec, Catherine Bouchard, écrit : «… André Cantin, météorologue chez Environnement Canada» (17 mars, p. 14). L’utilisation de ‘chez’ est indéfendable ici. La préposition signifie ‘dans la maison de’ ou ‘à la maison de’ et ne peut être employée que pour désigner des personnes ou des appellations pouvant être assimilées à des personnes. En somme, on aurait dû écrire : «météorologue à Environnement Canada». Mais d’où viennent les errements? L’essayiste Renaud Camus fait l’hypothèse que la préposition ‘aurait conservé beaucoup de précieuses suggestions d’intimité, de rapports personnels et de chaleur humaine. D’où son attrait pour les entreprises commerciales et sans doute pour les froides officines administratives. Mais la règle demeure celle résumé dans le Multi dictionnaire : «On emploie normalement ‘chez’ devant un nom de profession, un patronyme et ‘à’ devant un nom de lieu, de chose».

Bucket list ?

2022-03-19. Le Soleil ni la journaliste Mylène Moisan ne réussissent à trouver un équivalent à «Bucket list» (20 mars, p. 6), expression qui signifie «liste des choses à faire avant de trépasser». Bon point : la journaliste fournit l’équivalent français à l’aide de la périphrase. La traductrice Maude Landry en a proposé d'autres à Radio-Canada il y a trois ans. Un compte rendu de son entrevue est affiché dans l’Audio fil du 4 mars 2019 : «liste d'épice-vie», «mes dernières premières fois», «liste de cercueil», «liste d’avant-mort». Tout-à-trac, je lance «ultime liste», «listultime», «liste du grand saut» ou «liste prééternité» . Il appartient à tous, locuteurs, professionnels de la langue, de faire appel à la folle du logis. 

Toponyme: Kyiv ou Kiev? (2022)

1531 / 2022-03-20. Les deux quotidiens de Québecor n’ont pas hésité à adopter le toponyme ukrainien Kyïv à la place de Kiev d’origine russe. Une telle ouverture devrait valoir également pour la langue des Québécois. On lit le titre d’un reportage : «Le party est pogné» (Le J. de Qc, 20 mars, p. 82). «Pogné» est une déformation de «poigné», pris au sens de «la fête est bien engagée», «elle est prise», «elle est sur les rails» . Ne peut-on pas se rapprocher de la prononciation québécoise courante du mot «party» comme on le fait pour «pogné»? Léandre Bergeron enregistra la prononciation «parté» il y a quarante ans (Dictionnaire de langue québécoise). Bélisle fit la même constatation en 1979. On pourrait étudier aussi d’autres mots candidats à un traitement semblable : «fonne», «ouesterne», «ouiquène», «reliche», «shépe», «tchomme», «toune». Assez! Nous sommes loin de Kyïv.

Tournures: C'est pas évident (2022)

2022-03-22. Jean-François Cliche, chroniqueur au Soleil, n’a pas dit : «C’est pas un exercice facile à faire». Il a utilisé le tic de langage «pas évident» : «C’est pas un exercice qui est évident à faire» (C’est encore mieux l’après-midi, 22 mars, 15 h 50). On écrit dans le Français au micro que la locution n’est pas condamnable, que sa construction est un peu boiteuse et qu’il est préférable d’avoir recours à d’autres expressions. Le tic a cours aussi en France. L’Académie note : « L’adjectif […] signifie ‘qui s’impose clairement à l’esprit’. […] il faut se garder de faire de cet adjectif un synonyme d’’aisé’, de ‘réalisation facile’. Cela s’entend malheureusement de plus en plus souvent, surtout à la forme négative » (Dire, ne pas dire; 2020, p. 211). La correction ne sera pas trop… difficile à faire la prochaine fois. C’est évident!? 

Goons = Hommes de main (2022)

2022-03-24. Même le Devoir, et cela durant la Semaine de la francophonie, se laisse aller à la facilité. On ignore les mots français équivalents à «goons». Les abonnés du Courrier du soir (24 mars) peuvent lire : «… les partis d’opposition […] ont vertement critiqué le gouvernement Legault et ses «goons…». Il est fort possible que le mot anglais ait été employé par des porte-parole de l’Opposition. Il leur arrive de lancer un mot anglais pour faire ressortir une nuance dépréciative. Mais de telles tentatives sont peut-être des coups d'épée dans l'eau. Nombre de francophones ignorent ce qu’est un «goon». On pourrait gager qu’ils comprendraient mieux «homme de main» ou «gros bras». Ils seraient peut-être curieux de consulter un dictionnaire si on leur proposait «sbire» ou «spadassin». Bref, élus et journalistes ont raté l’occasion.

 

Introduire ? ou Présenter quelqu'un? (2022)

2022-03-25. Radjour souhaite la créolisation de la langue québécoise dans un récent essai (Créoliser le québécois). Pour voir ce que cela signifie, relevons un phrase du Journal de Québec (25 mars, p. 12, 4e col.) : «Il [Jean Charest]a été introduit, entre autres, par le député…[Alain Rayes]». Si l’on consulte le Multi dictionnaire, on voit que le verbe, dans le contexte, serait un anglicisme. En français, il ne signifie pas «présenter quelqu’un». Et le Petit Robert lui dénie également ce sens. Bref, le journaliste R. Pirro aurait dû écrire : «… a été présenté… par…». Relever l’anglicisme et proposer l’expression en usage dans le français standard constitue-t-il une recommandation qui va à l’encontre du processus de créolisation de la langue des Québécois? À vue de nez, on pourrait le croire. Et il faudrait aussi éliminer les dictionnaires et les grammaires et interdire les interventions des remarqueurs.

Désinformation ?

2022-03-27. Mésinformation et Désinformation? Observations d'Alain Rey: «Lorsqu’un mot nouveau est senti comme utile, il réussit, bien qu’il soit mal formé. C’est le cas de ‘désinformation’ […] par sa constitution ‘désinformation […] n’a rien d’anormal. C’est le sens qui cloche. […] Normalement, de même que ‘désillusionner’ c’est ‘priver de ses illusions’, ‘désinformer’ devrait signifier : ‘priver d’informations’ […] Or, la désinformation est en réalité un excès, un ensemble d’infos inexactes, mensongères, truquées […] Ce n’est pas une privation, au contraire, c’est une ‘mésinformation’ […] ou bien une ‘malinformation’. Mais on dit ‘désinformation’; Tant pis. (À mots découverts; chroniques… : 2007, p. 253-254)

Scrum? ou Mêlée de presse? (2022)

2022-03-28. La Semaine de la francophonie vient de prendre fin. On en a profité pour souligner que le français progresse… dans le monde. Au Québec, on lui connaît cependant des difficultés à nommer les choses. Par exemple, le journaliste Normand Provencher ignore l’expression «Mêlée de presse». Ou «point de presse», si la ruée vers le témoin est ordonnée. Il écrit à propos de Gilbert Lavoie, dont le livre Dans la cours des grands… vient de paraître : «… lorsqu’il a lui-même eu à affronter… une meute de reporters lors des scrums…» (Le Soleil, 26 mars, p. 18). Le journaliste peut exciper du fait que les «scrums» avaient lieu à Ottawa. Et les désigner d’une expression française eut été artificiel, du français d’apparat! Mais au moins aurait-il pu ajouter : scrums, comme on dit au Québec, des « mêlées de presse

Grand-Champlain? et Petit-Champlain (2022)

2022-03-29. On apprend dans une chronique de la Société d’histoire de Québec que l’Escalier du Cap-Blanc s’est appelé tour à tour «Ross Rifle Stairs», «Escalier de l’Anse-des-Mères» et «Escalier du Grand-Champlain» (Le Soleil, 13 mars, p. 22). La dernière appellation, si on l’interprète sans trop d’esprit critique, semble plus flatteuse que le toponyme «rue du Petit-Champlain». On sait que l’adjectif «petit», appliqué à Champlain, est une erreur de traduction (Little Champlain Street = Rue du Petit-Champlain). Dans la réalité, il s’applique à la petite rue qu’on distinguait à l’époque de la rue ou du boulevard Champlain. Est-ce à dire qu’«Escalier du Grand-Champlain» était un calque de quelque chose comme «High Champlain Stairs»? 


Combler un poste? (2022)

2022-03-30. Le Journal de Québec sabote ses prises de position illustrées du logo «En français s.v.p.!» On y présente la manchette «40 000 poste à combler…». Et l’expression est présente dans le chapeau de l’article signé Diane Tremblay. Deux répertoires correctifs publiés aux Éditions La Presse au cours de la première décennie du siècle notent pourtant l’impropriété, l’un de Camil Chouinard et l’autre de Paul Roux. Ce dernier écrit «On peut combler un déficit ou une lacune. Mais on ‘pourvoit’ un poste, on ne le comble pas». Le Vocabulaire des relations professionnelles de l’OQLF contient une observation semblable : «C’est une impropriété d’employer le verbe ‘combler’ , à la place de ‘pourvoir’, en parlant d’un poste». En somme, la défaillance du Journal de Québec s’explique mal.

 

Exclamations: Fuck!

2024.03.01. La chroniqueuse Josée Blanchette aime bien parsemer ses textes de mots anglais. L’habitude fait partie de son style. Dans le Dev...