2025.09.01. Les rédacteurs du Guide de l’auto écrivent : « … Anaïs Favron vous donne rendez-vous… pour vivre avec vous son excitant road trip électrique ... » (Le Journal de Québec, 30-31 août, p. 68). L’expression anglaise est bien connue ici, mais peut-on lui « opposer » un équivalent français? L’Office de la langue note « L'emprunt intégral à l'anglais road trip ne s'inscrit pas dans la norme sociolinguistique du français au Québec. De plus, le terme escapade routière est déjà présent dans l'usage pour désigner le concept ». Guy Bertrand (Radio-Canada) fait un commentaire semblable : «: « Le terme recommandé pour traduire ‘road trip’ est ‘escapade routière’. […] un long voyage d’agrément. » (Le Français au micro; Le Robert Québec, 2025). L’équivalent est donc à portée de main. Il faudrait pouvoir le trouver dans les usuels courants, imprimés ou numériques.
Le français québécois au quotidien
jeudi 2 octobre 2025
Banlieue et banlieues (2025)
2025.09.02. On devrait poser la question suivante lors de concours à la télé ou à la radio : combien Québec a-t-elle de banlieues? Si la réponse donnée est bonne, on posera des questions complémentaires : nom de la principale banlieue? Nom de la plus récente? Le bienfondé de telles questions découle d’une déclaration du maire de Québec rapportée par la journaliste Karine Gagnon. Selon cette dernière, monsieur Marchand «se dit conscient qu’il y a aussi du travail à abattre dans les banlieues » (Le Journal de Québec, 2 septembre, p. 2). Selon un classique «Le mot ‘banlieue’ est un collectif qui désigne la totalité des agglomérations d’une grande ville» et l’exemple donnée tombe à point nommé : «La banlieue (et non les banlieues) de Québec» (Multidictionnaire de la langue française; 2021). Bref, en principe et en français, Québec n’a qu’une banlieue.
Étudiants internationaux (2025)
2025.09.03. Peut-on penser que la baisse de 50% des étudiants dits « internationaux » à l’Université Laval sera compensée par une hausse des étudiants interprovinciaux ou interrégionaux? Les lecteurs du Journal de Québec doivent se poser la question à la lecture de la manchette « Baisse de 50 % des étudiants internationaux » (3 septembre, p. 12). L’expression cloche. Le professeur en traduction André Racicot la juge « impropre et absurde ». Il explique : « L’expression […] est une contamination de l’anglais qui, sous l’influence de la rectitude politique, a délaissé l’adjectif foreign, frappé d’un opprobre injustifié » (son blogue : Au cœur du français). Pour sa part, Usito, dictionnaire en ligne, ignore l’expression et donne l’exemple « étudiante étrangère ». Il faudrait sans doute revenir à « étudiants étrangers » et souhaiter que les médias mettent à jour leurs guides de rédaction.
Échapper quelqu'un ! (2025)
2025.09.04. La manchette étalée sur deux pages est la suivante : «Tout le monde a échappé la petite fille de Granby» et on ajoute dans le chapeau du reportage «Tout le monde l’a échappé (sic) . Le médecin l’a échappé (sic) ….» (Le Journal de Québec, 4 septembre, p. 6-7). En principe, on échappe quelque chose, mais non quelqu’un. Dans le contexte, on devine que l’on n’a pas échappé la fillette au sens premier de l’expression. On l’a plutôt ignorée ou négligée. Il aurait été sage de guillemeter le mot «échappé» ou «échappée». Mais il y a plus : Guy Bertrand remarque «En français moderne, le verbe échapper’ n’est jamais transitif direct sauf dans l’expression figée ‘l’échapper belle’. En somme, la manchette aurait été plus correcte si on avait écrit : Tout le monde a ignoré la petite fille.
Caucus (2025)
2025.09.05. Le Devoir présente la manchette suivante à son lectorat : « Le député Pierre Dufour est exclu du caucus de la CAQ» (5 septembre, 19 h 49). À Québec, le mot «caucus» désigne l’ensemble des députés d'un parti politique. Il sert aussi à identifier les réunions du groupe. Les deux significations sont données dans le Lexique des termes parlementaires en usage en Belgique, en France et au Québec. (1986). Le mot vient d’abord de l’algonquin. Il a transité par l’anglais. On l’utilise couramment ici. Il a cependant des équivalents : groupe parlementaire ou groupe tout court, aile parlementaire, conseil des élus de tel ou tel parti. Il faut quand même noter que le mot n’est pas courant en France et en Belgique.
Combler un poste c. pourvoir un poste (2025)
2025.09.07. En anglais, on dit: «to fill a position», «to fill a job». Au premier regard, on rendra les deux expressions par « combler un poste ». On entend souvent l’expression, une traduction littérale de l’anglais. On lit sur le sujet dans le Multidictionnaire de la langue française (1921): « combler un poste. Impropriété pour ‘pourvoir un poste, pourvoir à un poste ». On présente une observation semblable dans le Vocabulaire des relations professionnelles établi par Micheline Lapointe-Giguère (2009). Malgré cela, la société Davie publie une page publicitaire dans le Journal de Québec (6-7 septembre, p. 19) sur laquelle on proclame : « Davie : 1000 emplois à combler ». C’est une faute qu’il serait facile de corriger à l’avenir : «Davie : 1000 emplois à pourvoir».
Déployer un soldat? (2025)
2025.09.08. Arrive-t-il à la Presse canadienne de déployer un journaliste quelque part, sur les lieux d’une catastrophe ou d’une manifestation ? Si on dresse la liste des exemples présentés dans les dictionnaires, on n’y trouvera pas de déploiement d’une unique personne. Le dictionnaire Usito est également silencieux à cet égard, mais donne les exemples suivants : «Déployer des soldats. Déployer des troupes. Déployer des médecins, des infirmières. Déployer des secouristes ». Bref, des groupes. Aussi comprendra-t-on l’incongruité des passages suivants d’une nouvelle de la P.C. (Le Devoir, 8 septembre, p. A2) : « Un soldat [… ] déployé en Lettonie…», «Un membre des Forces […] déployé…» et «George Hohl a été déployé…». Le verbe «poster» aurait bien convenu, beaucoup mieux que «déployer».
Road trip (2025)
2025.09.01. Les rédacteurs du Guide de l’auto écrivent : « … Anaïs Favron vous donne rendez-vous… pour vivre avec vous son excitant road tri...
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2025.05.12. Ce serait déjà un anglicisme que d’écrire «… l’école des Bâtisseurs accueille des élèves du programme régulier ». Mais on fait...
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2025-06-01. Monsieur Claude Villeneuve, chef de l’opposition au conseil municipal de Québec, utilise une expression anglaise quand il s’agit...
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2025.07.02. Jacques Lafontaine, ancien correcteur au Journal de Québec, invite les locuteurs et ses collègues à se méfier des tournures fo...