dimanche 1 juin 2025

Régulier (2025)

2025.05.12. Ce serait déjà un anglicisme que d’écrire «… l’école des Bâtisseurs accueille des élèves du programme régulier». Mais on fait mieux! La journaliste a abrégé l’expression et elle écrit simplement «… du régulier» (voir le Journal de Québec, 12 mai, p. 3). Elle n’a pourtant aucune raison de tomber dans le panneau. Depuis belle lurette, les usuels correctifs signalent l’erreur. D’abord, le presque quinquagénaire Dagenais (Dictionnaire des difficultés …) lui consacre deux pages en 1967. Puis, le classique Multi dictionnaire…, réédité six fois depuis les années 1980, lequel note : «Régulier. Formes fautives… Anglicisme au sens de ‘ordinaire, courant, normal, habituel’». Alors la solution française et correcte : «… les élèves du programme général (ou officiel, ou courant, ou habituel).

Talkshow (2025)

 2025.05.13. J’ai croisé au cours de mes lectures des dernières heures le mot «talkshow». J’ai négligé de noter l’endroit de la rencontre. Ma réaction a été de vérifier s’il y a des solutions de rechange en français. Le Guide anglais français de la traduction (2004) propose émission d’entretiens et talkshow. Le Grand Robert & Collins (2008) : débat radiodiffusé ou télévisé et talkshow. Ce sont des équivalents fort prosaïques. Des linguistes et des férus de langage, dont Guy Bertrand, Alfred Gilder, Yves Laroche-Claire ou Michèle Lenoble-Pinson, ont proposé : babillogramme, causerie, conversade, converse, émission-débat, infovariétés, interview-variétés, parlerie, plateau-débat, téléparlote et quelques autres. Somme toute, il y a de la variété et des choix possibles. Sans doute qu’un jour, un acheteur…!

Tournures: Dans le cadre de... (2025)

 2025.05.14. La locution « dans le cadre de… » est très populaire. On en arrivera peut-être un jour à des phrases comme : « Il pleuvra dans le cadre de la semaine » ou « Le conférencier affirma dans le cadre de son allocution… ». Pour l’heure, on lit : « Alex Boissonneault… a annoncé se présenter … dans le cadre de l’élection partielle… » (Le Journal de Québec, 14 mai, p. 16). La locution signifie ‘dans les limites de’ et ‘dans le contexte de’ selon le Multi dictionnaire. Certains la déconseillent au sens de ‘à l’occasion de’ même si elle semble être passée dans l’usage. Pour sa part, Jean Girodet (Dictionnaire des pièges et difficultés…) décrète : « Expression déconseillée ». Et il propose d’autres tournures : « conformément aux mesures… », « à l’occasion du festival… », « dans les limites de … ». La phrase relevée aurait donc pu se lire « … lors de l’élection … », mais il faut reconnaître que « dans le cadre de » a plus de panache!

Problématique (2025)

2025.05.15. Les titreurs du Journal de Québec sont compétents. Il leur arrive même de redresser des tournures discutables de leurs collègues. Mieux, ils les corrigent. Ainsi lit-on dans l’édition du 15 mai la phrase de P.P. Biron : « Preuve de l’ampleur des problématiques du jeune homme… ». Claude Lagacé, un professeur de l’Université Laval, mort en 2019, critique l’abus du mot : « … on parle de ‘problématique’ quand il ne s’agit véritablement que d’un ‘problème’ (J’écoute parler nos gens). Par bonheur, le titreur ou la titreuse s’est appliquée à écrire : « Un parcours … problématique ». Bref, ‘difficile’ ou ‘complexe’. Jacques Lafontaine, un ex-correcteur du Journal, écrit : « Un problème est […] une difficulté. Une problématique est l’art de poser les problèmes » (Les Mots dits…; 2016).

 

Paramédic ? (2025)

2025.05.16. « Il y a eu beaucoup d’affluence, mais c’est ordonné et il y a eu des voies réservées… ». La phrase est correcte. Elle est signée « Laurence Gaspard, superviseur des paramédics de la CTAQ » (Le Journal de Québec, 15 mai, p. 3). Le mot « paramédic» est un calque de l’anglais. On ne dirait pas « superviseur des médicaux ». On pourrait avoir « superviseur des médecins ». Un substantif. En anglais, le mot est «paramedic». Il serait plus que facile de calquer le mot et de lui donner une allure française (un paramédique). Mais il est d’autres solutions : un paramédical ou une paramédicale ou les appellations, également féminisables, «technicien ambulancier paramédical, technicien ambulancier, ambulancier paramédical». Une fois prochaine, on pourra peut-être lire : « … superviseur des paramédicaux… ».

 

Donné à... (2025)

 2025.05.18. Un liquidateur, un responsable de l’actif et un secrétaire trésorier, respectivement de l’Ange-Gardien, de Saint-Georges et de Saint-Gilles, signent des avis publics dans le Journal de Québec des 17-18 mai (p. 38). Ils utilisent la formule franglaise « Donné à ». On lit dans l’Expression juste de décembre 2020 : « Fait à / C’est la formule consacrée au bas d’un document que l’on signe […] Ni signé ni donné ne conviennent dans ce contexte. Ce sont en fait des anglicismes ». L’observation est celle du professeur Jean Darbelnet (1904-1990), lequel donne la formule anglaise de départ: «Given under my hand». Depuis, l’Asulf (Association pour [...] l’usage de la langue…; www.asulf.org) intervient auprès des Administrations qui persistent à utiliser le calque et leur recommande la consultation d’un linguiste ou d’un langagier à cet égard.

Cabaret (2025)

2025.05.20. Jean-François Nadeau écrit dans sa chronique : «Attablé devant un cabaret de plastique…» (Le Devoir, 20 mai, p. A3). Le mot «cabaret» y tient lieu de «plateau», c’est-à-dire, comme on le précise dans le dictionnaire Usito, «… utilisé pour le service de mets, de boissons ». L’usage en serait propre au Québec, il serait considéré comme vieilli en France et, ajoute-t-on prudemment, « parfois critiqué au Québec comme synonyme non standard de plateau ». Marie-Éva de Villers (Multi dictionnaire… ) en fait une impropriété en ce sens et Lionel Meney le juge vieilli. Le grammairien Gérard Dagenais est plus sévère à son égard : « … le mot ‘cabaret’ se dit au Canada au sens de ‘plateau […] Contrairement à ce que d’aucuns croient, cette faute n’est pas un archaïsme. ‘Cabaret’ est employé à contresens dans cette acception […] n’a jamais été synonyme de ‘plateau’» (Dictionnaire des difficultés…). Bref et bref., deux raisons justifient «plateau» : archaïsme (peut-être!) d’abord, puis impropriété dans le contexte.

Régulier (2025)

2025.05.12. Ce serait déjà un anglicisme que d’écrire «… l’école des Bâtisseurs accueille des élèves du programme régulier ». Mais on fait...