2025-06-01. Monsieur Claude Villeneuve, chef de l’opposition au conseil municipal de Québec, utilise une expression anglaise quand il s’agit de dénoncer une supposée entourloupette du candidat Sam Hamad à la Mairie. Il aurait affirmé : « Sam Hamad les a empotés […] Ça lui ressemble, c’est un one-man show » (Le Journal de Québec, 31 mai-1er juin, p. 23). Ce disant, le chef de l’opposition utilise l’expression anglaise de préférence à la tournure française « spectacle solo ». Pourquoi? Est-ce qu’il ignore cette dernière ? On peut supposer qu’il la connait. Mais elle lui semblerait peut-être trop neutre ou même méliorative. Dans le contexte, «one-man show » prend une teinte négative : on chercherait les feux de la rampe et même le monopole de la scène! Mutatis mutandis, les mots « snowbirds » et « taxpayers » prendraient aussi parfois une teinte péjorative.
jeudi 3 juillet 2025
Collège (!) des médecins du Québec (2025)
2025.06.02. En mars dernier, l’Expression juste, trimestriel de l’Asulf (www.asulf.org), faisait part de l’intention du Collège (sic) des médecins du Québec de corriger et de modifier son appellation impropre. Voilà que le Journal de Québec publie une page publicitaire de la Fédération des médecins omnipraticiens (2 juin 2025, p. 9). Le faux collège devient donc une fédération. Le docteur Serge Quérin écrit à propos de l’anglicisme «collège» pris au sens de regroupement ou d’ordre professionnel : «En français, l’association à laquelle sont légalement tenus d’appartenir les médecins s’appelle un ‘ordre professionnel’ et non un ‘collège’» (Dictionnaire des difficultés du français médical; 2006). Et à propos de l’ambigu syntagme «médecin de famille» utilisé souvent en parallèle : «calque de l’anglais ‘family physician’ […] les médecins soignant rarement des familles entières, mais plutôt des individus…». Bref, longue vie à la Fédération!
Livrer la marchandise (2025)
2025.06.03. Les journaux de Québecormédia présentent des chroniques sur la langue. Actuellement, elles sont signées Rose-Hélène Côté. Il y a quelques années, elles le furent par Jacques Lafontaine. On pourrait s’attendre à ce que les journalistes tiennent compte des observations de leur ex-collègue, par exemple celles consacrées au mot «livrer». Lafontaine note que la locution «livrer la marchandise» a un sens figuré en anglais, mais qu’elle ne l’a pas en français : celui de ‘tenir ses promesses’. Il précise : « En français, on dira qu’on va respecter ses engagements, tenir ou remplir ses promesses…» (Les mots dits; 2016). C’est ce que l’on sous-entend dans la manchette : «Mark Carney : maintenant, il faudra livrer» (La Une du soir, 3 juin, 19 h 15). Chaque lecteur devrait donc corriger in petto : «Carney : maintenant, tenir ses promesses».
Le ou la Saskatchewan ? (2025)
2025.06.04. Tout naturellement, nous disons «… la Sopfeu a fourni deux avions au Manitoba» ou «le Manitoba a déclaré l’état d’urgence ». On pourrait remplacer le toponyme par Yukon et Québec et les mêmes tournures seraient correctes. Les trois toponymes sont masculins (le Québec, le Manitoba, le Yukon). Faisons un pas de côté et observons la pratique suivie à l’égard du politonyme Saskatchewan. On lit dans le Journal de Québec (4 juin, p. 11) : «… la Sopfeu a […] fourni de l’équipement […] à la Saskatchewan» , «Le Manitoba ainsi que la Saskatchewan… » et «… en Saskatchewan» . Le politonyme devrait être considéré du genre masculin, comme le Québec, le Vermont, ou le Texas, lesquels commencent et se terminent par des consonnes. Gérard Dagenais écrit : «Retenir qu’un nom de fleuve, de rivière ou de pays qui se termine par une consonne est masculin» (Dictionnaire des difficultés…; 1967). Mais qui osera défier l’usage courant et écrire ou dire : « le Saskatchewan», «… dans le nord du Saskatchewan» et «au Saskatchewan»?
Paver la voie (2025)
2025.06.05. Le Journal de Montréal (édition numérique datée du 4 juin, 18 h 18) souligne la mort de l’astronaute Marc Garneau. La journaliste Camille Payant fait part du témoignage de l’astrophysicien Robert Lamontagne : « C’est un pionnier qui a pavé la voie aux astronautes qui ont suivi ». Le témoin utilise une tournure franglaise. On l‘ignore dans Expressio.com (1600 expressions en 2025), de même que dans le Dictionnaire des expressions idiomatiques françaises (Mahtab Ashraf; 1995) et dans le Petit guide du parler québécois (Mario Bélanger; 2011). Mais on la trouve dans un usuel dont le titre est explicite : Dictionnaire des expressions et tournures calquées… de Michel Parmentier (PUL, 2006). On y apprend que la tournure est inspirée de l’anglais «to pave the way» et que le français possède déjà «ouvrir la voie, préparer le terrain»… , expressions qu’on néglige très souvent.
Perdurer (2025)
2025.06.07. Quand un journaliste de Radio-Canada ne peut faire la distinction entre les verbes «durer» et «perdurer», on peut dire que cela est impardonnable. Les employés du réseau sont des professionnels de la langue. Aux Nouvelles de 8 h le 7 juin, on a parlé de l'atmosphère enfumée en provenance de l'ouest. Elle «va perdurer jusqu'à demain », a-t-on entendu (Éric Plouffe, 8 h 2, 6 juin). Normalement, «perdurer» veut dire durer longtemps, se perpétuer et on ne lui impose pas de bornes. S'il y a une limite, il y aurait lieu de dire: «va durer jusqu'à demain». Mais, il est vrai que «perdurer» a du panache. Un présentateur français écrit à son propos: «L'avantage de 'perdurer' vient peut-être de sa syllabe en plus. Elle le rend plus seyant, sans doute, à ceux qui confondent la lourdeur des mots avec le poids de la pensée». (Julien Lepers, Les fautes de français? Plus jamais; 2011).
Franglais québécois (2025)
2025.06.07. Les lecteurs du Soleil doivent apprécier la multiplication des anglicismes et des mots «joual» du quotidien. La chronique de madame Mylène Moisan (« Lettre aux ados que j'ai failli tuer»; 7 juin) en aligne une ribambelle : «Ma lumière était rouge» (le feu était …), «J’ai crissé les brakes» (J’ai freiné d’urgence), «vous auriez réalisé ce qui se passait» (vous auriez noté…), «des accidents qui passent proche» (des presque accidents), en skate» (en rouli-roulant), «pas faire son stop» (ne pas faire son arrêt), «au cas où un char arriverait» (au cas où une auto arrivait). La palette est impressionnante pour ne pas dire exemplaire! Et suit le conseil «Soutenez l’information locale». Tous aimeraient sans doute le faire mais l’inutile laisser-aller langagier, si local soit-il, n’incitera pas les lecteurs à pousser à la roue.
Dès (2025)
2025.06.08. Y a-t-il une distinction à faire entre «dès» et «à partir de…»? On peut se poser la question en comparant une manchette du Soleil et la phrase du journaliste qui l’aurait inspirée. Ian Bussières écrit : «Le plateau se transportera à Québec à partir du lundi 9 juin …» (Le Soleil, 3 juin). La manchette offerte aux lecteurs est légèrement différente : «Un autre tournage débute à Québec dès lundi ». La locution «à partir de» est neutre, comme l’aurait été «à compter de». Mais la préposition «dès» indique en principe une certaine précocité. Un magasin pourrait annoncer : «Demain, ouverture dès 8 h 30» alors que, habituellement, on annonçait «Ouverture à 9 h». Si le nouvel horaire devait s’imposer, la tournure « Ouverture à 8 h 30 » ira de soi. Bref, la manchette «… dès lundi» peut signifier «plus tôt que prévu».
Chez (2025)
2025.06.09. On devrait toujours se rappeler que la préposition «chez» remonte au latin ‘casa’ et qu’elle signifie «dans la maison de». Possiblement de ses parents, de ses amis ou de ses connaissances. La manchette « … l’arbitrage dans le conflit chez Postes Canada » (Le Journal de Québec, 9 juin, p. 20) respecte-t-elle cet aperçu? Le dictionnaire Bordas des pièges et difficultés affirme : « ‘Chez’ s’emploie avec un nom de personne : ‘Je vais chez le coiffeur. Je l’ai rencontré chez mon voisin’. Avec un nom de lieu, on emploie ‘à’: Je vais à la poste’ ». Le Français au bureau va â peu près dans le même sens: «Si le nom d’entreprise est formé d’éléments autres que des noms de personnes, la préposition ‘à’ est préférable. Elles travaillent à Hydro-Québec et à Air Canada» (7e éd., 2014, p. 38). Des avis semblables sont courants, pas toujours suivis cependant.
Destination Québec cité (2025)
2025.06.10. La Une du Journal de Québec annonce «Dépenses douteuses à Destination Québec cité» (10 juin). Il est possible qu’il y ait des dépenses douteuses, mais chose certaine, l’appellation «Destination Québec cité» (DQC) elle-même est discutable. Elle est avant tout un calque de «Québec City». En français de bonne tenue, la tournure complète et correcte serait Destination ville de Québec ou, en abrégé, «Destination Québec». Comme on pourrait dire Destination Paris ou Destination Bruxelles. On excipera sans doute du fait que le toponyme s’applique à la fois au pays québécois (le Québec) et à sa capitale (Québec) pour justifier le générique calqué sur l’anglais, «cité», ou l’équivalent français «ville». Au demeurant, «cité» serait justifié si l’organisme limitait son champ de compétence à la ville historique, celle du XIXe siècle par exemple. En somme, Destination Québec, tout court, serait fort à propos.
Étudiants «internationaux» (2025)
2025.06.11. À la Une du Devoir, on trouve la manchette «La chute marquée du nombre d’étudiants étrangers … » (11 juin). Le chapeau qui suit corrige l’expression osée (!) On y écrit : «Les demandes d’admission d’étudiants internationaux…». Dans l’ensemble de l’article, l’expression «étudiants internationaux» est deux fois plus utilisée que «…étrangers». L’honneur est sauf! Mais le français est maltraité. Le traducteur André Racicot (Au cœur du français) commente : « Un Chinois qui vient étudier à Montréal […] n’est pas international. […] Quand vous décidez d’aller visiter la Turquie, le Japon, est-ce que du coup vous devenez international? […] En fait, le terme qui convient est ‘étranger’. Nos universités accueillent des ‘étudiants étrangers’. L’expression ‘étudiants internationaux’ est une contamination de l’anglais …». En somme, le Devoir devrait oser l’expression idiomatique la plus juste.
Bagel, hummus (2025)
2025.06.12. Les Québécois consomment du «hummus» et des «bagels». Des entreprises québécoises présentent ces aliments sous leur graphie anglaise ou américaine. On ne se rend pas toujours compte que le Multi dictionnaire ignore le mot «hummus» et que l’article sur le sujet s’intitule «Houmos ou hommos ou hoummos». On y trouve cependant un article «Bagel ou baguel» et un renvoi du mot «baguel» à «bagel». Pour sa part, l’auteure du Grand vadémécum de l’orthographe moderne, Chantal Contant, écrit : «baguel, n.m. (au lieu de bagel)… L’Office québécois de la langue française recommande ‘gu’, plus conforme à la prononciation». Deux suggestions s’imposent : le Multi dictionnaire devrait prévoir, au mot «Hummus», un «voir» indiquant «Houmos…», c’est-à-dire aux mots recommandés, et placer l’article «bagel ou baguel» sous «baguel» et faire un renvoi de «bagel» vers «baguel». Cela respecterait mieux l’esprit du dictionnaire correctif.
Foxer l'école ? (2025)
2025.06.14. Il faut savoir gré à Josée Blanchette, chroniqueuse du Devoir, de rappeler aux lecteurs des anglicismes oubliés au cours des ans. Voici deux extraits de son texte : 1) «Foxer n’est jamais au programme […] C’est vendredi après-midi […] on foxe»[…] 2. «On a bien foxé, non? » (Le Devoir, 13 juin, p. B-8). Le verbe est épinglé par Étienne Blanchard à compter de 1914. On lit dans Bon langage : «Foxer . ‘Tu as tort de foxer’. Tu as tort de renarder, de faire l’école buissonnière ». Gérard Dagenais l’ignore en 1967 (Dictionnaire des difficultés…), comme le fera le Multi dictionnaire par la suite. Mais Léandre Bergeron (Dictionnaire de la langue québécoise; 1980) lui consacre quelques lignes à l’égal des auteurs du Colpron (1994) et du Grand glossaire des anglicismes (2008). On lit dans ce dernier usuel : «Foxer l’école / Origine… To fuck school / Termes français Manquer l’école, manquer la classe, manquer un cours…». Faudrait-il faire comme la chroniqueuse et ignorer les équivalents entr’aperçus et suggérés?
On call le bluff (2025)
2025.06.15. Une ou un élu, à quelque titre que ce soit, ne parle pas en son nom personnel en présence des médias, comme ce serait le cas avec un ami au coin de la rue ou à la taverne. Il représente l’État ou une partie de celui-ci. En principe, il devrait utiliser une langue correcte, éviter les impropriétés et les anglicismes inutiles. Monsieur Grandmont, député de Taschereau à l’Assemblée, accuse le gouvernement de bluffer la population. Il aurait dit «on call le bluff» (//monquartier.quebec/2025.../). À titre de député, peut-être un jour ministre de la Culture ou même de la Langue, le député devrait employer un langage soigné. «On call le bluff», c’est à-dire? On veut intimider! On veut faire les gros bras! On veut tromper! On bluffe!
Morning man (20250
2025.06.16. Les citoyens remarqueurs, comme ceux de l’Asulf (www.asulf.org), sont souvent des profanes comparés aux spécialistes de la langue. L’un de ceux-ci est Guy Bertrand, ancien conseiller linguistique à Radio-Canada. Afin de souligner la publication récente de son recueil de chroniques (Le français au micro; 434 p.), voici l’une d’elles, celle portant «Morning man» : «L’anglicisme […] est à éviter, même s’il est fréquemment employé dans le jargon de la radio. L’animateur d’une émission matinale s’appelle ‘animateur matinal’ ou ‘animateur du matin’. Les néologismes ‘matinier’ et ‘matinalier’ sont également corrects, mais peu courants dans l’usage d’ici. Au féminin, bien sûr, on remplacera ‘morning woman’ par ‘animatrice matinale (animatrice du matin, matinière ou matinalière)’. On pouvait également dire : ‘J’anime une émission matinale’ depuis quelques années déjà ». Le volume contient près de 950 chroniques semblables sur autant de sujets. Il constitue un apport important et des plus utiles en matière de « qualité de la langue ».
«Voler le show» ? (2025)
2025.06.17. Les lecteurs du Journal de Québec, même les passionnés de hockey, auraient-ils compris la manchette «Marchand ravit la vedette»? ou «Marchand est la vedette»? La réponse est sans doute «oui». Pourtant, le journaliste Jonathan Bernier écrit plutôt : «Brad Marchand vole la vedette depuis le début…» (J. de Qc, 16 juin, p. 51). Nos professionnels de la langue ignorent que la tournure québécoise «voler le show» ou «voler la vedette» est un calque de l’anglais «to steal the show». De fait, le Grand Robert & Collins rend la tournure anglaise par « ravir la vedette ». On chercherait inutilement le calque dans les dictionnaires ou répertoires français de tournures. Il ne faudrait pas en conclure que le français n’a pas d’équivalents. Mais les Québécois négligent souvent les tournures françaises et calquent les «anglaises» en les traduisant d’instinct mot à mot.
Les vidanges ? (2025)
2025.06.18. On peut, par fierté laurentienne, employer des québécismes jugés fautifs en français standard. C’est peut-être le cas lorsqu’on emploie le mot «vidanges». On le hisse dans une manchette du Soleil : «Pôpa gère très mal ses vidanges» et on le répète à quelques reprises dans l’article signé par Yvon Laprade (18 juin 2025), en parallèle à l'occasion avec «déchets» ou «ordures». Il est présent dans les répertoires d’usage à titre de canadianisme. Par exemple, dans le Dictionnaire québécois d’aujourd’hui (1992). Il est épinglé cependant, au sens propre du terme, dans des usuels correctifs, ceux de Gérard Dagenais (1967), de Gaston Dulong (1968) ou de Marie-Éva de Villers (2021). Madame Villers écrit : « Vidanges : Impropriété au sens de déchets, ordures » et elle le juge « forme fautive ». La difficulté de gérer les ordures ou les déchets ne serait-elle pas le reflet de la confusion des mots?
Séquestrés? les jurés (2025)
2025.06.20. Le journaliste Pierre-Paul
Biron considère que les citoyens choisis comme jurés à l’occasion d’un procès
sont «séquestrés». Il a écrit une telle chose dans le Journal de Québec
le 11 novembre 2022 (p. 6). Il reprend la même expression au cours des
dernières heures : «Restera maintenant au juge […] à donner ses directives […],
après quoi les citoyens seront séquestrés…» (ibidem, 19 juin 2025, p. .
Rien de mieux, pour l’occasion, que de reproduire un billet de son collègue
correcteur Jacques Lafontaine : «Un jury ne peut pas être ‘séquestré’, même
lorsque ses membres doivent être mis à l’écart de toute influence extérieure.
Le participe passé ‘séquestré’ signifie ‘emprisonné illégalement’. [...] le
membre d’un jury - le juré – n’est quand même pas pris en otage! Il peut être
isolé, confiné dans un lieu, mais pas emprisonné » (Les mots dits; les Éditions
du Journal, 2016, p. 132). On ne peut être plus limpide.
Donné à... ? (2025)
2025.06.20. Shannon et Saint-Augustin-de-Desmaures publient des avis publics dans le Journal de Québec (20 juin, p. 20). Les deux signatures officielles sont précédées de formules différentes. Celle de Shannon est «Donné à …» et celle de Saint-Augustin, «Fait à … » . Un guide classique, signé Jean Darbelnet et publié il y a presque 40 ans, observe à propos de «fait à…» : «C’est la formule consacrée au bas d’un document que l’on signe […] «ni ‘signé’, ni ‘donné’ ne conviennent dans ce contexte ». Ces expressions seraient des calques de «Given under my hand». L’Asulf (www.asulf.org) encourage depuis une décennie la mise au rancard de la tournure calquée et l’adoption de la française. Ses démarches sont, dans l’ensemble, couronnées de succès. Il est à espérer que Shannon adoptera un jour prochain la façon correcte de faire.
Meilleur vendeiur ? (2025)
2025.06.21. À la limite, on pourrait qualifier Jean-François Lisée de «meilleur vendeur» de son récent volume (Jean-François Lisée raconte Lévesque/ Trudeau, leur jeunesse, notre histoire). La demi page publicitaire parue dans le Devoir (21 22 juin, p. A6) le présente ainsi : « Meilleur vendeur ». JFL serait devenu un commerçant et possiblement un libraire! Il doit y avoir maldonne. On a sans doute voulu éviter l’anglicisme «best-seller», expression qui sert à désigner les livres qui caracolent au sommet des ventes du marché du livre et des libraires. Mais il ne faut pas faire du livre un vendeur ni, a fortiori, le meilleur vendeur qui soit. Des solutions de rechange existent pourtant que les publicitaires de la Boîte à Lisée auraient pu mettre en vedette : «succès de librairie», «livre à succès», «livre-événement», ou encore, «meilleure vente».
Usage et bon usage (20250
2025.06.22. « Il n’y a pas d’erreurs en français oral » selon madame Emmanuelle Beaulieu-Hanfield («Parler mal, ça n’existe pas», Le Devoir, 21-22 juin, p. B3). Il n’y aurait que des usages qui s’écartent plus ou moins de ce qu’on appelle la norme. Il semble bien qu’on était plus direct par le passé. Voici les titres de recueils correctifs publiés au cours des ans : 1966, Des mots et des phrases pour mieux parler / G. Dagenais; 1968, Dictionnaire correctif du français… / G. Dulong; 1971, 200 fautes de langage à corriger / R. Dubuc; 1999, 400 capsules linguistiques / G. Bertrand; 2001, 1300 pièges du français parlé et écrit / C. Chouinard; 2006, 400 capsules linguistiques II / G. Bertrand; 2025, Le français au micro; chroniques de langue / G. Bertrand. En somme, on passe de «pour mieux parler» à «chroniques». Les spécialistes sont plus neutres ou meilleurs observateurs. Il n’y a plus d’erreurs, mais des variations.
Téléphone «intelligent»? (2025)
2025.06.23. La présente chronique épingle des mots ou des expressions critiquées, entendues sur les ondes ou lues dans la presse. Profitons de la parution d’un court article d’un Montréalais portant sur l’expression «téléphone intelligent» et de sa solution de rechange «ordiphone» (Défense de la langue française, 2e trimestre 2025, p. 26-27). L’auteur du billet, André Cloutier, un ancien de la Presse, observe que l’expression est une mauvaise traduction de «smart phone». Il écrit : «si nous disons en anglais ‘he is a smart guy’ nous pourrions traduire cette phrase par : ‘C’est un homme astucieux, débrouillard, habile, rusé, etc.’ mais pas nécessairement intelligent ». Il note toutefois que l’Office québécois de la langue… privilégie la traduction «smart phone = téléphone intelligent» tout en acceptant «ordiphone». Il est vrai que l’Office devrait plutôt privilégier le mot «ordiphone» et conserver l’expression à titre de définition ou de description.
Seuils de ralentissement ! (2025)
2025.06.24. Québec va installer «76 seuils de ralentissement » de plus que l’an dernier (Le Journal de Québec, 21-22 juin, p. 23). On peut concéder que voilà une façon recherchée de signaler une réalisation. On répète l’expression à cinq reprises dans l’article sans parvenir à lui adjoindre un équivalent. À vue de nez, on trouverait étrange de parler de «seuil de freinage» ou de «seuil d’accélération ou encore de «frontière de freinage». Il existe pourtant deux mots tout simples en français : « coupe-vitesse» et «ralentisseur ». Le Petit Robert définit ce dernier mot : « Petit dos d’âne aménagé en travers de la route pour obliger les véhicules à ralentir » et on y présente l’exemple « Ralentisseurs placés aux abords d’une école ». En Afrique, on parle de «gendarme couché».
Tournures: «dû pour ... » (2025)
2025.06.25. Les chroniqueuses et les chroniqueurs du Journal de Québec et du Journal de Montréal devraient tenir compte des observations et des mises en garde du Multi dictionnaire et de la Banque de dépannage linguistique. Il est inacceptable que les lecteurs soient soumis trois fois au calque de l’anglais «dû pour» dans un billet de madame É. Lessard-Therrien : «… dû pour un beau grand ‘non’», «… dû pour se choquer» et «… dû pour mettre la hache dans…» (J. de Qc, 25 juin, p. 23) . Sans doute aurait-elle pu proposer : «le Québec mérite un beau grand ‘non’», «c’est le temps de se fâcher» et «il est temps de mettre la hache dans…». On a déjà écrit que les journalistes sont les professeurs du grand nombre. À ce titre, ils ne devraient pas donner à lire des textes parsemés d’expressions calquées et critiquées.
Secrétaire «corporative» ? (2025)
2025.06.27. L’adjectif «corporatif» appliqué à une fonction constitue un anglicisme sémantique. Tel est le cas d’un avis public de la Communauté métropolitaine de Québec (Le J. de Qc, 27 juin, p. 14). La signature de l’avis est « … la secrétaire corporative…». La Communauté… n’est pas une corporation, c’est-à-dire à un regroupement de personnes d’une même profession, mais plutôt de villes. On a donné, il y a près de dix ans, l’exemple suivant de l’expression « nom corporatif » : « Calque inaccepté, même si ancien, généralisé, même bien implanté et partiellement légitimé » pris au sens de « nom corporatif » et traduction littérale de l’anglais » (Politique de l’emprunt…, 2017) . Comment peut-on alors désigner la fonction de secrétaire «corporative»? Tout simplement : secrétaire générale. Il y aurait lieu que les dictionnaires correctifs et même d’usage mettent les locuteurs en garde.
installation ? de haies (2025)
2025.06.28. La Cédrière Bernier publie une annonce : « Haie de cèdre / Vente et installation » (Le Journal de Québec, 28-29 juin, p. 11). Peut-on « installer » une haie? On pourrait « installer » un système de chauffage, un système de sécurité, l’électricité, un climatiseur, une serrure, un nouveau loquet, de nouvelles fenêtres, un poteau et une corde à linge, un projecteur supplémentaire… Mais pourrait-on installer des érables ou des bouleaux devant chez-soi? Ou encore une haie? Les dictionnaires analogiques sont silencieux à cet égard. On n’y trouve pas d’exemples de jumelage tel que « installation de haies » ou « installation de bosquets ». On annoncerait plutôt « plantation de haies ». Reste que la cédrière pourrait toujours offrir des arbrisseaux, non pas à installer, mais à mettre en terre ou, un jour, à planter.
Le ou la Saskatchewan ? (2025)
2025.06.29. Tout le monde tiquerait à la lecture de manchettes telles «Vive la Québec libre!», «Vive la Labrador libre! », « … la Brésil libre! », «… la Kansas libre»… Et on aurait tout à fait raison de réagir de la sorte. Les toponymes dont la première et la dernière lettre sont des consonnes sont du genre masculin. De là, les pratiques généralisées : le Liban, le Brésil, le Labrador, etc. Mais il existe une exception (!) : «la Saskatchewan». La Presse du 29 juin (Aujourd’hui l’info) en offre l’exemple. D’abord en manchette : « Vive la Saskatchewan libre ?» et, par la suite, la phrase : «La réélection des libéraux [...] ravive le mouvement séparatiste […]. En Saskatchewan … ». Il serait plus correct d’écrire : «Vive le Saskatchewan… » et «… Au Saskatchewan…». Mais qui osera mettre en cause la pratique traditionnelle entérinée par l’usage?
Liberté académique ? (2025)
2025.06.30. De nombreux spécialistes de la langue critiquent l’expression « liberté académique ». Marie-Éva de Villers écrit à son propos : « Calque de ‘academic freedom’ pour ‘liberté de l’enseignement... » (Le Multi dictionnaire). Jean Forest y va d’une courte énumération de la forme fautive à la correcte : «Académique, liberté / Academic freedom / liberté d’expression (de l’enseignant)» dans son répertoire Grand glossaire des anglicismes du Québec. Un petit recueil publié par les Éditions du Journal – entendu : … de Montréal – contient un commentaire sur l’expression voisine « année académique », anglicisme sémantique à combattre (Les mots dits; 2016). Malgré cela, on relève « liberté académique » à trois reprises dans le Journal de Québec (30 juin, p. 6) sous la plume de Richard Martineau. En français, on devrait dire ou écrire « liberté d’enseignement ».
One-man show (2025)
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