mardi 2 décembre 2025

Halloween (2025)

2025-11-02. C’était l’Halloween hier. La graphie du mot fait l’unanimité. Mais on rencontre à l’occasion une variation : Hallowe’en. C’est ainsi que Léandre Bergeron inscrit le mot dans le Dictionnaire de la langue… (suppl. daté de 1981). Le Grand Robert & Collins, de son côté, place cette graphie en seconde place et le Multi l’ignore tout simplement. Détail intéressant cependant, le mot d’origine américaine, viendrait de ‘all allows eve’ : ‘veille de tous les saints’. L’auteur de la note, Alfred Gilder, propose deux équivalents : « Veille de la Toussaint, Nuit des fantômes » et il souligne que des auteurs désignent la fête comme la Saint-Potiron ou encore la Sainte-Citrouille (En vrai français dans le texte; 1999). Les observations du grammairien Jacques Lafontaine font aujourd’hui l’unanimité : «Le mot […] prend une majuscule. […] est un mot féminin. Le ‘H’ initial est muet…» (Les mots dits; 2016).

 

Certains des meilleurs contenus (2025)

2025-11-03. On écrit dans le bulletin numérique Vos infos à la source de Québecormédia (3 novembre, 16 h 51) : « … certains des meilleurs contenus des différents médias ». Les meilleurs contenus! Ce dernier mot, appliqué à un cours offert à des étudiants, est considéré comme un calque de l’anglais. Il faudrait dire selon des gens du milieu de l’enseignement : «programme du cours» ou «sommaire du cours». Quand il est besoin de détailler les domaines privilégiés d’un périodique ou d’une émission radiophonique, on peut parler de sa spécialité, de ses centres d’intérêt ou de ses domaines d’expertise. Et l’expression «meilleurs contenus» pourrait faire place à «meilleurs textes», à «meilleurs comptes rendus », etc.

 

Vélo stationnaire ? (2025)

2025-11-04. Si on tient pour acquis la définition du mot « stationnaire » présentée dans le Petit Robert, on acceptera difficilement l’expression « vélo stationnaire ». Ce vélo resterait un certain temps à la même place! Dans les centres d'entraînement, un tel vélo n’est pas fixé au sol mais il a un emplacement. Le Multi dictionnaire en fait une forme fautive et un calque de « stationary bicycle ». Sans être aussi sévère, le Dictionnaire québécois-français renvoie le lecteur de « vélo stationnaire » à « vélo d’exercice » et à ses deux « avatars » : vélo d’entraînement, dans un centre de « conditionnement » et vélo d’appartement chez soi. En somme, l’extrait de la Presse (Actualités, 4 novembre) « …remonter sur le vélo stationnaire » aurait pu se lire : « … remonter sur le vélo d’exercice », sur un « vélo d’appartement » ou même sur un «ergocycle» (employé à l’Université Laval).

Tournures: Loger une plainte (2025)

2025-11-05. La journaliste É. Cloutier utilise une expression franglaise, une faute classique (!) en territoire québécois. Elle écrit : « Des plaintes ont d’ailleurs été logées […] à Baie-Saint-Paul » (Le J. de Qc, 5 nov., p. 10). Ce faisant, la journaliste accorde aux plaintes un privilège qu’on réserve aux visiteurs! De fait, on a affaire à un quiproquo découlant de la proximité de l’expression anglaise «to lodge a complaint ». Il n’y a rien de plus simple que de la traduire mot à mot et d’en arriver à « loger une plainte ». La mauvaise traduction a ses lettres de noblesse! Le grammairien Gérard Dagenais la critiqua en 1967 : «… on commet des anglicismes quand on dit […] ‘loger une plainte’ au lieu de ‘porter plainte’» (Dictionnaire des difficultés…). L’expression a la vie dure, mais il faut continuer de la surveiller.

Circulaire ? (2025)

2025-11-06. Jusqu’à maintenant, les circulaires publicitaires étaient déposées à la porte des citoyens consommateurs. Cette pratique est en voie de disparition. Mais le mot impropre, «circulaire», anglicisme sémantique de surcroit, amplifie le dérapage. Le Journal de Québec baptise des pages publicitaires, bien paginées et tout à fait intégrées au numéro, du nom de «circulaires» (6 novembre). En première, on annonce «… vos circulaires sont ici, pages 32-34 » et le titre de la page 32 est « le combat des circulaires ». Un tel combat aurait sans doute pu avoir lieu à l’époque où les circulaires étaient chose courante et qu’on les distribuait à toutes les portes. Les feuillets, les dépliants et les cahiers publicitaires qu’on insère dans un quotidien ou un hebdo ne sont pas des circulaires. C’est le moins qu’on puisse dire!

Tournures: Un canari dans la mine (2025)

2025-11-07. Il faut en savoir gré aux journalistes ou chroniqueurs qui présentent des expressions parfois inconnues du grand nombre à leur lectorat. Un exemple en est fourni par Josée Legault. Elle écrit : « … l’ère Poilièvre tire à sa fin. Le passage de Chris d’Entremont au Parti libéral … en serait-il le proverbial canari dans la mine?» (Le J. de Qc, 7 nov., p. 😎. Le canari dans la mine! Une courte recherche révèle le sens de l’expression : … métaphore qui désigne un signal d'alarme précoce ou un indicateur sensible de danger imminent. Car, dans le passé, on utilisa les canaris comme indicateur on ne peut plus révélateur de la présence de gaz délétères dans les mines : ils en mourraient rapidement. L’expression est toutefois absente au titre d’exemple des usuels actuels. Sa présence dans un quotidien justifierait un ajout à l’article «canari» d’Usito.

Soi-disant (2025)

2025-11-09. Une manifestation peut-elle se qualifier elle-même d’imposante ou de convaincante? Des observateurs peuvent le faire. La chroniqueuse Josée Legault écrit : «… l’héritage empoisonné du soi-disant ‘convoi de la liberté’ » (Le J. de Qc, 7 nov. , p. 😎. Il aurait été préférable d’écrire « du prétendu ‘convoi…’ ». Le Multi dictionnaire (2021) observe : « soi-disant… […] se dit des personnes [...]; pour qualifier une chose, on emploie plutôt ‘prétendu’». Le Larousse (Dictionnaire des difficultés…) précise : « … soi-disant s’emploie en parlant des personnes : […] En parlant de choses, il est préférable, dans l’expression soignée, d’employer son équivalent ‘prétendu […]. Dans l’expression orale, l’usage admet l’emploi de ‘soi-disant; […]». C’est dire que l’usage est flottant et qu’on ne tient pas toujours compte des contextes.

 

Tournures: Dans le cadre de... (2025)

2025-11-10. L’expression « dans le cadre de… » est très répandue. Elle devient un passe-partout! On l’emploie même à contresens. Un exemple inventé d’abord : but compté dans le cadre d’une défaite! Et un exemple récent : «… son interrogatoire doit se poursuivre dans le cadre de sa faillite » (K. Lamontagne, Le J. de Qc, 10 nov., p. 3). Si on relit bien l’extrait, on comprendra que l’homme d’affaires en cause a planifié non seulement sa faillite, mais aussi ses tenants et ses aboutissants. On pourra aussi observer que la tournure prend souvent le sens de « en raison de… », « à la suite de…» et même « à l’occasion de…». De fait, le Larousse des difficultés et pièges (D. Péchoin…) écrit : « Dans l’expression soignée […] préférer […] : ‘à l’occasion de… , en liaison avec…, etc’. ». Donc aussi sans doute : «... à la suite de sa faillite ».

Déployer une personne ! (2025)

2025-11-11. Des tortionnaires en puissance déploient (!) tantôt un médecin, tantôt une infirmière, tantôt un pompier à l’étranger. Mais des ministres ou des gouvernements y déploient plutôt des équipes, des groupes, des missions, etc. Aussi peut-on être abasourdi quand une administration annonce le déploiement d’un spécialiste, d’un seul, dans un tiers pays ou d’un seul militaire sur une ligne de feu. C’est probablement ce qui est arrivé aux lecteurs du Journal de Québec à la lecture de l’extrait suivant : « Déployé en 1952 […] il n’avait que 18 ans … » (M. Lafleur, Le J. de Qc, 11 nov. 2025, p. 4). Guy Bertrand, ancien conseiller linguistique de Radio-Canada, écrit à propos du verbe « déployer » : « …c’est envoyer un groupe de personnes pour couvrir un territoire donné. […] On ne peut pas ‘déployer une seule personne » (Le français au micro; 2025). On ne peut être plus limpide.

 

Étudiants internationaux (2025)

2025-11-12. Il faut épurer son langage et ses écrits. Il ne faut plus utiliser un mot chargé d’électricité, tel «étranger». Se dire «étranger» quand on est touriste aux États-Unis ou en Europe mériterait un billet de contravention! Et en qualifier un visiteur dans la métropole québécoise devrait être jugé crime de lèse-majesté! Le qualificatif est rayé de l’usage. Un collaborateur du Devoir consacre un long article aux étudiants dits internationaux. Son titre est révélateur : « La ‘manne’ des étudiants internationaux… » (12 novembre, p. A4). L’expression y est étalée à quinze occasions et le qualificatif «étranger», totalement ignoré. Le traducteur André Racicot juge qu’elle est impropre et absurde : un chinois qui va étudier à Toronto n’a qu’une seule nationalité même s’il se dit citoyen du monde. Il serait plutôt un étudiant étranger. Mais ne serait-ce pas rétrograde, péjoratif, chauvin et raciste de le cataloguer ainsi? Même si le français y est bien traité!

 

Antiquaire de Québec (2025)

2025-11-13. Un placard publicitaire dont l’accroche est « Antiquaire de Québec » paraît périodiquement dans le Journal de Québec. Il est présent dans les numéros datés du 12 (p. 13) et du 13 novembre (p. 17). Les lecteurs qui le lisent attentivement y décèleront nombre d’incongruités. Par exemple : « accessoires en fourrures » et « bourse en cuir » (« s » à fourrure, mais non à cuir), aussi « Objet religieux de toutes sortes » (pas de « s » à objet), également «Objet de décorations, bibelot… » (objet au singulier, décoration au pluriel), aussi « … set de chambre, set de salle à mange, commode » (on ignore que « set » a un équivalent, mobilier. Le « r » de manger s’est évaporé et l’antiquaire n’aurait qu’une commode à vendre!). On ignore, cela ne surprend pas, que l’expression « horloge grand-père » est un pur calque de l’anglais et qu’en français c’est « une horloge de parquet ». Le placard est, somme toute, un message publicitaire mal fagoté qu’il y aurait lieu de corriger à la première occasion.

 

Impact (2025)

2025-11-14. Le mot «impact» , comme le cheval d’Attila, brise tout sous ses pas. Au départ, il désignait «le choc d’un projectile contre un corps, ou la trace, le trou qu’il laisse ou encore l’évocation d’un effet de grande violence. Aussi pourra-t-on sursauter en lisant la manchette «... des GMF tirent la sonnette d’alarme face aux impacts anticipés…» (Journal de Québec, 14 novembre). M.É. de Villers remarque que la tournure est passé dans l’usage. Mais Don Quichotte n’abandonne pas illico et il trouve encore des partisans. C’est le cas de Jean Girodet. Il note sagement : «Le sens figuré est parfois employé de manière abusive dans la langue à la mode. Pour varier, on emploiera plutôt ‘effet, répercussion, retentissement : L’effet (et non ‘l’impact’ ) du discours du Premier ministre…’» (Dictionnaire des pièges et difficultés de la langue française; 2001). Bref, le choix est toujours possible.

Détourage (2025)

2025-11-15. Les lecteurs du Devoir ont pu lire la note « Détourage sur la une : Jean Drapeau lors de … en 1954 » (13 nov. 2025, p. B1) . « Détourage »! Le mot ne fait pas partie du langage courant ou familier. Tous en conviendront. Le Multi l'ignore. Le Petit Robert lui accorde un court regard et quelques mots. On le présente ainsi : « Délimitation du contour du sujet sur un cliché en effaçant le fond ». C’est effectivement ce que les artisans du Devoir ont fait. La photo montre Jean Drapeau signant le livre officiel de la Ville à l’occasion de son assermentation, mais sans arrière-plan. Donc épurée: sans témoins, sans plantes décoratives, sans pendule ni téléphone. Le Littré explique l’objectif du détourage : « Supprimer le fond sur une image afin de mettre en valeur le sujet pris ».

Sniper (2025)

2025-11-16. Une nouvelle de l’Agence France-Presse en provenance de Rome porte le titre «L’Italie enquête sur des ‘snipers’ … » (Le Devoir, 14 novembre, p. A4). Dans le corps de l’article, on désigne les «snipers» par l’expression «tireurs d’élite». Cela est fort positif et peut-être mal accordé. Mais le français ne possède-t-il pas d’expressions équivalentes? Le Petit Robert propose « tireur embusqué ». Le Grand Robert & Collins, de son côté, aligne «Tireur isolé» et le mot anglais lui-même. L’essayiste Alfred Gilder est plus loquace à son propos. Il écrit : «… mot inutile lancé par des microteurs pris en manque de vocabulaire. ‘Sniper’ est superflu puisque ‘embusqué’ ou ‘en escarmouche’ veulent précisément dire : se cacher pour surprendre et combattre l‘ennemi » (En vrai français dans le texte; le Cherche midi, 1999). En somme, escarmoucheur, franc-tireur, tireur furtif, embusqué, isolé et tutti quanti.

Revisiter des classiques (2025)

 2025-11-17. Voici un sous-titre quelque peu cocasse : « Sa prochaine tournée revisitera des classiques » (Le Journal de Québec, 17 novembre, p. 30). Une tournée, fut-ce une tournée de l’interprète Ludovik Bourgeois, peut-elle revisiter (!) des classiques de la chanson? Maurice Druon a descendu en flammes, à la fin du siècle dernier, le l'adjectif employé dans l’expression «Darwin revisité». Il avait alors écrit : «Il en est des mots comme des rues : on devrait devant certains planter des panneaux : ‘sens interdit’». Et il suggéra le remplacement de «revisiter» par «reconsidérer» et l’installation d’un panneau d’interdiction devant l’abusif «revisiter». La leçon pourrait servir au Journal un quart de siècle plus tard.

Scrap (2025)

2025-11-18. Une lecture active des médias est l’occasion d’enrichir le parler habituel. Il y a trois quarts de siècle, Côte du Sud, tous connaissaient le mot anglais «scrap» et l’utilisaient sans complexe. Le mot faisait partie du vocabulaire des gens du pays et la «cour à scrap» était une destination occasionnelle des jeunes. L’expression refait surface grâce à une manchette : « Des ‘cours à scrap’ […] dans la forêt » (Le Droit, 18 nov. 2025, 10 h 52). Curiosité obligeant, allongeant le bras, Dictionnaire québécois-français (L. Meney) en main, page «scrap» sous les yeux : «… cour à scrap …. [endroit où le ferrailleur (épaviste ou casseur) conserve les voitures irréparables] : … casse d’automobiles, casse (… fam., cour.); cimetière de voitures… chantier de ferraille… [calque de l’angl. ‘scrap yard’» . Cependant, la « cour à scrap » du Droit aurait pu être une déchetterie ou un dépotoir.

Temps double ? (2025)

2025-11-19. Peut-on écrire « Les heures supplémentaires payées à temps double »? comme le fait la journaliste H. Archambault (Le Journal de Québec, 18 novembre, p. 5 ). Il semble bien que non. On observe ceci dans une publication de l’Office québécois de la langue française : « L’expression ‘temps double’ est un calque morphologique de l’anglais ‘double time’, qui renvoie à une période ou à une durée, plutôt qu’à un salaire » (M. Lapointe-Giguère, Vocabulaire des relations professionnelles; 2009). Et on propose des solutions de rechange qu’on peut présenter ainsi : «… payées à un taux majoré de 100 % , … à un taux double, ou encore, … à un taux de 200 %. Cela peut sembler aller de soi mais l’usage courant – même critiquable et critiqué - n’est pas toujours relevé d’instinct et sur le coup.

Fake news (2025)

2025-11-20. L’AFP (Agence France-Presse) n’a pas encore convaincu ses journalistes de faire appel à des équivalents français de l’expression toute américaine de «fake news». On lit dans un article récent : « … le président américain a attaqué Mary Bruce d’ABC News / ‘Vous êtes une personne horrible’, a asséné Donald Trump, qualifiant sa chaîne de ‘fake news’» (Le J. de Qc, 20 nov., p. 11). Un réseau deviendrait «fake news»! C’est-à-dire un réseau qui colporterait intentionnellement des contrevérités, des informations trompeuses, des bobards. Les auteurs ou auteures du reportage, basés à Washington, n’ont pas tenté de traduire l’expression « chaîne de fake news » par « chaîne fallacieuse » ou par «chaîne de fallaces ». Encore faudrait-il que le mot soit utilisé et, par la suite, inséré dans les dictionnaires courants.

Tournures: Dans le cadre de... (2025)

2025-11-21. L’expression «dans le cadre de…» signifie normalement «en vertu de…» et «dans les limites de…» selon le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française de la maison Larousse. Ne va-t-on pas trop loin quand on écrit «... un jeune de 12 ans a été poignardé dans le cadre d'un conflit...» (Le J. de Qc, 20 novembre. p. 21)? Si on réfléchit un tant soit peu à l’expression, on s’entendra sans doute sur le fait qu’elle indique que des coups de poignard ont été portés à la victime. Préciser «dans le cadre d’un conflit » revient à dire que le tout était organisé, encadré, prévu, planifié. Ce qui est possible mais fort aléatoire. L’hypothèse la plus réaliste, la plus vraisemblable, serait qu’on a poignardé inopinément le jeune garçon, sans planification, «lors du conflit» ou «à la suite du conflit». Toutefois, l’expression «dans le cadre de…» est dans l’air du temps.

 

Des recettes décadentes ! (2025)

2025-11-22. Les doubles contre-vérifications s’imposent souvent même si, à vue de nez, on jurerait que cela est inutile et que l’expression employée est tout à fait acceptable. Ce fut ma première réaction à la lecture d’une manchette du Journal de Québec présentée d’abord à la Une du numéro et sur la page couverture du cahier Magazine Salut Bonjour (22-23 novembre) : « Recettes décadentes à partager » Décadentes! L’adjectif semble se répandre ici sous l’influence de l’anglais. On lit dans Usito : «… Adj. Q/C fam. (de l’anglais decadent) Alléchant et très riche en calories, en parlant d’un mets ». On lui donne même comme synonyme : «cochon»! Le dictionnaire fait part des critiques à l’égard de l’adjectif «décadent» et propose les équivalents «délicieux, gourmand, savoureux».

Émettre un communiqué (2025)

2025-11-23. Certains habitués du Journal de Québec ont peut-être sursauté à la lecture de la phrase : «… un communiqué de presse émis […] par la Municipalité» (22-23 novembre 2025, p. 😎. C’est-à-dire par la Ville de Québec. À propos du verbe «émettre», on peut relever le billet de Paul Roux : «L’usage de ce verbe est largement contaminé chez nous par l‘anglais ‘to deliver’. Dans notre langue, ‘émettre’ a le sens de ‘mettre en circulation’ (une pièce de monnaie, un chèque), d’’exprimer’ (un jugement, un avis) ou de ‘projeter par rayonnement’ (des rayons... ). Mais le français emploie plusieurs verbes là où l’anglais s’en tient à ‘to deliver’. Ainsi, on n’émet pas un passeport ou un permis, on le ‘délivre’; on n’émet pas un communiqué, on le ‘publie’, on le ‘diffuse’, on le ‘transmet’ … » (Lexique des difficultés du français dans les médias; 2004). On ne peut être plus précis : on n’émet pas un communiqué. On le publie, on le diffuse ou on le transmet.

 

Sniper ? (2025)

2025-11-24. Il va presque de soi qu’un tireur embusqué ne fasse pas le poids devant le mot anglais «sniper». On acceptera cependant que le mot puisse avoir la priorité aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie… Mais en France ou ici au Québec ne pourrait-on pas jeter un coup d’œil aux dictionnaires de traduction? La question devrait être posée au chroniqueur Jean-François Nadeau qui reprend le mot employé par une correspondante du Times (Londres) à l’occasion d’un reportage sur de possibles safaris humains sollicités à Sarajevo durant la dernière décennie du XXe siècle (Le Devoir, «Le commerce des massacres», 24 nov., p. A3). Pour nommer le phénomène, le journaliste ne trouve que le mot anglais pour les lecteurs du Devoir. Il ignore franc-tireur, fou-tireur, tireur isolé, embusqué, furtif et même tireur d’élite (!). Bref, le français a encore les mots pour dire la chose!

Décès ou mort? (2025)

2025-11-25. On peut considérer que «mort et décès» ou «mourir et décéder» sont synonymes. Voici deux extraits qui illustrent l’affirmation, l’un partie du titre d’un reportage et l’autre de ses premières lignes. «Un militaire décédé en moto…» et «Un militaire […] mort dans un accident…» (Québecormedia.com; Vos informations à la source, 25 novembre, 17 h 47). Jean Darbelnet (1904-1990) juge que «décéder» n’est pas interchangeable avec «mourir». Il écrit à son sujet : «… ne se dit pas d’une mort violente ou accidentelle » (Dictionnaire des particularités…). En principe, on décède chez soi, devant le téléviseur. En principe toujours, on ne décède pas dans un carambolage autoroutier : on y meurt. Les artisans du média ont sans doute voulu éviter une répétition ou employer un euphémisme (‘decedere’, sortir, s’en aller, se retirer)!

Unité (2025)

2025-11-26. TruckPro, une entreprise très québécoise, achète une demi-page de publicité dans le Journal de Québec. L’accroche en est la suivante : « On s’agrandit! […] Une seule adresse […] 20 unités à la fois » (Le Journal…, 26 novembre, p. 14). Une illustration montre la façade du bâtiment d’un étage et d’une douzaine de panneaux d’ouverture coulissants. La question qui se pose est la suivante : Que signifie «20 unités à la fois »? On conviendra que le mot «unité» est source de multiples dérapages. On peut lire sous la vieille plume de Gérard Dagenais qu’employer le dit mot « pour désigner un objet concret, c’est s’exprimer en anglais» (Le Devoir, 21 septembre 1959). Alors comment pourrait-on désigner le nombre de places disponibles pour les voitures dans le garage? Dira-t-on « vingt véhicules à la fois »? Ou : «Place pour vingt véhicules »?

Fling-flang (2025)

2025-11-27. Le sur-titre «’Fling-flang’ au PLQ» précède la manchette «L’Upac rencontre Marwah Rizqy» à la Une du Journal de Québec (27 novembre 2025). Le substantif «fling-flang» est absent des dictionnaires d’usage : Petit Larousse, Petit Robert ou Nouveau Littré à portée de main. Cependant, on le trouve dans le Bélisle (Dictionnaire nord-américain de la langue française; 1979) et dans le supplément 1981 du Dictionnaire de la langue québécoise de Léandre Bergeron. La graphie du mot épinglé dans ces deux usuels, le Bélisle et le Bergeron, correspond davantage à la prononciation courante : «fligne-flagne». Et surprise! le Dictionnaire des francophones (en ligne) note l’expression québécoise, sa graphie élaborée et sa signification : «Magouille, mauvaises méthodes, procédé malhonnête (www.dictionnairedesfrancophones.org). C’est une reconnaissance internationale!

Meilleur avant (2025)

2025-11-29. Un cahier commandité du Devoir offre la manchette : «’Meilleur avant’ ne veut pas dire pas bon après » (29 novembre). La mise en garde est tout à fait justifiée. L’indication classique n’annonce pas qu’un produit sera meilleur si on le mange ou le boit avant tel ou tel jour. Mais on indique aux consommateurs une date idéale de consommation. Aussi convient-il de souligner la clarté supérieure des expressions synonymiques françaises : date de péremption, … de consommation, … d’utilisation. Le calque « meilleur avant » de l’expression «Best before» est mélioratif d’une manière exagérée. La manchette pourrait prendre une autre forme. Peut-être « Date de péremption ne veut pas dire 'aux ordures'!»

Impact (2025)

2025-11-30. Richard Martineau ne se méfie pas du mot «impact». Il l’utilise cinq fois dans une chronique du Journal de Québec des 29-30 novembre (p. 6) : «les impacts de cette décision; aux impacts que…. ; sans tenir compte des impacts…; penser aux impacts; chaque décision… a un impact» . On le reproduit aussi dans un médaillon. L’Académie française présente un court billet sur le mot : « Le substantif ‘impact’, désignant le choc d’un projectile contre un corps, ou la trace, le trou qu’il laisse, ne peut s’employer figurément que pour évoquer un effet d’une grande violence. On ne saurait en faire un simple équivalent de ‘conséquence, résultat ou influence’» (Dire, ne pas dire; 2025). Il semble donc que le chroniqueur devrait jeter un second regard à «impact»!

Halloween (2025)

2025-11-02. C’était l’ Halloween hier. La graphie du mot fait l’unanimité. Mais on rencontre à l’occasion une variation : Hallowe’en. C’est...